match Morin/Delhommais, 10 à zéro

Sibylle de Pazoult adore le texte de Morin*, « Quel beau texte ! Merci, du fond de la nuit ». Jacques Cosquer abhorre, « Ouah! Quelle compilation de lieux communs ». Ainsi va la réaction des abonnés du monde.fr, disant tout et son contraire. Quelques éléments de réflexion pour s’y retrouver un peu :

Faulle : « Fabuleux! Bientôt cent ans, et toutes ses dents, et sa pensée fossilisée par 70 ans de fonctionnariat. CNRS, ah quand tu nous tiens… Il a pas dû souvent se poser la question de comment faire bouillir la marmite, le vieux chercheur. Pépère, avec sa pension tombant tous les 27 du mois, toute une vie !

Biosphere : Ce qui est remarquable dans ce commentaire, c’est qu’il n’y a pas un mot sur le point de vue d’Edgar Morin. Avec « Faulle », l’intelligence collective ne progresse pas, elle régresse ! Avec des gens comme Faulle, la marche vers les désastres va s’accentuer dans la décennie qui vient.

Naïf : « Où est l’analyse ? On en reste à des constats qui sont bien souvent des poncifs. Il manque le « pourquoi » et le « comment ». Comment sortir de la crise ? »

Biosphere : un article ne peut tout dire. Si tu veux une approche plus globale, tu peux consulter en ligne notre UTOPIE 2050,

Henry Fay : C’est toujours le même discours des nantis idéalistes qui critiquent la croissance sans voir que c’est la croissance et rien d’autre et surtout pas les bons sentiments qui a sorti de la misère des centaines de millions de personnes en Chine, notamment. Je ne sais où il a vu que la pauvreté se convertissait en misères reléguées en énormes bidonvilles. »

Biosphere : Nous savons où la croissance nous a mené, le déracinement et le chômage, la montée des inégalités, l’extension de banlieues ingérables, le krach (pic pétrolier, réchauffement climatique…) contre les limites des ressources de la planète, etc. Par exemple en Chine, l’allocation de surfaces excessives de terres à la construction ou au pâturage ainsi que la surconsommation des réserves d’eau rendent très difficile la lutte contre l’avancée du désert.

Carouge : Article de Morin à mettre en regard de la chronique du jour de M. Delhommais**, pour bien comprendre que cette dernière est totalement inepte.

Quelques commentaires lus sur lemonde.fr à propos de l’article de Delhommais : En lisant le papier de Morin, des lecteurs ns renvoyaient vers celui de Delhommais: quelle désastreuse comparaison, le premier étant un témoin de qualité l’autre ns servant une pensée assujettie aux Neo conservateurs types… Trois plaisanteries à deux balles sur le goût des Chinois pour le Champagne et un petit bout de logiquette sur la compétitivité, c’est indigne, c’est odieux, c’est stupide… INDIGNE chronique, et totalement à côté de la question… Vous mêlez tout, juste dans le dessein de nous réduire à d’horribles consommateurs ! Question bilan 2010 et saines réflexions taisez-vous et lisez Edgar Morin ici, ce jour !… Dire que les Français sont collectivement des nantis par rapport au reste du monde est purement gratuit si l’on oublie d’en conclure qu’il nous faudra donc apprendre la décroissance et le partage, et que nous pourrions en être bien plus heureux

* LeMonde du 9-10 janvier 2011, Les nuits sont enceintes d’Edgar Morin

** LeMonde du 9-10 janvier 2011, Les Chinois eux ont le champagne gai

5 réflexions sur “match Morin/Delhommais, 10 à zéro”

  1. Pierre-Antoine Delhommais est le digne successeur d’Eric le Boucher.
    Pour le vérifier, ce LIEN vers le réseau de documentation des écologistes.

  2. « Croissance sans conscience n’est que ruine du monde  » pour paraphraser Rabelais
    merci pour cet article qui mets en perspective ceux qui comptent et ceux qui ressentent…

  3. « Croissance sans conscience n’est que ruine du monde  » pour paraphraser Rabelais
    merci pour cet article qui mets en perspective ceux qui comptent et ceux qui ressentent…

  4. Le point de vue de Pierre-Antoine Delhommais en résumé :
    « Les Français ont le champagne triste, les huîtres et le saumon fumé leur donnent des idées noires… Il faut avoir un peu faim pour savourer le bonheur. L’indignation est mise à toutes les sauces, aux airelles, de préférence, pour accompagner le gigot de chevreuil.
    Le petit livre de Stéphane Hessel – Indignez-vous ! a figuré, avec le hamster électronique Zhu Zhu Pets, parmi les cadeaux de Noël les plus offerts. Notre prédécesseur dans ces colonnes, Eric Le Boucher, a déjà rédigé une chronique sur de livre et y disait très bien ce que nous avions envie d’écrire :  » L’indignation est légitime, mais elle ne doit pas conduire à la glorification des acquis de la Résistance. L’indignation, si elle s’accroche à un passé à bout de souffle, devient indigne.  » Cela prouve une certaine continuité dans la ligne éditoriale économique du Monde. Il nous a surtout été très agréable de trouver enfin quelqu’un qui ne participait pas au concert d’éloges pour un livre qui, au moins dans sa partie économique, nous a paru d’une infinie faiblesse.
    On se contentera d’ajouter que, de façon symbolique, le mot  » Chine  » ne figure pas dans l’opuscule d’Hessel. Des centaines de millions de Chinois, d’Indiens et de Brésiliens sont, depuis vingt ans, à cause de l’abominable  » pensée productiviste « , sortis de la pauvreté extrême. Je suis ému par le spectacle de Chinois venant, émerveillés, visiter la tour Eiffel et qui ont le champagne gai. »

  5. Le point de vue d’Edgar Morin en résumé :

    « La mondialisation, loin de revigorer un humanisme planétaire, favorise au contraire le cosmopolitisme abstrait du business et les retours aux particularismes clos et aux nationalismes abstraits dans le sens où ils s’abstraient du destin collectif de l’humanité.
    Le développement et son déchaînement techno-économique provoque une dégradation de la biosphère qui menace en retour l’humanité.
    L’Occident en crise s’exporte comme solution, laquelle apporte, à terme, sa propre crise. Malheureusement, la crise du développement, la crise de la mondialisation, la crise de l’occidentalisation sont invisibles aux politiques. Ceux-ci ont mis la politique à la remorque des économistes, et continuent à voir dans la croissance la solution à tous les problèmes sociaux. La carence de la pensée partout enseignée, qui sépare et compartimente les savoirs sans pouvoir les réunir pour affronter les problèmes globaux et fondamentaux, se fait sentir plus qu’ailleurs en politique.
    La marche vers les désastres va s’accentuer dans la décennie qui vient. A l’aveuglement de l’homo sapiens, dont la rationalité manque de complexité, se joint l’aveuglement de l’homo demens possédé par ses fureurs et ses haines. Ce qui est remarquable est que les Etats ne se préoccupent nullement de maîtriser ou au moins contrôler « le marché », c’est-à-dire la spéculation et le capitalisme financier, mais par contre s’efforcent de juguler les forces démocratisantes et libertaires qui font la vertu d’Internet.
    Partout, les forces de dislocation et de décomposition progressent. Toutefois, les décompositions sont nécessaires aux nouvelles compositions, et un peu partout celles-ci surgissent à la base des sociétés. Partout, les forces de résistance, de régénération, d’invention, de création se multiplient, mais dispersées, sans liaison, sans organisation, sans centres, sans tête. La course a commencé entre le désespérant probable et l’improbable porteur d’espoir. Ils sont du reste inséparables : « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve » (Friedrich Hölderlin), et l’espérance se nourrit de ce qui conduit à la désespérance. Il y eut même, en 1940-1941, le salut à partir du désastre ; des têtes de génie sont apparues dans les désastres des nations. Mais le probable n’est pas certain et souvent c’est l’inattendu qui advient. Nous pouvons appliquer à l’année 2011 le proverbe turc : « Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra. » »

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