Notre nombre accroît le risque épidémique

Voici les propos de Michel Sourrouille dans Sud Ouest du 14 janvier 2021 retranscris par la journaliste Delphine Lamy.

Des risques croissants d’épidémie

Michel Sourrouille, militant politique et associatif notamment comme membre de l’association Démographie Responsable, a produit plusieurs ouvrages sur l’écologie. Son cinquième essai « Arrêtons de faire des gosses ! » est sorti aux éditions Kiwi. Entretien.

« Sud-Ouest » Comment vous êtes-vous intéressé aux questions démographiques ?

Michel SOURROUILLE Progressivement, par accumulation de connaissances. Il y a tout juste cinquante ans, je lisais dans « Partisans » un dossier, Libération des femmes, année zéro. J’avais pris quelques notes : « Du point de vue du danger, mieux vaudrait vendre les pilules dans des distributeurs automatiques et ne délivrer les cigarettes que sur ordonnance… » Je ressentais déjà que la question démographique est très complexe et relève souvent d’injonctions contradictoires.

En quoi concrètement la surpopulation va mener à la perte de la planète et par conséquence à la perte de l’humanité ?

« Mener à notre perte » dans le sous-titre de mon livre ne veut pas dire que l’humanité va disparaître. Mais c’est un fait étudié par maintes études scientifiques que nous fragilisons par notre nombre et par notre emprise techno-économique les différentes composantes de la planète : climat, ressources renouvelables et non renouvelables, biodiversité…

Quelle place tient l’économiste britannique Malthus dans votre pensée ?

Ce sont mes études en faculté de sciences économiques à la fin des années 1960 qui m’ont fait découvrir Thomas Robert Malthus. Cet économiste et pasteur anglican a mis en évidence à la fin du XVIIIe siècle une sorte de loi démographique : quand on laisse faire la nature, la population croit selon une progression géométrique très rapide et l’alimentation seulement comme une progression arithmétique bien plus lente. Il y a un déséquilibre qui se résout par des obstacles comme la famine, les épidémies et les guerres. Une seule solution, rationnelle, limiter les naissances.

Que pensez-vous du taux de natalité en France qui a baissé ces dernières années ?

La baisse du taux de natalité en France et dans d’autres parties du monde, cela ne veut pas dire que le taux d’accroissement démographique diminue. La population française continu d’augmenter et au niveau mondial le rythme d’accroissement conduit au doublement de notre nombre en moins de 70 ans. La question de fond subsiste : le poids du nombre d’humains en France ou dans d’autres territoires est-il compatible avec l’équilibre du milieu et la production durable de ressources ? La réponse est « non ». Au niveau mondial l’empreinte écologique de l’humanité est démesurée. Nous avons besoin de plusieurs planètes, ce qui est impossible, donc nous puisons dans le capital naturel et ce n’est pas durable.

Peut-on dire que la pression démographique a pesé sur l’émergence du Covid 19

La fin des épidémies explique pour une part l’explosion démographique, mais la surpopulation implique des risques croissants d’épidémies. C’est ce qu’on appelle une causalité circulaire. La concentration humaine accentue les risques de contamination. Le bacille de la peste au XIVe siècle trouva un terrain favorable dans une situation de saturation urbaine. Ne peut-on penser que nous sommes, au niveau mondial, dans une situation assez proche ? Les pandémies se multiplient aujourd’hui. A l’heure où je bouclais ce livre, nous apprenions que la ville de Wuhan, 11 millions d’habitants, était mise en quarantaine.

Pour en savoir plus: « Arrêtons de faire des gosses (comment la surpopulation nous mène à notre ruine) » de Michel Sourrouille aux éditions Kiwi (collection lanceurs d’alerte)

6 réflexions sur “Notre nombre accroît le risque épidémique”

  1. Malthus l’avait prévu, guerres, famines et épidémies se multiplient quand il y a surpopulation. Ainsi en Éthiopie. Depuis le début des affrontements entre les troupes du gouvernement fédéral et celles de la province dissidente du Tigré, 6 millions d’habitants, la guerre conventionnelle de novembre 2020 a progressivement laissé place à une guérilla dans les campagnes.
    La guerre a éclaté à quelques jours des moissons, la faim règne d’autant plus que la région a été partiellement ravagée par l’invasion de criquet pèlerins ; eux aussi savent se multiplier au delà de ce qui est tolérable. En Éthiopie, on meurt de faim depuis 40 ans, mais le nombre d’habitants est passé de 40 à 110 millions entre-temps… cherchez l’erreur.
    Des hôpitaux sont pillés et les populations privées de tout matériel médical ; manque de moyens et insouciance, la peur du coronavirus s’est diluée au moment même où il se propageait.

  2. De mon point de vue, il convient de modifier le titre de ce blog. Je propose :
    BIOSPHERE le point de vue des malthusiens et autres dénatalistes

    1. C’est vilain de déformer les propos d’autrui. Les sales gosses ont parfois besoin de fessée, mais surtout qu’on leur dise bien les choses. Je t’explique.
      Ce blog biosphere comporte douze « catégories » d’entrées : anthropisation ; biodiversité ; démographie ; écologie appliquée ; effet de serre ; énergie ; épuisement des ressources ; politique ; sciences et techniques ; simplicité volontaire ; spiritualités ; sports et loisirs.
      Ce blog renvoie aussi au « blogroll », site de documentation des écologistes avec 6 entrées : ACTION ; BIBLIOTHEQUE ; LEXIQUE ; REPERES ; SPIRITUALITES ; UTOPIE 2050.
      Comme tu le vois, mon enfant, ce blog biosphere n’aborde pas uniquement la question démographique. Pour ta punition, tu dois lire tout ce que présente biosphere et quand ce sera fini, tu calculeras la proportion d’anti-natalisme et tu reviendras me voir.
      Merci à toi, bonne lecture…

      1. Biosphère : Certes ce blog n’aborde pas uniquement la question démographique, cependant tout le monde peut constater la place que cette question y occupe. Si j’ai bien compté, sur un total de 24 articles depuis le 1er janvier, nous avons eu droit à 7 articles se terminant par la publicité pour le livre «Arrêtons de faire des gosses ». Curieusement elle n’apparait pas au bas de l’article d’hier, un oubli probablement. Je dirais donc qu’elle occupe déjà un bon tiers.

      2. Mais étant donné que tout est lié et que le problème démographique est particulièrement pensé ici comme le N°1, rares sont les fois où il ne revient pas sur le tapis. Parmi vos douze «catégories» d’entrées, à part sur les 3 dernières (simplicité volontaire ; spiritualités ; sports et loisirs) les anti-natalistes ont tout le loisir d’exprimer leur point de vue.

        Je l’ai déjà dit, l’écologie ratisse large. Et en plus elle a bon dos. Le Net regorge de sites et de blogs s’affichant soucieux de l’environnement. Certains sont particulièrement fréquentés par toutes sortes de végés, pour eux le Problème N°1 ne fait aucun doute, tous vegans et la planète sera sauvée. D’autres sont plutôt fréquentés par des passionnés de technologies high tech, vertes ça va de soi, ceux-là discutent de géo-ingénierie etc. Comme je dis, à chacun sa came, en attendant.. Et finalement je comprends que l’offre se doit d’être adaptée à la demande.

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