l’OM champion de France, on s’en fout

La dernière mouture du quotidien LeMonde, lancée le 29 mars de cette année, a supprimé les pages sports. Un choix judicieux ! Selon la directrice de la rédaction, Sylvie Kauffmann, « Pourquoi rendre compte, avec 24 h ou 48 h de retard, d’une rencontre sportive déjà largement vue et commentée ». C’est pourquoi nous n’avons plus à supporter les résultats indigestes de résultats sportifs sans intérêts. Par contre LeMonde du 7 mai fait une analyse des dessous de l’OM, redevenu champion de France. On peut déduire de l’excellent article de Mustapha Kessous que le foot à Marseille est à la fois une religion, une addiction, un fait culturel global : « Dès la naissance, les enfants sont trempés dedans, l’OM se transmet familialement. » Cette messe footbalistique est entretenue par les politiques. Le maire s’exclame : « la ville est apaisée quand le club est victorieux… Au-delà de l’aspect sportif, c’est un véritable facteur d’intégration. »

                L’article contre-balance les avantages par les inconvénients. Le succès de l’OM est surtout un « moyen d’oublier que Marseille est une ville parmi les plus pauvres de France. Les gens qui ont des problèmes socialement compliqués s’accrochent à ce qui peut symboliser le succès et la   revanche ». Peu importe que les dirigeants du club se suicident ou finissent en prison, peu importe que les joueurs soient surpayés ou drogués, peu importe que le résultat des matchs soit truqué, les supporters supportent à cause de leur vie tronquée.

Avec la télévision, le tourisme et la publicité, le sport est un moyen de divertir pour dominer les masses. Comment des citoyens peuvent-ils oublier que le sport a un effet politique massif de diversion, d’illusion et d’abrutissement des travailleurs et des chômeurs. C’est une manière insidieuse et terriblement efficace de redoubler l’aliénation capitaliste. Il n’est pas étonnant que l’animateur de télé Jean-Pierre Foucault soit partie prenante dans l’organigramme de l’OM. Il participe de l’aliénation, ce qu’Engels a appelé la fausse conscience : la conscience d’un monde qui fait croire de façon illusoire que le football, c’est du jeu, de la joie et de la liberté.

 

12 réflexions sur “l’OM champion de France, on s’en fout”

  1. En fait ,je crois ben que l’on passe de l’un à l’autre ,continuellement tous les jours de l’année,depuis l’aube de l’humanité,l’un va pas sans l’autre…
    Il est bien loin le temps du nomadisme,où les sociétés dominantes se comptaient sur les doigts de la main !
    Mais bon,avant de mourrir,faisons « un petit geste pour la planète »,sans la dominer bien sur,et çà c’est une autre histoire,travail long et laborieux qui n’aura peut-être jamais le temps d’être achevé,car la nature ,qui, elle, est notre première domination peut reprendre ses droits où elle le veut et quand elle le veut.

    A PLUS !

  2. Notre hote ecrit: « Du foot entre copains, oui, « . Merci ! C’est vraiment sympa de ta part. On compte sur toi pour nous avertir du moment ou l’on passe les limites du populisme reactionnaire et que l’on commence a reproduire la societe dominante…

  3. Déconnexion totale avec la réalité ?
    Pas tout à fait,pas complètement tort et pas complètement raison …
    C’est vrai il y a l’histoire de la symbolique qui est assez forte .
    Ce qui me sidère,par exemple après une coupe du monde,c’est cette ambiance de liesse qui émanent des vainqueurs et sutout des supporters,les grandes embrassades,tout le monde il est beau,tout le monde il est gentil !
    Il y a un tel rassemblement ,capables de soulever des montagnes,rien n’est plus important,on croirait que la face du monde a changée…
    Le football,attention ! c’est sacré ,on ne touche pas !
    Dans l’avenir j’ai peur qu’il ne reste que des stades de foot et plus un brun de Forêt .
    Je suis une femme et je n’ai rien contre le foot,des connaissances à moi que j’estime
    beaucoup sont des joueurs ,des supporters.
    Mais ce sport prend beaucoup de place,ce n’est pourtant pas une cause à défendre en soit,ce sport n’en a pas besoin(sauf peut-être l’encadrement thérapeutique des joueurs qui semble de plus en plus important),mais beaucoup d’autres causes urgentes sont occultées .
    Je comprends le ressentiment de l’auteur.

  4. Profesionnalisation ou pas, jeu ou sport-spectacle, il n’y a rien dans le sport qui aliène, rien qui oppresse, rien qui soumette .
    Encore moins a ses fondements!
    Le sport a aliéné et soumis lorsqu’il a été autoritairement imposé et organisé!
    Les autres considérations sont bien trop théoriques, et peu pragmatiques.

    Savez vous combien de personnes sont licencies de football en France? Une immense majorité sont amateurs. Allons plus loin, sur tous les sportifs du Monde, si tant est que l’on puisse tous les recenser, c’est une infinitésimale partie d’entre eux qui est professionnelle. C’est la réalité, le jeu surpasse de très loin le spectacle. On aura beau expliqué le phénomène de la façon dont on voudra, le jeu est une action dont la survenance est infiniment plus importante que le spectacle.

    De quoi souffre ma liberté, moi le pratiquant régulier ? Que je sois semi pro, pro, amateur, voire observateur ? Quel frein a l’émancipation et a la libre pensée m’impose-t-on, que ce soit dans le jeu (qui est la partie immergée de l’iceberg) ou dans le sport spectacle ? En quoi mon jugement est altéré par le sport ?

    Tout cela reste sans explication, car la pratique du sport reste libre, en tout cas chez nous. Les gens sont libres de se passionner. Si des illusions se forment sur le sport, ce n’est certainement pas le sport qui en est le déclencheur, mais bien le libre arbitre.
    Il faut ne jamais avoir fait de sport pour réussir a imaginer que dans un environnement ou le jugement est forme par la seule raison, le sport est un instrument d’asservissement, de soumission.Ce que je reproche a votre theorie c’est sa déconnexion totale avec la réalité.

  5. @ Lucas
    Pour Coubertin, « père des JO modernes », le sport devait rassembler des amateurs. Vaine perspective, les JO sont devenus professionnalisés, nationalistes et chauvins, vendus aux sponsors et au fric. Mais dès le début le ver était dans le fruit, Coubertin l’expliquait clairement : « Pour que 100 se livrent à la culture physique, il faut que 50 fassent du sport. Pour que 50 fassent du sport, il faut que 20 se spécialisent, il faut que 5 soient capables de performances étonnantes ». C’est là une conception dévoyée du jeu. Nous répétons encore une fois : le sport n’est pas un jeu ludique, mais une institution professionalisée fait pour divertir les masses. Le sport est un élément essentiel de la reproduction de la société dominante.

    La lutte contre le divertissement n’est donc pas marginale ou périphérique. Lutte d’émancipation et contestation du sport vont de pair.

  6. Je pense que tout sportif pourra vous répondre sur le sujet des valeurs. Et chacun aura dans son rapport au sport un intérêt et des valeurs qui lui sont propres.
    Toutefois laissez moi vous en montrez quelques unes, mettez de cote la compétition qui n’est pas la valeur structurante du sport.
    Prenez la culture de l’effort, le dépassement de soi, l’esthetique aussi ! Regardez les épreuves des JO, la gymnastique, la natation synchronisée etc …
    La competition est une des valeurs du sport, elle n’est pas centrale! Ce qui la rend centrale c’est la médiatisation et le rapport individuel au sport.

    Je vous renvoie a la citation de Coubertin, pere des JO modernes que l’on a souvent transforme en « l’essentiel c’est de participer », voici la citation, elle résume bien mon propos:

     » L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat. L’essentiel n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu »

    Qu’on ne me dise pas que « oui mais Coubertin etait Baron… » svp…

  7. @Lucas
    Vous dites que le sport est une école de valeurs. Mais de quelles valeurs ? Bien d’autres activités collectives (théatre, danse, groupes de musique, participation à des associations humanitaires) enseignent des valeurs : esprit d’équipe, respect et écoute des autres, travail, persévérance, dépassement de soi…
    Le sport porte une valeur à un point extrême : la compétition. Pour moi, au vu de ce qui se passe dans le monde, cette valeur est plutôt négative.

  8. Sauf que l’on pourrait ajouter, s’il on veut revenir aux origines, que le sport était déjà présent dans les civilisations antiques. Mais il s’est organise au moment de la RI, de la manière dont vous l’évoquez.
    Toutefois il y a une contradiction dans votre propos. Vous dites que les origines du sport sont marquées et en même temps, vous acceptez le jeu.
    Vous déplorez d’un cote l’organisation du sport par une élite et pour une élite, mais vous reconnaissez le bien fait de sa pratique pour l’Homme.
    Or A l’époque, ou il n’y avait aucun média, le sport ne revettait pas les habits du sport-spectacle et instrument que vous condamnez, mais il se limitait au jeu.

    Etant présent des l’antiquité, impulsé par les Elites au 19eme, démocratisé courant 20 eme , le sport jusqu’aux années 50 est plus une pratique qui se développe qu’un spectacle qui se répand.
    Que la Bourgeoisie l’ai mis en place ne le pervertit pas, c’est le concept de jeu dont vous avez reconnu les bienfaits, le foot entre copains, c’était essentiellement ça, jusqu’à l’arrivée en force des médias.

    Je ne vois donc pas dans l’argument de ses origines quelque chose qui permette d’affirmer que depuis toujours le sport est un instrument pour quadriller les masses.

    Au contraire, il est une école de valeurs qui doit être ouverte a tous. Et c’est le cas chez nous. Encore une fois il me semble que la véritable aliénation est portée par des vecteurs autres . Le sport est vecteur de celle ci s’il conditionne ses pratiquants, ses observateurs…rien ne permet de dire ça en Europe aujourd’hui.

  9. Merci Lucas du sérieux de tes commentaires.
    Mais les origines du sport sont marquées : en Angleterre, le berceau de l’industrialisation. Le passage du jeu au sport s’est accompli dans les grandes écoles réservées aux élites de la société bourgeoise, là où les enfants des familles de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie ont repris un certain nombre de jeux populaires pour constituer un corpus de règlements spécifiques et un corps de dirigeants spécialisés. L’athlétisme, le football, l’aviron, le tennis et la gymnastique ont été inventé par la bourgeoisie pour son propre divertissement et pour former le caractère de ses futurs chevaliers de l’industrie et de l’empire. Aujourd’hui le rôle du sport reste un instrument qui quadrille et discipliner les masses et non plus seulement les élites.

    Il faut ajouter que ce sport est devenu un spectacle où on regarde « jouer » quelques professionnels et non plus un jeu dirigé pratiqué par quelques aristocrates. Le sport a été instrumentalisé, ce n’est plus du jeu. Du foot entre copains, oui, du foot dans les médias, non.

  10. La distinction que vous faites, qui a le mérite de la clarté, me semble réductrice.
    Le sport-instrument, je me permets de rajouter un mot au premier terme de la distinction sans trahir l’idée que vous souhaitiez développer, n’est pas au fondement du sport. On peut voir, notamment dans les régimes totalitaires (et pas que le fascisme, cf l’URSS et aujourd’hui la Chine) une instrumentalisation du sport.
    On peut voir cette instrumentalisation au niveau de la France si vous voulez. Mais j’attends que vous me la montriez…
    Le sport dans notre pays, et en Europe plus généralement, bénéficie d’un degré important de liberté, tant dans sa pratique (le jeu) que dans son institutionnalisation, qui selon moi ne conditionne aucunement les masses, ne conditionne pas la jeunesse, bref la superstructure que vous supposez découler de l’infrastructure de notre époque me semble inexistante.

    Le sport-instrument est en effet une illusion, une machine qui enferme les sujets qu’elle utilise comme de la matière première, et les conditionne a la pensée unique. C’est ce qui a été mis en place par l’Allemagne fasciste mais aussi par l’Urss, et on tend a voir cette exploitation du domaine sportif en Chine aujourd’hui.
    Mais le sport chez nous, et pour en revenir a l’OM, a Marseille, n’est en rien cette superstructure aliénante, au contraire!!!
    Elle est un moyen de lutte contre le conformisme et la morosité. Pour mieux supporter la réalité me direz vous ? Soit, la réalité a toujours été dur, elle le restera. Je ne vois pas chez nous de conditionnement par le sport, ni de renonciation implicite, ni de mode de socialisation qui serait un moyen d’éduquer les masses aux rapports de production. J’y vois au contraire un champ de possibles. Et je vous fais grâce de l’argument tout fait, du « sport facteur d’intégration « , dont beaucoup de sportifs sont néanmoins la preuve incarnée (je ne parle pas des stars ici).

    Vous semblez voir dans la « starification » et l’arrivee d’argent dans le sport une nouvelle superstructure a cote de la Religion, des lois etc… Or tout cela n’est que la conséquence des nouveaux supports d’information et de transmission de l’information.
    Le culte des heros, la publicite, la tele… touchent absolument tous les domaines! Regardez Copenhague et le non-sommet qui s’y est déroulé, regardez les pubs, les articles, l’argent mis dans la médiatisation de cette non avancée écologique, pourtant nécessaire… L’écologie serait dans votre raisonnement appelé a être une superstructure.
    Les médias sont une superstructure traditionnelle, pas le sport, dont le degré de liberté, même dans son « instrumentalisation », me font dire que chez nous le sport n’asservit pas les gens sinon qu’il contribue a leur liberté.
    La vulgarisation et l’information-torchon, voila ce qui asservit réellement les masses, les cerveaux et notre Biosphere en particulier.

  11. @ Lucas pod
    Il ne faut pas confondre le sport et le jeu.
    Le sport est une structure politique d’encadrement des masses, et notamment de la jeunesse, un moyen de contrôle social que le fascisme a porté à son comble. Le sport est un phénomène de manipulation de masse utilisé par la télé, la publicité, le discours politique.Le sport est une superstructure idéologique qui a pour fonction de reproduire les rapports de production, de conformer les gens à la compétition de tous contre tous, à la servilité, l’aliénation et l’acclamation des héros. Le sport a la vertu de dissimuler sous son côté anodin, bon enfant, populiste, ses fonctions politiques réactionnaires.

    Le jeu, c’est quand il y a des ballons et des gens pour courir derrière, sans institutionnalisation ni professionnalisation. Le jeu est « un ingrédient essentiel de la santé mentale des Hommes », pas le sport.

  12. Un point de vue… qui analyse la capacité du sport a détourner les Hommes des problematiques sociales, sociologiques, politiques, economiques…de fond.
    Vous voyez dans le sport « une manière insidieuse et terriblement efficace de redoubler l’aliénation capitaliste » , parce que le sport détourne l’esprit des problèmes de fond.
    Vous instrumentalisez le sport, qui dans son essence même va porter l’attention de l’Homme sur autre chose, va le soulager physiquement et mentalement. Lorsque vous pratiquez votre activite physique, n’est ce pas pour vous defouler, pour vous liberez l’esprit, pour vous mettre en mouvement?
    Cette mise en mouvement permet de lutter contre l’aspect tragique que l’Homme pensant peut voir en toute chose !
    Le sport divertissement procede de cette meme logique.
    Tout est sujet a morosité si l’on veut l’analyser profondément. L’Homme qui nait ne connait rien du Monde, ne sait rien de la vie, sauf qu’elle va le conduire vers sa mort.
    Oui on peut voir Marseille sous l’angle de la pauvrete, de la soumission a JC Gaudin…etc etc… Mais au travers du sport c’est l’image d’une ville victorieuse, en mouvement, a laquelle nous marseillais on aime s’identifier.
    Non le sport n’est pas un instrument aux mains des Hommes Politiques, ou des animateurs tele dont vous parlez, le sport est un ingrédient essentiel de la sante mentale des Hommes.
    Vous ne changerez pas le quotidien d’un habitant des quartiers Nord en gagnant un championnat de France. Le perdre n’aurait dans cette optique que des inconvenients. Lui s’identifie au club, dont la victoire n’a certes qu’un effet symbolique, mais l’Homme se nourrit de ces symboles, les lui oter , simplement parce qu’ils ne menent pas a son bien etre materiel est contre productif.

    En identifiant le football a un createur de fausse conscience, c’est tout le sport et sa symbolique essentielle a l’Homme que vous negligez. Et la faiblesse de ce raisonnement peut etre illustree par l’argument « JP Foucault » que vous utilisez. Il ne prouve absolument rien, releve votre connaissance theorique et votre meconnaissance reelle de l’organigramme du club. C’est franchement tire par les cheveux, un peu comme votre these

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