Un événement chasse l’autre, le Mondial de football commence juste à disparaître que déjà le Tour de France à vélo pointe son nez dans les médias. Ainsi va la société du spectacle que nous dénonçons régulièrement dans nos articles. Selon le collectif Quel sport ?,« L’espoir que le foot redevienne un jeu – ce qu’il n’a d’ailleurs jamais été – est en réalité la laisse de la soumission au football capitaliste, avec ses clubs cotés en bourse, ses spectacles sponsorisés pas les multinationales, ses pratiques illégales (dopage, évasion fiscale) et ses panneaux publicitaires. Le football est une multinationale comme une autre, qui participe au même titre que Coca-Cola ou Mc Donald’s à la reproduction élargie du capital, à la stabilisation des régimes politiques et à la crétinisation consumériste des masses. » (Football, la colonisation du monde (2014)
Même LE MONDE a consacré chaque jour plusieurs pages à ce fait divers, mettant en jeu toutes ses forces : journalistes et spécialistes, grands reportages, communication participative, direct, couverture multimédias… On accorde à un évènement ponctuel et fugace une importance démesurée. On glorifie des épopées à relent nationaliste, la fièvre bleue par exemple, au détriment des sujets de fond. Car accorder ses colonnes à une entreprise commerciale bâtie autour du ballon rond empêche pour partie la réflexion de fond de nos citoyens. Un journal de référence devrait adapter la longueur de ses colonnes à l’importance réelle des événements : quelques lignes chaque jour pendant le mondial de foot (ou même rien du tout), par contre un long article de fond (ou même plusieurs) chaque jour de l’année pour un réchauffement climatique dont les effets sont planétaires et dureront bien plus du siècle.
Que la France se qualifie ou non pour les demi-finales du Mondial 2014 était donc le cadet de nos soucis.