les Grecs n’iront pas à Botco

Les Grecs se serrent la ceinture, ils vont économiser sur leur consommation de bière et de cigarettes. Il y en a même un qui envisage de limiter ses sorties cinéma, un autre qui prévoit de ne plus partir en vacances à l’étranger. Ils sont comme des enfants qui se retrouvent privés de jouet. Ces informations absolument essentielles, si ce n’est existentielles, nous sont données par la journaliste Catherine Simon du Monde (6 mai 2010). Mais dans le même numéro, le quotidien nous vante les délices d’un voyage à Botco, archipel du Vanuatu : quelques heures de vol d’Athènes à Paris, puis 22 heures de vol de Paris à Sidney, puis 3 heures de vol de Sidney à Port-Vila ; bonjour les émissions de gaz à effet de serre ! Puis on grimpe dans un camion « cahotant » et on fait même une heure de marche pour finir ; bonjour l’angoisse ! Tout ça pour apercevoir à Botco quelques ossements exhibés par une tribu ex-cannibale ; bonjour le dépaysement ! Les Grecs ont autre chose à faire qu’à partir pour Botco. Les Grecs, mais aussi les journalistes du Monde feraient mieux de lire l’excellent recueil d’Offensive Divertir pour dominer (la culture de masse contre les peuples) :

« Le loisir conforte le travail, il permet d’y revenir détendu, reposé, défoulé. Nous voici prêt, de nouveau, à nous vendre à fond à notre activité productive, celle qui finance, justement, la gamme plus ou moins étendue de nos loisirs. Le tourisme est une compensation thérapeutique permettant aux travailleurs de tenir la distance. Avec les pénuries probables de carburant, le management du monde trouvera la solution : il donnera du signe en place et lieu d’une réalité. On nous vendra du virtuel, de l’espace de synthèse. Cela a déjà commencé. Notre époque est réduite au culte du divertissement plutôt qu’à la culture de la diversité. Le discours contemporain nous fait  croire qu’être libre revient à faire ce que l’on veut, quand on veut, indépendamment de toute considération éthique ou écologique. Tout au contraire, espérer être libre implique d’avoir conscience de ses chaînes, et non de vivre comme si elles n’existaient pas. »

                La société occidentale nous fait vivre à crédit pour nous offrir une vie rêvée par d’autres, y compris par  LeMonde. Ne partons pas à Botco et pratiquons la simplicité volontaire.

6 réflexions sur “les Grecs n’iront pas à Botco”

  1. Personnellement, je ne connais pas bien la société grecque, ni son histoire d’ailleurs mais j’en avais eu un petit échantillon en allant aux JO en 2004…….nous avions rencontré un italien qui connaissait bien le coin et qui nous avait piloté à l’intérieur des terres…….Ce qui m’avait beaucoup frappé, c est le nombre considérable d’experts étrangers qui s’occupent des fouilles archéologiques: les équipes anglaises, allemandes, françaises, occupent presque le territoire et je me demande bien pourquoi alors que c est quand même aux grecs de gérer leur patrimoine et à former des spécialistes ad hoc dans leur universités au lieu de financer des chercheurs « immigrés » de toute l Europe……..Déjà, ce fait m’avait donné à penser qu’ils n’étaient pas trop dégourdis pour s’occuper de leurs affaires……..et sa propre histoire est quand même une affaire importante, et en tous cas, marqueur de quelque chose……….

  2. @ Jean PERRIN
    Le fait qu’Amartya Sen, prix Nobel d’économie, souligne le lien entre liberté et capacités sociales, montre en effet que le libre choix de la frugalité est un luxe de privilégié. Amartya soulignait aussi que dans un pays qui connaît la famine, les riches mangent à leur faim. C’est pour cela qu’on peut dire que la première décroissance doit être celle des inégalités. Ceci dit, nos sociétés sont de plus en plus inégalitaires, c’est une réalité.

    Ce contexte n’aide pas à affronter les difficultés énormes que vont créer la résorption des endettements et l’arrivée du pic énergétique dans des cultures où on favorise le culte de la facilité et de la revendication généralisée (au toujours plus)… Si la frugalité n’est pas choisie, elle sera imposée. Le statut des maffieux de la Phynance dépendra alors de la clairvoyance des citoyens et du courage des politiques. Nous ne pouvons déterminer à l’avance le résultat, une pénurie équitablement partagée ou le maintien au pouvoir des privilégiés !

  3. Les gens doivent apprendre à consommer uniquement leur argent durement acquis, et pas celui des autres.

    Alors au début, ca fait mal, c’est sur.

    Mais recouvrer sa dignité d’homme passe par là.

  4. Jean PERRIN

    Etes vous capable de comprendre que ce n’est pas seulement au superflu des honnêtes gens que s’attaquent les maffieux de la Phynance, mais à leur liberté même (Amartya Sen a maintes fois souligné que l’exercice de sa liberté exige un minimum de « capacités ») ? Et cela, pour pouvoir continuer cette guerre économique qui rapporte tant à l’oligarchie, en argent, mais surtout en pouvoir.
    La frugalité doit être un choix libre, non pas une disette de guerre. Un moine vit peut-être heureux dans son ermitage, mais ceux qui se serraient la ceinture dans les années d’après-guerre, non ! Songez à l’hiver 1954….

  5. Cet article gluant de haine et de sadisme, venant probablement d’un planqué se réjouissant des souffrances des autres, était une honte journalistique (sucrant gaillardement la jeunesse à 700€ par mois, sans avenir, à qui on explique qu’il ne faut pas espérer un semblant d’avenir). Ou va-t-on avoir désormais des journaux détaillant avec joie jusqu’à l’agonie des morts de faim ? Et bien sûr, impossible de pointer du doigt les questions déontologiques : ce serait « faire dans le compassionnel ».
    On imagine les sauts de joie des journalistes si les mêmes conditions se reproduisaient en France (enfin, sauf lorsque leur bifteck à EUX, princes et princesses, serait menacé.) Certains prophètes de l’apocalypse rebaptisés « économistes » ne se gênent pas. Malgré leur capacité à se tromper encore et encore, ils s’imaginent toujours au-dessus du troupeau.
    On savait que les dirigeants étaient incapables de la moindre empathie, il suffit de voir la violence des termes qu’ils emploient (« mode » du suicide). Mais sommes-nous vraiment devenus une société de psychopathes uniquement capables de trouver leur plaisir dans la souffrance des autres ?

  6. Vous pourriez aussi inclure la « Culture » tout court… Les médias ne sont que les chambres d’écho de la « Kulture » qu’il faut impérativement avoir vue, lue, entendue, etc. S’intéressent-ils aux gens « ordinaires » ? Non, ce serait du « populisme »…

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