Un Bochiman, chasseur-cueilleur du Kalahari, a une espérance de vie en bonne santé meilleure que la nôtre. Les caries dentaires, presque inconnues chez les populations de chasseurs-cueilleurs du paléolithique supérieur, commencent à apparaître au début de l’holocène, il y a quelque 11 000 ans, avec la révolution néolithique. Marqué par la sédentarisation, l’augmentation de la démographie et l’apparition des strates sociales, la transition nutritionnelle du néolithique a également des effets sanitaires. Marquée par la maîtrise de l’élevage et de l’agriculture, cette « révolution » a vu l’augmentation rapide et inédite de la quantité de sucres dits « lents » dans l’alimentation, offerts par les céréales nouvellement domestiquées. Jamais en tout cas, depuis l’émergence de notre espèce, il y a 200 000 ans environ, Homo sapiens n’avait globalement été soumis à un régime alimentaire aussi riche en glucides. Outre l’apparition des caries, il y a un déclin général de la stature et de la taille de la dentition. Le tout associé à un déclin général de l’état de santé des individus, comme cela est suggéré par les restes humains.
L’alimentation n’est pas seule en cause. Le néolithique est aussi la période qui voit apparaître des troubles musculo-squelettiques. L’agriculture ne change pas seulement l’alimentation des hommes : elle les contraint aussi aux servitudes nouvelles de tâches répétitives et pénibles. Les temps modernes ne font qu’amplifier ces problèmes. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Stéphane Foucart dans LE MONDE* !
Pour une fois, le journaliste fait son travail, aujourd’hui ce n’est pas beaucoup mieux qu’à l’âge de pierre ! Si ce n’est bien plus mal : « Les troubles métaboliques liés à la sédentarité et à une alimentation trop riche en graisses et en sucres ont un énorme impact sanitaire et favorisent les maladies non transmissibles, qui provoquent plus de 35 millions de morts par an dans le monde, soit davantage que les maladies infectieuses. »** Vivement l’effondrement de la société thermo-industrielle et le retour au paléolithique !
* LE MONDE du 3 février 2012, L’apparition des premières caries, il y a quelque 11 000 ans…
** LE MONDE du 3 février 2012, Trop de sucre nuit gravement à la santé
Effectivement, d’une part elle n’est pas synonyme de qualité de vie, mais la recherche de son allongement elle est une projection culture. L’inclusion de l’espérance de vie dans l’IDH est donc une grossièreté d’occidental (au sens large, du bonhomme civilisé).
Je prend pour exemple cette société tribale où la mort est choisie et provoquée systématiquement. http://www.youtube.com/watch?v=ubKS4_mM3bo
L’espérance de vie des bushmens serait actuellement de 45-50 avec 10% de la population qui dépasserait 60 ans (source: http://www.kalahari-meerkats.com/fileadmin/files/guides/Bushmen_light.pdf).
Elle devait être comparable il y a 10000 ans, vu que leur mode de vie n’a pas évolué, on peut même imaginer qu’elle était supérieure parce qu’ils avaient accès à de vastes territoire, accès à l’eau, n’étaient pas stressés par la pression du monde civilisé (et minier), ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (http://www.survivalfrance.org/peuples/bushmen).
Il est certain que c’est moins que les 63 ans du français moyen, mais ce n’est qu’une façon de calculer qui avantage notre mode de vie.
L’aborigène pourrait penser: « Voyez ces pauvres français, ils passent l’essentiel de leur vie à peiner pour un travail aliénant, à regarder la TV ou à errer dans des centres commerciaux. Il ne leur reste presque pas de temps pour jouir de la vie, profiter de leur famille et amis, chasser, faire la sieste, construire des choses de leur main. Ils vivent dans la hantise de manquer d’étranges papiers sans lesquels ils mourraient de faim. Ils vivent bien plus vieux que nous, mais pour la plupart c’est un enfer d’ennui et de souffrances, les chanceux en bonne santé ne font qu’en profiter pour faire ce qu’ils n’ont pas pu faire le reste de leur vie. C’est tellement dur que la plupart d’entre eux ont besoin toute leur vie de drogues diverses et de médicaments pour supporter cette triste situation. »
Dans la même veine, à lire « Le papalagui ».
Bref, espérance de vie n’est pas synonyme de qualité de vie.
C’est pourtant très simple à comprendre: on mourrait d’une occlusion intestinale, d’un phlegmon, d’un cancer (ben oui les cancers existaient il y a 11000 ans!) ou plus simplement d’une infection qu’on jugerait bénigne aujourd’hui, sans parler des malformations cardiaques inguérissables … et pourtant il n’y avait pas de pesticides à l’époque.
Quant aux dépenses de santé, leur part dans le PIB a cru de 7,3% entre 1960 et 2006 en France (4,5% en Allemagne) source OCDE.
Ceci est du aux progrès de la médecine qui conduit au vieillissement des populations des pays développés. Bref si vous voulez vivre vieux restez dans un pays développé que dans un PVD avec moins de produits chimiques….
Est-ce vraiment comparable ? L’allongement de l’espérance de vie dans les sociétés industrialisées n’est-il pas rendu possible par une sur-médicalisation, par une capacité à amoindrir les effets néfastes de nos modes de vie grâce à la technologie ? On observe une recrudescence des cancers par exemple, mais on progresse dans la capacité à les soigner ou à les neutraliser… Cela peut-il durer et se généraliser ? A quel coût ? Avec quelles conséquences pour le milieu naturel ?
Nos dépenses de santé augmentent déjà de 5 % par an… ne peut-on pas imaginer que l’on parvienne à un seuil au delà duquel il devienne impossible de demander à la médecine de gommer les dégâts de notre alimentation et de notre mode de vie ? Du reste, les personnes qui vivent jusqu’à 80 ans aujourd’hui ont connu 30 ans de vie sans pesticides…
L’espérance de vie en bonne santé en 2009 en France était de 62,5 ans pour les hommes et 63,5 pour les femmes (source Insee).
Il y a 11 000 ans, un Bochiman devait avoir une espérance de vie de 20 à 25ans….
Personnellement je préfère vivre aujourd’hui qu’il y a 11 000 ans…pas vous???