Le capitalisme a intégré les catastrophes naturelles à la loi du marché et se porte à merveille. Peu importe le nombre et l’amplitude des catastrophes environnementales, la Terre sera toujours assez grande et luxuriante pour qu’une poignée de rupins aux dents en platine savourent le spectacle inouï de la fin du monde, confortablement assis dans un resto chic, buvant sans ironie une Corona accompagnée d’un guacamole bio, sniffant avec nonchalance de la coke sans OGM…
Agir contre le capitalisme destructeur n’est pas de la violence, c’est de la contre-violence.
Andreas Malm : « Au milieu d’une vague de répression instiguée par l’Etat français à l’encontre des militants écologistes (qui s’inscrit dans une escalade autoritaire beaucoup plus vaste menée par le président Macron et ses alliés), mon livre Comment saboter un pipeline (La Fabrique, 2020) a été cité dans un décret de dissolution : il serait à l’origine de tous les « désordres » attribués aux luttes environnementales dans la période récente. L’Etat français a dû inventer un gourou, un maître à penser qui aurait par avance théorisé leur passage à l’acte. Si je respecte et admire Les Soulèvements de la Terre, nous ne sommes pas particulièrement liés. Mon livre a contribué à un débat plus large au sein du mouvement écologiste, amené à se poser des questions difficiles sur ce qu’il est urgent de faire dans une situation où les effets du changement climatique s’intensifient et s’accélèrent, mais où les Etats hégémoniques sont déterminés à agir de façon minimale ou à ne pas agir du tout. Je fais valoir que tous les mouvements ayant provoqué des changements sociaux de grande ampleur – des suffragettes et des mouvements anticoloniaux jusqu’au mouvement des droits civiques dans les années 1960 et au-delà – ont, dans certaines circonstances, eu à mettre en place des tactiques spécifiques.
Mon propos est simplement d’ouvrir un débat sur la légitimité d’actions de désobéissance, notamment sur des sites-clés de l’infrastructure et de la logisitique du capitalisme fossile. Je suis loin d’être le seul auteur à soutenir que nous devons désactiver rapidement et de manière décisive l’infrastructure des combustibles fossiles. Et soyons clairs ici, je parle de propriété, d’objets matériels, pas de personnes – je n’ai jamais prôné la violence contre des individus ou des groupes. Il est proprement stupéfiant que ces propositions relativement modestes soient maintenant qualifiées de « terrorisme intellectuel » ou d’« actions extrêmes allant jusqu’à la confrontation avec les forces de l’ordre » par le ministre français de l’intérieur, Gérald Darmanin. Le capitalisme fossile nous conduit à toute vitesse vers le précipice. Quelqu’un doit tirer le frein d’urgence. Si les gouvernements ne le font pas, qui le fera ? »
Le point de vue des écologistes malmiens
JideW : Tribune modérée pour quelqu’un qui est accusé d’être un « terroriste intellectuel » ! C’est inadmissible qu’un ministre de l’intérieur accuse quelqu’un de terrorisme intellectuel : soit une personne fait des appels à la violence, à la haine au sens du code pénal et il doit être poursuivi par la justice, soit c’est la liberté de penser et de s’exprimer et c’est le travail du ministre de l’intérieur de garantir cette liberté, pas de l’empêcher. Si le ministère de l’intérieur ne fait pas la différence entre des mots et des actes alors il y a de quoi s’inquiéter pour nos libertés
Lala duppn : C’est comme le coran. Le problème n’est pas le livre, le problème c’est l’interprétation qui en est faite.
Michel SOURROUILLE : Militant non violent, en soutien aux objecteurs de conscience dès les années 1970, pacifiste convaincu, j’ai connu les matraques de Franco quand on a soutenu les objecteurs espagnols. Je sais ce que veut dire la violence étatique, elle a toujours existé, trop souvent pour empêcher stupidement d’aller vers un monde meilleur. Le concept de violence est un mot valise qui mélange légalité et légitimité, il faut parfois se faire violence et parfois même se défendre contre la violence, même s’il y a mort d’homme. Par exemple si je vivais dans l’Allemagne nazi, j’essaierai de tuer Hitler. Mais pour les dégâts environnementaux actuels, personne n’est responsable puisque tout le monde est coupable de la dégradation de la planète. Pas de cible désignée. Alors des destructions de bien nuisibles à notre environnement, pourquoi pas ? Bon, tu peux maintenant me dénoncer à Darmanin…
Christian Waterkeyn : La seule manière raisonnable de saboter un pipeline est de cesser de consommer du pétrole !
OLIBRIUS : En 1800 nous étions un milliard d’humains sur terre. Si nous n’avions pas dépassé ce chiffre, malgré l’utilisation des énergies fossiles, il n’y aurait pas de péril écologique. Sauf que l’évolution a fait de l’homme un obsédé sexuel qui ne pense qu’à se reproduire et nous voilà 8 milliards. Dans quelques centaines d’années nous serons réduits en nombre par les guerres, les famines ou les épidémies.
Le débat avec ceux qui ne comprennent rien
RobinsonLeon : selon Malm, « Mon propos est simplement d’ouvrir un débat exigeant sur la légitimité d’actions de désobéissance ». La désobéissance n’existe pas, il n’y a que de la délinquance déguisée. Les faux écolos, menaçants et violents doivent être poursuivis, appréhendés et punis.
HEGEL : Doivent être aussi poursuivis et appréhendés tous ceux qui par leur action ou parleur abstention contribuent à la poursuite du dérèglement climatique,les seuls et premiers responsables du monde dystopique dans lequel nous continuons de vivre!
RobinsonLeon : Eh bien, Hégel, militez donc pour faire inscrire vos nobles idées dans la loi française, et en attendant, acceptez que les lois actuelles soient appliquées.
X.ARANUI : Argumentation inutile : nul besoin de l’évocation d’un gourou pour rejeter cette tendance écologique radicale qui va encore retarder davantage la mobilisation de la majorité silencieuse. Tribune spécieuse.
MLelong : X. Aranui, mais de quelle « mobilisation de la majorité silencieuse » parlez-vous ? vous plaisantez ! la France en matière d’Ecologie est en retard sur ses objectifs, rappelée régulièrement à l’ordre par les Instances internationales, raillée par le monde entier sur les mesures toujours remisées du courageux Président Macron… et touchée par des catastrophes dues au dérèglement du climat, comme jamais elle ne l’a été. Vous pensez que notre jeunesse va attendre encore 3 ou 4 ans pour que les Autorités françaises décident enfin de prendre les mesures qui s’imposent et arrêter de museler la parole des opposants en les présentant aux yeux de nos compatriotes pour des extrémistes ou des terroristes !
Pommepoirescoubidou : « il y a toutes les raisons d’imaginer que les mouvements de masse prendront eux-mêmes en charge le « désarmement » du capitalisme fossile ». 40 millions d’autos en circulation en France, on attend de voir « les masses » détruire leur propre véhicule…
Volcelest : Malheureusement nous n’avons plus le temps. Il fallait se réveiller avant. Même si je désapprouve la violence, je pense que celle ci a une origine, qu’elle ne naît pas toute seule et qu’elle est même consécutive des violences moins voyantes mais toutes aussi délétères commises par nos gouvernants passés et présents, par notre système économique et par nos égos atrophiés qui ont été formatés à vouloir toujours plus, qui ont cru que nous étions au dessus de la nature alors que nous en faisons partie. Je pense que ceci n’est que le début. Et que si cela n’avance pas assez vite, les évènements violents provoqués par l’humain et la nature ne feront qu’empirer. Alors oui, je pense que ces mouvements sont importants. Ils viennent appuyer là où ça fait mal.
Eric D. : D’autant que « Comment saboter un pipe-line » n’est qu’une redite de l’excellent « Boire des cocktails Molotov avec Gandhi » de Mark Boyle, publié en 2015. Le sous-titre : « résister, se rebeller, réensauvager » annonce la couleur. Il montre comment notre société capitaliste nous abreuve de “biens” (souvent nocifs), mais peut, dès qu’on s’oppose à elle, se transformer en machine de guerre. Question : l’écocide est-il aussi grave que le génocide ?
Michel SOURROUILLE : Mark Boyle se livre à une réflexion profonde et argumentée sur notre rapport à la violence contre les biens (jamais contre les Hommes) quand il s’agit de protection de la nature. Elle est justifiable ! Dans l’Histoire, le réformisme a eu besoin des radicaux pour obtenir gains de cause. Et finalement, tout le monde n’est-il pas indispensable quand il s’agit de défendre ce qui nous permet d’être en vie, alors que la Machine (notre civilisation basée sur le profit) tend à le détruire ? Mark vit en Irlande, dans une ferme qu’il a volontairement coupé de tous les réseaux, pas d’électricité, pas d’eau courante, déconnecté de la technologie. Pour le contacter, lettre postale. Auquel il répondra au crayon à papetier !
Fred Dubé : La Machine, c’est «la banalité du mal» d’Hannah Arendt appliquée à l’écocide. Cette mécanique qui consiste à morceler au maximum les différentes étapes d’un crime atroce que personne ne saurait individuellement s’en incriminer. Le maillage est idéal pour que perdure une société-usine dont l’énergie vitale dépend de la destruction du monde, sans que jamais notre empathie ne s’en trouve sollicitée, et encore moins alarmée. La violence de la Machine est première, et la nôtre, celle des oppressés, tiendrait plutôt de la légitime défense.» Faudra-t-il qu’on brûle les biens nuisible à la planète pour qu’on retrouve notre dignité ?
Helder Camara, évêque catholique brésilien : « Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Jeannot : Quelle discussion hors sol. Le problème c’est surtout que le monde étant ce qu’il est avec 10 milliards d’individus, des états et des nations prêts à tout pour tirer leur épingle du jeu, on continuera à extraire les énergies fossiles jusqu’à la dernière goutte. Se préparer au réchauffement et à l’épuisement des ressources est tout ce que l’on peut faire.
LE MONDE qui offre une tribune à un terroriste… à un gourou… Honnêtement, moi non plus je ne sais pas si je dois rire ou pleurer, ou les deux en même temps.
– « si je respecte et admire Les Soulèvements de la Terre […] nous ne sommes pas particulièrement liés et nous ne sommes même pas d’accord sur de nombreux points d’analyse ou de perspectives. Ces camarades seraient les premiers à dire qu’ils rejettent mon orientation trotskiste old school, mon étatisme, mon hostilité à l’anarchisme [etc]» (A. Malm)
Là pareil, autant son orientation trotskiste me file la banane autant son hostilité à l’anarchisme me file le cafard. Même entre camarades ON n’en sortira pas, misère misère !
Encore pareil avec ce «débat» entre malmiens et ceux qui ne comprennent rien, du même acabit que les parties de ping-pong biosphèriennes. Au diable la réflexion et vive la connerie collective ! Bref, the Show must go on. En attendant of course !
– « la Terre sera toujours assez grande et luxuriante pour qu’une poignée de rupins aux dents en platine savourent le spectacle inouï de la fin du monde, confortablement assis dans un resto chic, buvant sans ironie une Corona [etc.] » (Biosphère)
Pendant que ces gros porcs savoureront le spectacle dans un resto chic, d’autres bien plus misérables trinqueront et se délecteront avec eux.
– « ce spectacle de liquidation sera pour les nationalistes un plaisir de fin gourmet »
( hier 27 JUIN 2023 À 10:20 sur Biosphère)
Qui voulez vous s’attaque à des pipe-line ? En sachant qu’on a besoin de carburant pour manger ? Besoin de carburant pour les tracteurs et autres moissonneuses batteuses, et surtout la horde de camions qui acheminent la nourriture vers les villes ? Sans cramer de gazole, et c’est toute la population française qui crève de faim ! Alors souhaitez vous manger des crôque-crôque ? Croque-môssieurs ? Croque-madames ? Sans au préalable organiser l’exode urbain pour remettre dans les champs les français pour qu’ils puissent se nourrir, c’est impossible d’arrêter les fossiles en France ! La transition post-fossiles n’est pas un truc qui s’improvise en 30 seconde au coin d’une table ! C’est un long processus qu’il faut savoir organiser bien à l’avance ! Il faut organiser l’exode urbain progressivement, il faut vider les villes progressivement, et surtout former les français aux métiers de la terre !
Quand est-ce qu’on commence ?