Manifeste pour une santé commune

Recension du livre « Manifeste pour une santé commune »

aux éditions Utopia, 2023.

auteurs : Ioan Negrutiu, avec François Collart Dutilleul, Olivier Hamant et Fabrice Riem de l’Institut Michel Serres et le Centre Lascaux sur les Transitions.

Il s’agit de recevoir les ressources de la nature de manière à satisfaire les besoins humains avec raison et prudence, et à utiliser les ressources de la raison humaine pour garantir les besoins de la nature et permettre sa pérennité.

Ceci est l’antidote à notre penchant (un rien) pathologique pour la démesure. Autrement dit, on peut tout faire, à condition de

– respecter les droits humains pour en faire le socle des responsabilités et devoirs qui en découlent ;

– faire que les activités humaines soient mesurées et amorties en coûts réels sociaux et écologiques, donc pas de dette et de décroissance socioécologique.

Le Manifeste en 6 points :

1. Une clarification des idées socioécologiques. Les récits des dernières décennies sont des narratives socio-écologiques. La démarche ressources-santé commune est une synthèse conceptuelle assortie d’une méthodologie. Cette méthodologie intègre d’une manière systémique les limites sociales et planétaires.

2. Une alliance concrête entre Sciences de la Nature, numérique et droit. Cette science permet actuellement d’observer et assister en direct à ses prédictions. Mais on persiste à rien faire ou si peu pour changer de trajectoire. D’où l’intérêt de l’alliance : qui mesure bien ce qui compte, juge avec justesse. Mesurons l’essentiel socioécologique en termes de santé.

3. Une démarche policlinique. La santé commune est systémique et preventive, elle est la conjonction de trois santés indivisibles et interdépendantes.

La santé des milieux naturels sur le temps long (pas de jour de depassement avant Noël).

La santé sociale par la garantie d’un accès équitable aux ressources, socle des droits fondamentaux.

La santé humaine comme état de complet bien-être physique, mental et social.

La santé commune est une purge. Elle permet de renverser la logique actuelle des systèmes économiques, institutionnels, commerciaux.

Encastrer l’économie dans le social et l’écologie consiste à penser simultanément ressources ET santé. Et de passer de la performance et la compétition aux interactions et à la robustesse. Or, l’économie est une formidable machine pour transformer les ressources, mais qui ne veut pas croire ou accepter que le monde physique est fini.

4. Passer du préventif au curratif veut dire mettre le marché à sa place, au bénéfice de l’adéquation ressources accessibles et besoins vitaux pour tous. Cet ajustement est une lois de la vie. Celui de l’offre et de la demande est un arrangement de domination.

Cela pose la question de la valeur des vies, humains et non-humains, donc de la dignité devant le devenir indigne du monde. La santé commune fait des relations reciproques et indissociables le cheminement vers le vivable, l’habitable ; autrement dit la primauté des communs, des politiques publiques dignes de ce nom, au service « systémique » de l’inérêt général.

Avec des exemples concrets, comme la restauration collective et le foncier, et l’analyse des contextes en Nouvelle Zélande, Chine, Finlande.

5. Nous proposons la boîte à outils Ressources – Santé Commune, et un contrat de santé commune.

Il est question de droits humains et de justice, de besoins vitaux dans l’accès aux ressources, à l’alimentation, à un environnement sain. Cela va au-delà de l’égalité, qui en tant que telle ne dit rien des conditions de vie. Ainsi :

Si, conformément au contrat social, la conception des rapports sociaux ambitionne avant tout de pacifier les relations des êtres humains entre eux en excluant la violence et la loi du plus fort, elle n’a pas pour autant privilégié les modalités d’une mise en commun des ressources. Or, c’est précisément le premier objectif d’un contrat : mettre en commun des ressources pour satisfaire collectivement les besoins de chacun en excluant la violence et la force comme moyen d’un tel ajustement. Il s’agit donc de recevoir les ressources de la nature de manière à satisfaire les besoins humains avec raison et prudence, et à utiliser les ressources de la raison humaine pour garantir les besoins de la nature et permettre sa pérennité.

La boîte à outils est modulable à volonté et son but premier et de permettre l’élaboration des contrats de santé commune en territoire par des acteurs réunis.

6. Ressources – Santé Commune c’est le court et le long terme à la fois. C’est un retour au collectif, dans des territoires économes en ressources et riches en travail. Avec priorité donnée aux ressources primaires, Sol, Eau, Biomasse. Ces ressources sont régénérables mais épuisables, non-délocalisables  et non-substituables.

Cela implique de mettre les questions de pauvreté, climatiques et de biodivetrsité dans une perspective nouvelle, dans une architecture des priorités articulée différement.

Elizabeth Mrema au PNUE le dit : « You can do everything under the sun as far as climate actions and solutions are concerned, but if nature is not part of the equation, global warming will continue to increase to unimaginable levels. »

En somme,

C’est par la radicalité douce d’un récit et outil que la santé commune et les ressources sont mises aux fondements de toute politique, en tant que méthode à la fois universalisable et adaptée à chaque territoire.

La question est : quoi d’autre pour transformer en profondeur et en douceur nos territoires, institutions, et nos modes de vie avec des outils et des savoirs raisonnés ?

6 réflexions sur “Manifeste pour une santé commune”

  1. « La question est : quoi d’autre pour transformer en profondeur et en douceur nos territoires, institutions, et nos modes de vie avec des outils et des savoirs raisonnés ? »

    Qu’est ce qu’il faudrait faire pour transformer tout ce qu’il vient d’être cité dans la question ? Ben pour commencer se débarrasser des millionnaires et des milliardaires qui ont conduit à des trains de vie encore plus inique et polluant de qu’avaient fait leurs prédécesseurs monarchistes ! La bourgeoisie internationale qui a elle seule détient plus de richesses en étant même pas 1 % de la population que les 99% des autres habitants de la Terre ! C’est le fait que le sommet de la pyramide ne concède rien pour montrer l’exemple que les autres couches intermédiaires de la pyramide ne veulent rien concéder et encore moins la base de la structure !

    1. Tant que les millionnaires et milliardaires existeront alors le reste de la population aura pour rêve elle aussi de pouvoir s’enrichir dans la démesure à leur tour ! Des écarts de revenus de 1 à 3 (ou 4 grand maximum) est largement suffisant pour stimuler l’effort dans une société !

      Les riches ne sont pas devenus riches parce qu’ils seraient 100 ou 1000 fois plus performant que les autres, ou ne fournissent 100 ou 1000 fois plus d’effort que les autres, mais juste parce qu’ils sont su s’approprier les machines, les ordinateurs et les robots qu’ils n’ont même pas inventés eux-mêmes. Ils ont juste instaurer un système de connivence avec le pouvoir politique et les banques afin de prendre le contrôle de tous les moyens de production et de distribution des produits qu’ils nous vendent…

    2. Ces psychopathes de millionnaires et milliardaires conduisent l’humanité à sa perte par leur système productiviste démentiel qui tourne aux énergies fossiles en voie de tarissement ainsi que la destruction de l’environnement et la pollution qui s’ensuivent ! Ils ont fabriqué une société de 8 milliards d’individus qui ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils ont et obnubilés parce qu’ils n’ont pas encore ! Alors il ne faut pas s’étonner que toute cette histoire se termine en boucherie de guerres et famines ainsi qu’épidémies qui couronneront le tout ! En effet puisque nous seront de plus en plus nombreux sur Terre à devoir se partager de moins en moins de ressources. En sachant que cet épuisement de ressources voir tarissement ne calme pas les ardeurs malgré tout du plus grand nombre à vouloir toujours plus.

    3. Alors autant dire que la volonté d’écraser les autres pour pouvoir s’accaparer davantage même dans ces conditions n’est pas prêt de s’arrêter, autrement dit on aura affaire à de plus en plus de tyrans qui ne seront jamais prêts à renoncer à réduire leur train de vie ! Si les millionnaires et milliardaires ne sont même pas prêts à renoncer à 1 centime d’euro et de dollar sur leur compte en banque comme de vieux Oncles Picsou, alors comment pouvez espérer que le reste de la pyramide puisse y consentir ? Vu comment c’est parti, tous les terriens admettront leurs abus sur l’environnement uniquement lorsqu’il sera trop tard, lorsqu’ils se seront pris des obus et des missiles sur la tronche pour s’accaparer les dernières miettes de ressources. Ainsi soit il ! L’issue ne peut en être autrement !

      1. – « Ben pour commencer se débarrasser des millionnaires et des milliardaires […] Tant que les millionnaires et milliardaires existeront alors [etc.] »

        Te voilà donc devenu anti-capitaliste. Eh oui !
        Petite devinette : Qui, lors d’un meeting à Montpellier en février 2022… a clairement dénoncé le système capitaliste «parasitaire» qui «se nourrit des désastres qu’il provoque»… et a dit : «Les milliardaires Français sont au nombre de 109, et ne pensez pas que ça va augmenter au point qu’il y en ait 68 millions. » ?
        Petit indice : Non non c’est pas Marine.

  2. Point de vue santé, c’est sûr que nous allons mal. Et certains très mal. Voir les entretiens mensuels du Professeur Foldingue (La Décroissance). Voir bien sûr l’Actu. Pas trop quand même, pour éviter de trop nuire à sa santé. La juste mesure bordel ! Voir aussi certains commentaires sur ce blog. Là par contre no limit, vive le Parti d’en Rire !
    Santé humaine, physique et mentale, allo Maman bobo ! Et comme si ça ne suffisait pas, la santé sociale et celles des milieux naturels. Mon dieu quelle misère !
    – « C’est grave docteur ? »
    – « Oh que oui ça l’est ! »

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