Moi, malade de Parkinson, demande à mourir

Ce n’est pas parce que les nazis ont dévoyé le mot « euthanasie » qu’il ne faudrait plus l’employer. Il signifie une « bonne mort », c’est-à-dire une mort paisible, autant que possible. L’acte létal est pour certains un « assassinat », mais pour d’autres dont je suis comme un acte d’humanité, de fraternité même.

Lire, 2027, ministère de la bonne santé

Jean-Marie Malick :« Dans le débat sur l’euthanasie, on entend surtout des « experts » de toutes sortes, le personnel médical, les représentants des cultes… Les grands oubliés, ce sont les malades, directement concernés,Il y a trois ans, on m’a diagnostiqué un syndrome de Parkinson. Le débat actuel, pour moi, n’est pas un affrontement de principes universels et désincarnés mais une question existentielle urgente. Une majorité de soignants rejette l’euthanasie active. C’est leur droit le plus strict. Une petite minorité se dit prête à administrer un produit létal ou à accompagner le suicide. C’est amplement suffisant. Les autres ne devraient pas se sentir concernés. Peut-on imaginer que les anti-IVG imposent leur choix à toutes les femmes qui veulent interrompre leur grossesse ? Qui peut me dicter la façon dont je dois mourir ? L’alternative, si je ne veux plus vivre, est un suicide violent ou une mort « douce », entouré des miens. Un suicide, même non violent, reste un traumatisme pour les proches, assister pendant des mois ou des années à une lente agonie est encore plus traumatisant. J’ai le droit de trouver que ma vie pourrait ne plus avoir de sens. Je revendique la liberté d’avoir une conception personnelle d’une vie pas digne d’être vécue.

La loi Claeys-Leonetti donne trop de pouvoir aux médecins, qui décident souvent à la place du patient ce qu’est un « acharnement thérapeutique », notion particulièrement floue. Cette loi présente aussi de grandes lacunes pour les malades qui ne sont pas en fin de vie mais qui souffrent d’une maladie neurodégénérative incurable et dont la vie peut devenir un enfer. Il faut une nouvelle loi afin que les Français qui veulent une mort délibérée – pour eux-mêmes, sans rien imposer aux autres et sans mettre en danger ceux qui accepteraient de les aider – ne soient pas obligés d’aller faire du tourisme létal en Belgique ou en Suisse. »

Le point de vue de la liberté

ti Gilou : Merci pour ce témoignage, simple, direct. C’est un vivant plaidoyer pour la liberté de choix individuelle, n’en déplaise aux cathos tradis qui veulent régenter le monde.

Ennah : Je suis entièrement d’accord. Respecter les souhaits de quelqu’un atteint de maladie incurable est un acte d’humanité. Sus aux principes immuables, place à l’empathie !

Mamani Quispe : Ma foi, qui pourrait attaquer ce point de vue? Chacun devrait être libre de choisir sa mort et de pouvoir éviter de grandes souffrances. Mais le cas-limite qui vient à l’esprit est celui des candidats au suicide assisté pour raisons purement psychologiques.

MFT : Vous n’avez sans doute aucune idée de ce qu’est une souffrance psychologique intense.

Jean-Pierre Peyrard : Il n’y a rien à ajouter à cl’analyse de JM. Malick, remarquable de clarté, de justesse et de sensibilité contenue. Elle oppose un net démenti aux propos d’Agnès Buzyn, ex-ministre de la santé, publiés dans Le Monde du 17 mars dernier (elle déclare, entre autre, que ce sont les personnes en bonne santé qui débattent de l’aide active à mourir).

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé de 2017à 2020 : J’ai vu malheureusement des centaines de personnes en fin de vie. Je n’ai pas le souvenir de malades qui m’aient demandé à mourir. Cette question de la liberté du moment de la mort se pose essentiellement quand on est encore en bonne santé Le débat sur l’aide active à mourir est, à mes yeux, d’abord un débat entre personnes bien portantes.

ben tiens : « J’ai vu malheureusement des centaines de personnes en fin de vie. Je n’ai pas le souvenir de malades qui m’aient demandé à mourir ». Cela contredit l’expérience de milliers, de milliers et de milliers de familles. Madame Buzyn, c’est un scandale absolu d’écrire des inepties pareilles

yannick14 : Lors d’une fin de vie, s’il n’y avait qu’un seul patient qui demande  » je veux mourir , c’est insupportable  » de quel droit lui dire : NON ! le problème n’est pas de laisser vivre ceux qui le veulent, mais de laisser mourir ceux qui le veulent.

Lire, Fin de vie, comparaison internationale

1 réflexion sur “Moi, malade de Parkinson, demande à mourir”

  1. On le sait depuis Aristote, le pathos est une méthode de persuasion par l’appel à l’émotion du public. Ce n’est pas la seule bien sûr. Le pathos influe sur le jugement, les preuves deviennent alors subjectives (=> “preuves”).
    ( Rhétorique du pathos : la preuve par l’émotion. – icar.cnrs.fr )

    À moins bien sûr que le mot « argument » veuille désormais dire autre chose que ce qu’on lit dans n’importe quel dictionnaire, pourquoi ceux des anti auraient-ils moins de valeur que ceux des pro ?

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