Nathalie Kosciusko-Morizet a osé contrer le concours de lâcheté, elle a provoqué une crise de nerfs de l’UMP, on lui demande plus de solidarité, elle s’est couchée, l’incident est clos. Ce n’est pas la première fois qu’un ministre de l’environnement, seul contre tous, doive manger son chapeau. Rappelons-nous la nomination en mars 2004 de quelqu’un de vertueux en matière d’écologie, Serge Lepeltier : il a été tout de suite invalidé par ses amis de droite.
Quand le ministre de l’écologie proposait de relancer la taxe azote pour étayer une véritable loi sur l’eau, le ministre de l’agriculture H.Gaymard se contentait de dire que l’agriculture n’était pas en mesure de supporter un prélèvement supplémentaire. Quand le ministre de l’écologie annonçait publiquement la mise en place d’un système bonus-malus à l’achat de voitures neuves destiné à limiter l’effet de serre, il ne trouvait en face de lui que papotage et indifférence de la part des députés UMP. Raffarin contredisait ensuite S.Lepeltier par un arbitrage défavorable : la mesure phare du plan climat était étouffée dans l’œuf. Quand H.Gaymard marquait son opposition aux propositions de la Commission européenne qui voulait réduire les captures de poissons, J.Chirac se rangeait à ses côtés en réclamant une « vraie étude de fond, scientifique » sur l’état des ressources halieutiques alors que les recherches de l’Ifremer étaient incontestables.
Dans un gouvernement libéral, il n’y a aucune convergence possible entre le ministre de l’écologie et les députés, entre le ministre de l’écologie et celui de l’agriculture ou de l’industrie, entre le ministre de l’écologie et le Premier ministre, entre le ministre de l’écologie et les paroles du Président de la République. Ce que disait Serge Lepeltier dans son allocution de départ reste toujours d’actualité :
« J’ai réalisé que les enjeux environnementaux sont plus considérables qu’on ne le dit et qu’il est urgent de mettre l’environnement au cœur de toute politique. Les décisions qu’on a prises ne sont pas suffisantes, loin de là, mais j’ai dû entrer dans le système existant, et je pense qu’il faut totalement le changer. Mon ministère est un ministère qui dérange, l’empêcheur de tourner en rond. Alors ceux que l’on dérange, les représentants d’intérêts particuliers, ne souhaitent qu’une chose, c’est qu’il n’existe pas. C’est ma crainte. On ne le supprimera pas, c’est impossible politiquement. Mais, sans le dire, on risque de n’en faire qu’une vitrine. »