Nicolas HULOT, deus ex machina en 2007

En 1990, Nicolas HULOT crée une fondation « pour la nature et l’homme », afin de favoriser l’éducation à l’environnement. Son but était de s’adresser au grand public pour lui faire découvrir et comprendre la nature, et amener par là même à son respect et à sa protection. Début 2000, Nicolas souhaite devenir un acteur du débat public. A la différence de nombre de personnalités publiques qui s’autorisent une opinion tranchée sur ce qu’il convient de faire alors qu’au fond elles ne connaissent rien au sujet, il décide qu’il veut comprendre de quoi il retourne avant de commencer à utiliser son porte-voix. Il crée au sein de sa fondation un organe qui reste à ce jour unique au sein du monde associatif environnemental : le Comité de veille écologique. Ses membres sont tous des experts d’un sujet donné, et souvent chercheurs dans les domaines biodiversité, climat, énergie…

En pratique, tous les deux mois environ, nous nous retrouvions à dix ou quinze avec Nicolas Hulot, sans ordre du jour très précis, chacun étant tout à tour orateur passionné et auditeur attentif. Au bout de quelque temps, l’envie de passer des explications à l’action est née. Divers ouvrages ont donc été rédigés, dont le plus visible en 2002 a été Combien de catastrophes avant d’agir. En 2005 nous est venu l’envie de rééditer ce genre d’exercice, mais avec cette fois une visée opérationnelle : se faire récupérer dans tous les programmes de tous les candidats à l’élection présidentielle de 2007, rien de moins. Cet œcuménisme était une conséquence logique de l’apolitisme – au sens de l’absence de prosélytisme pour un parti particulier – qui a toujours été en vigueur au sein de la Fondation, à tel point que je n’ai aucune idée des préférences partisanes de la plupart de mes collègues (Hulot  compris, qui n’a jamais exprimé la moindre préférence lors des réunions où j’étais présent).

                Ce qui allait s’appeler le « Pacte écologique » a abouti aux sujets structurants suivants : le climat (taxe carbone), l’agriculture (réorientation de la PAC), la hiérarchie des priorités de l’action gouvernementale (le vice-premier ministre en charge du développement durable) et l’avenir (la recherche et l’enseignement). Mais la suite devait nous réserver une belle leçon de réalisme. Car ce qui a lancé le pacte, et ce qui a motivé les candidats à les reprendre à leur compte, ce n’est pas la patiente construction de l’argumentaire, ou la pertinence soigneusement étudiée des propositions. Non, ce qui a produit cet effet, c’est la valse-hésitation de Nicolas Hulot concernant une éventuelle candidature à la présidentielle. Dès qu’il a expliqué que peut-être il irait, sauf que peut-être il n’irait pas, il n’était plus question pour un candidat de ne pas signer le Pacte écologique : c’était prendre le risque de ne pas pouvoir rallier  sur son nom au second tour tous ceux qui auraient voté pour Hulot au premier. Dès lors tous les candidats sont allés signer le Pacte, et le coup est parti pour de bon.

Jean-Marc Jancovici (Changer le monde, tout un programme !)

2 réflexions sur “Nicolas HULOT, deus ex machina en 2007”

  1. Précisions en 2011
    « Deus ex machina », personne venant opportunément dénouer une situation dramatique sans issue.

    Nous ne savons pas encore si Nicolas HULOT pourra jouer ce rôle dans le grand théâtre qu’offre notre la comédie/tragédie humaine. Nous ne connaissons pas encore les jeux de pouvoir qui se joueront lors des primaires écolos. Nous ne savons pas si les électeurs, touchés par la grâce, enverront Nicolas au second tour des présidentielles. Mais à l’heure où un écolo arrive au pouvoir dans le Bade-Wurtemberg, tout est possible…

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