Macron, un technolâtre de l’aviation

Le président de la République a annoncé une salve d’investissements pour créer une filière française de biocarburants baptisée « BioTJet ». Macron enfile les oxymores comme des perles : «  avion ultrasobre, appareil zéro émission, des carburants aériens durables, moteur à biocarburant, kérosène durable… »

La voiture propre et la croissance verte passent dans la stratosphère, le greenwashing fait toujours ses ravages.

Guy Dutheil : Le 16 juin 2023, dans l’usine du motoriste Safran, Emmanuel Macron a annoncé une salve d’investissements pour « préparer les ruptures technologiques du secteur de l’aviation et développer le premier avion ultrasobre ». L’Etat veut aider les industriels à accélérer le développement de l’avion de future génération, un appareil zéro émission. Il souhaite aussi maintenir la souveraineté de la France en accélérant « le développement et la structuration de la filière des carburants aériens durables... un moteur capable de fonctionner à l’hydrogène comme avec 100 % de biocarburants … une filière française de production et de distribution de carburants aériens durables à partir du retraitement d’huiles usagées ou de résidus agricoles ou de bois. Macron a fixé l’objectif « de fournir 75 000 tonnes de kérosène durable aux compagnies aériennes » à l’horizon 2030. Il n’a pas oublié les jets privés, dotés de 250 millions d’euros afin de développer des avions d’affaires propulsés par de l’hydrogène.

Le point de vue des écologistes outragés

Laurent1837 : Du kérosène durable, c’est du kérosène qui ne brûle pas ?

Philémon Frog : Le seul but de ce politicien est de développer, « quoi qu’il en coûte » pour la collectivité, des projets qui ne font qu’accentuer les erreurs que nous commettons depuis des décennies et qu’ainsi rien ne change… tout au moins le plus longtemps possible. La croyance en l’adaptation au dérèglement climatique est une forme avancée d’ultra-conservatisme, ce combustible du libéralisme économique. Il est difficile de changer son rapport au monde, mais je ne le comprends pas de la part d’un homme de 45 ans.

Invisio : De mémoire, il y a une dizaine d’année, un certain président avait débloqué des 100aines de millions d’euro auprès des constructeurs automobiles français pour développer des voitures consommant 1l/100. L’argent a bien été dépensé: les ventes de SUV ont explosé.

Forza : L’avion ultra sobre n’existe pas et il n’existera jamais. N’en déplaise à notre communiquant en chef. Les lois de la physique terrestre sont ainsi faites, qu’aller vite, haut et lourd sera toujours très énergivore. Même notre président 3.0 ne pourra changer cet état de fait.

Christophe-Pierre : Ce sera l’annonce de la semaine prochaine : Emmanuel Macron débloque 2 milliards d’euros pour changer les lois de la physique.

Timenewnovel : Vous n’avez pas la chance de voir que nous avons un génie encore mieux que celui de la lampe, Macron ! En plus de peaufiner sa méthode de management par l’absurde de la start-up nation, il prend du temps le soir à la fin de sa journée pour dessiner des avions qui ne seront pas soumis à la gravité..! Et vous râlez, réduit et limité que vous êtes à votre conception passéiste de la gravité terrestre et de la gravité du réchauffement climatique !!

Eric de Strasbourg : Toujours des initiatives dans le sens de la croissance de la consommation. Aucune audace de remise en question de notre manière de vivre. Biocarburant = industrialisation de l’agriculture et de la forêt donc détournement de la terre nourricière vers la consommation inutile.

Thomass : Il existe un avion moins polluant, il roule sur des rails au sol.

Baz-ungah : On oublie trop vite qu’il y a déjà eu un appel à projets « carburants biosourcés » durant le Covid, doté des fonds de relance de l’économie et que cet appel a fait pschittt …. Les biocarburants pour l’aviation, c’est le moteur à eau pour les automobiles.

Blondedunord : le « BioTjet » de Lacq c’est le successeur du Biotfuel apparemment puisque l’on retrouve les mêmes partenaires. Ce projet sera-t-il plus performant que le pilote de Dunkerque construit en 2017 chez Total, qui a produit seulement quelques litres de biofuel, et qui a été arrêté en 2021 après avoir coûté plusieurs millions !

Al2000 : « L’Etat veut aider les industriels à accélérer le développement d’un avion zéro émission.  » Ah, c’est possible ? Comment l’extraction des matériaux, la fabrication ainsi que l’énergie nécessaire à l’ensemble de cycle de vie de ce super avion sera décarbonnés ? Aucune énergie fossile utilisée pour ce projet ? C’est sûr ? J’ai du louper un épisode mais je ne vois pas comment ils vont faire.

Blanky : Macron n’a toujours rien compris. Il ne s’agit pas de faire des avions « propres », mais d’arrêter de les prendre. On est mal barré avec ce président.

Où atterrir : Si tout se passe raisonnablement, les biocarburants permettront tout au plus de faire voler les avions d’utilité publique : canadair, défense aérienne ou fret stratégique. Au pire de faire voler des jets privés de quelques privilégiés. Quoiqu’il en soit, les compagnies aériennes auront mis la clé sous la porte.

Moonslap : On rappelle à Macron une dernière fois, IL N’Y A PAS DE CROISSANCE VERTE POSSIBLE, car bientôt il sera trop tard.

NB : définitions de « technolâtre »

Le technolâtre est une personne qui voue une admiration excessive et souvent irrationnelle envers la technologie. Il considère que les avancées techniques sont toujours bénéfiques pour l’humanité, sans prendre en compte leurs éventuels effets négatifs. Cette attitude se traduit par une confiance aveugle dans le progrès scientifique et technique comme solution à tous les problèmes de société. En somme, le technolâtre sacralise la technologie au point d’en faire l’objet d’un culte quasi-religieux.

10 réflexions sur “Macron, un technolâtre de l’aviation”

  1. Considérer les biocarburants comme écologiques est une aberration.

    – Leur combustion rejette du CO2 comme pour les carburants fossiles
    – On enlève aussi de la biomasse qui fixait le CO2 en terre et participait au cycle naturel de l’équilibre de la flore et des sols.
    – Leur cultures se fera soit sur les espaces naturels (notamment les forêts) soit sur ceux dédiés à l’agriculture par ailleurs nécessaires pour nourrir 8 milliards (bientôt 10) de personnes.
    – Bien entendu ces biocarburants nécessiteront eux-mêmes moult transports et traitements avant d’être utilisables.

    En un mot cette solution est une catastrophe et c’est aussi un mensonge

  2. « La croyance en l’adaptation au dérèglement climatique est une forme avancée d’ultra-conservatisme, ce combustible du libéralisme économique. Il est difficile de changer son rapport au monde, mais je ne le comprends pas de la part d’un homme de 45 ans »

    Pourtant il n’y a pas le choix que de s’adapter au changement climatique ! La mort de 67 millions de français n’infléchirait même pas la hausse de la courbe de CO2 et de température ! De toute façon, imaginons que Macron interdise la construction et l’usage d’avions en France ? Et ben vous aurez des révoltes dans le pays ! Même les migrants ont besoin de l’avion pour rentrer voir leurs familles dans leurs pays, et s’insurgeront contre cette interdiction ! Voilà ce que c’est que d’encourager les migrations dans tous les sens au niveau mondial !

    1. Augmenter les migrations c’est augmenter le nombre d’usagers des avions ! Même mon frère en Ireland fait régulièrement des allers-retours en avion. Vouloir l’ouverture des frontières c’est encourager l’usage des transports internationaux ! Alors chez les écolos vous n’êtes pas cohérents pour 2 clous ! Le libéralisme que vous dénoncez se trouve aussi chez les partis écolos qui veulent la liberté de circulation dans tous les sens au niveau international ! Alors vous êtes aussi responsables de ce dérèglement climatique ! Avec les hausses de migrations et l’ouverture des frontières que vous souhaitez alors vous êtes responsables de cet état de fait ! Ne venez pas vous plaindre de quelque chose que vous avez généré et encouragé depuis plusieurs décennies !

      1. Pas que les migrations, mais ça y contribue beaucoup ! Il y a aussi le tourisme de masse. Mais pendant les vacances il y a énormément de voyages en avion pour voir sa famille dans son pays d’origine ! Donc oui les migrants y contribuent énormément aussi ! Vas tu nier l’évidence qu’il y a des voyages en avion pour aller voir sa famille ? Veux tu me faire croire que les migrants ne vont jamais dans leurs pays d’origine pendant les vacances ?

  3. – « Entre la religion et la technologie, c’est une vieille histoire de couple ». (Éric Salobir – francetvinfo.fr – 10/01/2019 )
    Il y a longtemps que nous savons que cette foi dans le Progrès (associé à la technologie) est d’ordre religieux. Le mot «technolâtrie» (lâtrie = adoration) désigne donc très bien cette religion. Nous savons également que les religions ne sont pas éternelles. Même en déclin la technolâtrie reste profondément ancrée chez beaucoup d’entre nous. Ce qui permet à ceux qui nous gouvernent (manipulent, enfument, exploitent etc.) de continuer sur leur lancée (toujours plus), même s’ils n’y croient qu’à moitié. (“Technôlatrie à l’œuvre à VivaTEch”)

    Cette religion a une particularité, elle est une grave maladie du cerveau, et en même temps.
    Et quand le cerveau est malade il faut s’attendre au pire.
    – « Les histoires d’A finissent mal en général » (Rita Mitsouko)
    ( à suivre )

    1. C’est ainsi que Macron croit au BioTJet. Ou fait seulement semblant d’y croire.
      Qu’Elon Musk croit que nous pourrions vivre sur Mars. Là je le crois, qu’il y croit.
      C’est parce qu’ils croyaient au Cosmogol 999 que les Shadoks pompaient.
      En se disant « plus ça rate, plus on a de chance que ça marche. »
      Quel que soit ce que les uns et les autres ont dans la tête, le résultat reste le même.
      Misère misère !

      Autre grave maladie du cerveau, la mode.
      – « La mode est une maladie incurable » (Yves Saint Laurent)
      – « La mode, cette dictature de l’éphémère qui s’exerce sur les transfuges de l’éternel, remplace la tradition abolie […] Ainsi les engouements collectifs se succèdent sans laisser de traces: la feuille morte voltige d’un lieu à l’autre, mais tous les lieux se valent pour elle, car son unique patrie est dans le vent qui l’emporte….» (Gustave Thibon)
      ( à suivre )

      1. La mode, c’est ce qui nous fait remplir nos armoires, jamais assez grandes. Et balancer à la poubelle des tonnes et des tonnes de fringues en excellent état, voire jamais portées. C’est elle qui veut que les bagnoles changent de look tous les ans. Nouveaux phares, nouvelles calandres etc. Pareil pour les smartphones, les aspirateurs, et pour tout et n’importe quoi. Et derrière ça des tonnes et des tonnes de matières, ne serait ce que pour les moules et les machines. Et un gaspillage monstre d’énergie. Et tout ça pour RIEN. Juste pour être dans le vent. Misère misère !
        Et en même temps… ON nous parle du Climat, et des +3° auxquels ON se prépare…
        et d’économies, et de sobriété, et d’ avions ultrasobres … et patati et patata !
        N’importe quoi !

  4. On nous trompe. Ainsi LE MONDE du 31.01.2011 nous promettait du biocarburant à base d’algues et à « un faible prix de revient du baril ». La fabrication industrielle de BFS (Bio Fuel Systems) doit démarrer seulement courant février. Et plutôt que de pétrole, les responsables de BFS préfèrent parler de « dépollution » et de « valorisation du CO2 ». Il faut lire attentivement la notice sur les générations de biocarburant pour déchanter. La première génération, bioéthanol ou biodiesel, entre en concurrence avec les cultures vivrières. La deuxième génération ne sera pas sur le marché avant 2020, pour ainsi dire jamais. La troisième génération dont s’occupe BFS sort à peine des laboratoires et attend encore sa validation à l’échelle industrielle. ! (à suivre)

    1. (suite) Pierre Le Hir, après des études de Lettres classiques, est devenu un journaliste scientifique du MONDE. Après un bourrage de crâne en janvier dernier sur le biofuel, Le Hir se rend compte le 21 juillet 2011 que les agrocarburants (expression préférable à « bio »carburants) sont nocifs pour l’environnement. Il faut en effet corriger les performances annoncées par « le changement indirect d’affectations des sols ». Les cultures énergétiques, lorsqu’elles accaparent des terres agricoles, obligent en effet à déplacer les cultures alimentaires vers d’autres régions de la planète, ce qui entraîne une déforestation qui relâche du CO2 dans l’atmosphère.
      https://biosphere.ouvaton.org/blog/bio-agro-ou-necrocarburants/

    2. – « Le marché du carburant d’aviation en Europe devrait croître à un TCAC de plus de 14 % au cours de la période de prévision 2020-2025. Le nombre croissant de passagers aériens, en raison des tarifs aériens moins chers [et patati et patata]. Les efforts visant à accroître la part des biocarburants dans le secteur de l’aviation stimulent également considérablement le marché. » ( mordorintelligence.com )

      Croissance, Marché, la messe est dite amen !
      Mieux que le Cosmogoll de nos misérables Shadocks, le SAF ! Une fois la Leçon bien apprise vous l’expliquerez à vos enfants. Du moment qu’ils sont ultrasobres, nos chers petits ont bien le droit de rêver de devenir pilotes d’Airbus, non ?
      – Connaissez-vous le carburant d’aviation durable (SAF) ? (totalenergies.com)
      – Le carburant d’aviation durable expliqué aux enfants (airbus.com)

      Misère misère !

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