Depuis 2002, Nicolas Hulot nous annonce la catastrophe :
« Le titre que nous avons choisi pour ce livre est amplement justifié : Combien de catastrophes avant d’agir ?). C’est-à-dire avant que les politiques prennent leurs responsabilités et donnent enfin à la politique de l’environnement la place qui doit lui revenir. Et avant que nous-mêmes, citoyens, électeurs et consommateurs, sortions de notre insouciance pour conjurer les périls qui sont déjà en la demeure et qui préparent immanquablement, à nous et à nos descendants, une forte dégradation de nos conditions de vie. (Seuil 2002, 14 euros) »
Depuis Nicolas ne s’est pas découragé malgré l’inertie des politiques, conseillant les présidents de la république ou faisant pression sur eux, candidat aux primaires des écolos, parcourant le monde pour que nous puissions enfin faire face à la catastrophe en marche. Treize ans après son dernier opuscule*, il en appelle encore à la responsabilité des politiques alors que les négociations internationales sur le climat patinent (depuis vingt ans maintenant !). En voici quelques extraits :
« Nous assistons en spectateurs informés à la marche vers la catastrophe globale. L’humanité doit se ressaisir, sortir de son indifférence. “Ne soyez pas trop alarmiste, ne cesse-t-on de me sermonner, vous allez effrayer.” Mais si le diagnostic est faux, le traitement le sera tout autant. Si l’on vous promet à l’horizon un lac plutôt qu’un océan agité, vous armerez le bateau différemment. Aucun territoire, même le plus reculé, n’échappe à la blessure de l’homme. Au plus profond des abysses, notre empreinte est visible. Or notre survie dépend d’une petite couche d’humus sous nos pieds et d’une infime pellicule délicate, l’atmosphère, au-dessus de nos têtes. L’une comme l’autre, nous les saccageons.
– Osons affirmer que la planète peut se passer de nous, mais que nous ne pouvons pas nous passer d’elle.
– Osons dire que le fatalisme des uns provoque le fanatisme des autres.
– Osons dire que la violence capitaliste a colonisé tous les cercles de pouvoir.
– Osons l’action plutôt que les déclarations, l’ambition plutôt que la résignation.
– Osons dire que l’écologie n’est un sujet ni de gauche, ni de droite, ni du centre, c’est un sujet supérieur. C’est simplement l’avenir et la sauvegarde de la famille humaine et de son écosystème, la planète. Penser écologique, c’est penser intégral. L’écologie, c’est accepter les limites de notre planète et en tirer les leçons.
– Osons dire que toutes nos crises n’en sont qu’une : une crise de l’excès. Fixons-nous des limites, car la limite n’est pas une entrave à la liberté, mais sa condition. La liberté, c’est la loi qu’on se fixe à soi-même. Sans limites, l’homme s’enivre, divague et se perd.
– Osons honorer l’océan, l’humus, l’eau et l’air. Osons nous affranchir d’un anthropocentrisme ravageur. »
* Osons, plaidoyer d’un homme libre, Nicolas Hulot, Les liens qui libèrent, octobre 2015, 96 pages, 4,90 €.
Pour en lire plus, LE MONDE du 8 octobre 2015, Hulot : « Nous sommes obligés de changer pour ne pas disparaître »
Osons le dire, le facteur principal de pression anthropique est le nombre des hommes.