Nicolas Hulot, compatible avec le Front National ?

Marine Le Pen a jugé le projet de l’écologiste Nicolas Hulot compatible avec celui de son propre parti : « On a relu avec mes conseillers le projet qu’il avait fait en 2007, son projet de programme : il y a énormément de choses qui sont tout à fait compatibles avec le projet du Front national ». Nous avons relu le Discours environnementaliste de papa Le Pen en février 2007. On voit certes une certaine concordance dans le préambule : « Le matérialisme effréné qui inspire depuis des décennies la politique gouvernementale a détruit l’harmonie entre la nature et l’activité humaine. C’est le résultat d’une idéologie qui considère le monde comme une immense usine, dans laquelle l’homme est uniquement un producteur et un consommateur interchangeable, sans patrie, sans famille, sans racine, sans terroir. » Mais dès qu’on rentre dans le programme, tout est différent.

Jean-Marie Le Pen croit de façon très théorique  que « l’homme est au cœur de la nature dont il doit respecter les lois », mais c’est pour faire place à l’homme : il approuve le défrichement de millions d’hectares de forêts et le drainage des marais. Jean-Marie Le Pen invente une « religion de la Terre appelée Gaïa » pour laquelle « La nature est bonne, l’homme est mauvais ». Quelle imagination ! Nicolas Hulot constate qu’en réalité l’homme n’est pas le Tout, il est la fraction d’un Tout ; il doit donc se sentir lié avec le vivant. Quand il fait eau commune avec des baleines, Nicolas Hulot n’a pas une étrangère en face de lui. Il pense avec la science que nous sommes issus avec l’ensemble du vivant d’une même histoire, d’une même matrice. Il pense que nous avons des obligations vis-à-vis de la nature.

Jean-Marie Le Pen se range carrément du côté des climatosceptiques : « Aujourd’hui, un nouveau péril nous guetterait, dont les hommes seraient les responsables : la température moyenne du climat augmenterait à cause des gaz carboniques à effet de serre émis par les activités humaines depuis 1750. Faut-il, sur la base de données discutables, nous engager dans un processus remettant en cause notre économie et notre indépendance ? » Nicolas Hulot juge avec le GIEC que l’émission de gaz à effet de serre est une menace : « Quand nous construisons une troisième plate-forme aéroportuaire sur Paris, cela va accentuer le changement climatique. Or les océans ont une capacité de stockage du CO2 qui diminue lorsque la température de l’eau augmente et le permafrost, qui repasse régulièrement à des températures positives, reprend sa fermentation et libère du méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus efficace que le CO2 »

Jean-Marie Le Pen est pour la poursuite du confort motorisé : « La liberté de millions de Français est déjà entravée par des règlements et des politiques inspirées par les Verts. Leur autophobie révèle un esprit totalitaire. La voiture constitue en effet pour les Français un moyen d’évasion, réservé jusque dans les années 50 aux plus fortunés. L’écologie ainsi dévoyée peut conduire à l’établissement d’un système totalitaire mondial, rationnant nos activités et nos dépenses et imposant des normes sociales contre-nature ». Nicolas Hulot estime que des leviers existent pour engager d’autres manières de se déplacer, pour économiser l’énergie et les ressources naturelles. Il veut changer de cap, libérer la société et les esprits des diktats d’un mode production et de consommation contaminé par l’illusion de la croissance quantitative. Mais l’écolofascisme ne sera pas le fait de Nicolas Hulot.

Jean-Marie Le Pen attaque ardemment les objecteurs de croissance : « Une autre idéologie, née en 1972 avec les thèses du Club de Rome, préconise pour sauver la planète de la surpopulation et de la surproduction, l’arrêt de la croissance. Elle considère que l’humanité constituant une espèce dangereuse pour l’environnement, il faut en réduire les activités et la population… Les plus modérés suggèrent juste un ralentissement de la croissance, les plus radicaux militent pour un retour à un âge d’or. Cette idéologie, d’apparence bucolique, est en réalité plus criminelle que celles qui ont ensanglanté le siècle dernier… Ce n’est pas en freinant la croissance économique de nos nations que nous protègerons notre environnement ». Pour Nicolas Hulot, des moyens existent pour faire décroître l’empreinte écologique, des solutions existent pour améliorer l’emploi, mieux redistribuer les richesses, installer une croissance qualitative et sélective. Il en appelle à celles et à ceux qui refusent de s’abandonner à la fuite en avant productiviste.

Jean-Marie Le Pen croit posséder LA solution finale, le nationalisme : « Dans le domaine économique et social, le bon sens nous amène à penser qu’une nation dotée de frontières constitue le modèle politique le plus performant. Il en est de même dans l’ordre écologique. Les frontières, bien sûr, ne protègent pas de toutes les pollutions, notamment climatiques. Des frontières nous permettraient d’imposer des droits de douane spécifiques sur les marchandises produites dans les pays ne respectant pas les normes environnementales. Le rétablissement de nos frontières nous permettrait enfin de lutter contre la pollution automobile en imposant, comme le fait déjà la Suisse et comme veut le faire la Belgique, un droit de passage aux véhicules immatriculés à l’étranger ». La candidature de Nicolas Hulot se situe à l’opposé des choix qui exacerbent les peurs et les tensions entre les peuples, les cultures et les religions. Pour lui l’espace européen est devenu notre biotope commun. Pour lui, la fragmentation et les divisions pour nous cataloguer dans des espèces, des races, des nationalités, ne sont que produits abstraits de la pensée. Pour lui, le meilleur atout pour réussir le changement, c’est la diversité. Aux peurs et aux pulsions identitaires qui désagrègent les liens du vivre ensemble, Nicolas Hulot oppose un autre projet de société.

Laisser croire que le Front National et Nicolas Hulot peuvent marcher main dans la main n’était donc qu’imposture de la part de Marion Anne Perrine Le Pen, dite Marine parce que ça fait plus national.

5 réflexions sur “Nicolas Hulot, compatible avec le Front National ?”

  1. « Mais nous ne savons pas quelle est la personnalité politique en France qui pourrait tenir un tel discours, à la fois écologique et malthusien. Certainement pas le Front national, croissanciste et populationniste… »

    En effet, et c’est bien dommageable.
    Ceci dit, je partage tout de même la vision de Nicloas HULOT.

  2. Bonjour Sébastien
    L’écologie n’est pas un soutien aux mouvements migratoires. En effet des flux démographiques importants signifient une instabilité des populations dans leur écosystème d’origine, la recherche de territoires nouveaux pour fuir chômage ou désordre socio-politiques, et la déstabilisation de la biosphère dans un monde déjà surpeuplé.

    Mais nous ne savons pas quelle est la personnalité politique en France qui pourrait tenir un tel discours, à la fois écologique et malthusien. Certainement pas le Front national, croissanciste et populationniste…

  3. « Pour lui, le meilleur atout pour réussir le changement, c’est la diversité. Aux peurs et aux pulsions identitaires qui désagrègent les liens du vivre ensemble, Nicolas Hulot oppose un autre projet de société »

    Vivre ensemble suppose, si ce n’est des racines communes, au moins un effort d’intégration de la part des immigrés. Peut-être simplement apprendre la langue locale pour commencer, ne pas se trimballer avec des pots sur la tête en costume de mama africaine, arrêter de pondre tous les 9 mois et se précipiter à la CAF….et j’en passe.
    Je suis français né en province où mon éducation a fait de moi quelqu’un qui RESPECTE les autres. J’habite en SEINE SAINT DENIS depuis quelques années et enfin je m’apprête à déménager. Peut-être que cela m’évitera de voter LE PEN en 2011…

  4. Le Front National n’est pas fiable. Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen en 2007 n’avait pas signé le Pacte écologique de Nicolas Hulot. Aujourd’hui la digne fille de son père se trouve une compatibilité avec ce même programme !

    L’écologie est vraiment inaccessible pour un parti productiviste fermé aux idées nouvelles.

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