Sortir de la voiture individuelle ne sera pas une mince affaire. Pourtant ça urge, le climat et nos poumons sont à la peine. La loi d’orientation des mobilités (LOM) est discutée par nos députés depuis le 3 juin. Le projet inscrit dans la loi l’interdiction en 2040 de la vente des voitures utilisant des énergies fossiles (pétrole, essence, GPL, GNL). Bravo, même si l’association de Nicolas Hulot (FNH) estime que « La seule date réaliste et ambitieuse c’est 2030 pour être compatible avec l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 ». Pourquoi 2030 ? Parce que les véhicules ont une durée de vie de quinze à vingt ans. FNH a fait le calcul : entre une interdiction en 2030 et en 2040, ce sont environ 200 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) rejetées en plus dans l’atmosphère. Et attention à la cohérence : un tel choix implique une massification de l’électro-mobilité, et donc la multiplication des centrales nucléaires. Or là-dessus le projet ne dit rien
100 citoyen·nes ont interpellé les députées le 4 juin en organisant un die-in devant l’Assemblée Nationale. “Nous n’en poumons plus” déclare la banderole placée devant le Palais Bourbon, tandis que les activistes brandissent des pancartes “Le fond de l’air effraie”. Les collectifs Respiraction, Action Climat, Alternatiba et Greenpeace Paris appellent les députés à écrire noir sur blanc la fin de la vente des voitures neuves d’ici à 2030. Ils demandent que soit généralisé le droit pour tous les salariés au « forfait mobilité durable » obligeant les employeurs à rembourser les déplacements à vélo et en co-voiturage. Le forfait, tel qu’il est prévu par le projet de loi, peut être refusé par l’employeur. Ils exigent de supprimer les ristournes octroyées au fret routier et à l’aérien sur les taxes carburants diesel, kérosène et carbone, une mesure absente du projet de loi. Les activistes appellent tout un chacun à interpeller leurs députés cette semaine sur le site “Pour qui roulez-vous ?” avant qu’il ne soit trop tard :
Sur le vélo, les associations reprochent aussi au gouvernement et aux parlementaires d’avoir « rétropédalé » en n’inscrivant pas l’apprentissage du « savoir rouler » à l’école. Autre mesure réclamée, « Mettre en œuvre une fiscalité juste et équitable » en mettant fin au remboursement des taxes sur le diesel professionnel dont bénéficient les transporteurs routiers. En outre, les militants de la cause climatique demandent l’abandon de tous les nouveaux projets autoroutiers ou de contournements, comme il en existe à Strasbourg, Toulouse ou Rouen. Mais des gilets jaunes sans voiture, ce n’est pas pour demain vu les résistances multiples. Le syndicat FO annonce « une casse sociale sans précédent », estimant que 340 000 emplois sont en danger. » Et les cons-ommateurs privilégient les SUV (37 % des ventes en 2018), ces grosses berlines qui font croire au 4 × 4.
pour en savoir plus sur notre blog biosphere :
18 octobre 2017, La chasse aux automobilistes est ouverte, feu à volonté
29 février 2016, Dévoiturage : l’urgence de sortir du tout routier
5 mars 2013, En route vers le dévoiturage
Faire renoncer à la voiture ? Hou là là ! Bien audacieux le politicien qui aura les boules du courage pour affronter la problématique ! Mais quand on sait que la plupart d’entre eux se font plutôt greffer un p’tit minou entre les jambes, autant dire c’est plutôt mal barré, vraiment mal barré….
A part une bonne dictature pour résoudre le problème, il n’y a pas d’autre solution, par un système démocratique, les gens admettront que c’est vrai il faut réduire le parc automobile, hormis qu’ils diront que ce sont aux autres d’abandonner leurs voitures, car évidemment soi-même il y a aura toujours une bonne raison hautement plus légitime qu’autrui pour continuer de conduire….
Déjà, je le vois dans le cercle familial, comme quoi il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour constater que personne ne voudra sciemment arrêter de conduire. Par exemple, j’ai un frère de plus de 55 ans, il a perdu son job après près de 30 d’années de service, car sa boîte a fermé. Ses revenus ont énormément diminué, MAIS, il préfère se priver de manger que de revendre la voiture…. Et il me parle même d’en racheter une dans 2 ou 3 ans, lorsque celle qu’il a sera morte… Je lui ai dit, que c’est con de ne pas la revendre et que je suis estomaqué à ce qu’il garde espoir d’en racheter une. Mais de vivre sans voiture, il ne l’imagine même pas comme scénario, même sous la contrainte économique, j’hallucine, mais bon…. Bon là, c’est juste qu’un seul individu qui est mon frère en exemple, mais il n’empêche pas moins que ce sont tous les automobilistes qui pensent comme lui…. D’ailleurs, quand je lui parle de l’aspect écologique du problème, il s’en fout aussi, il m’a répondu que dans 20 à 30 ans il sera mort, que le problème ne le concerne pas ! MAIS, ils sont aussi des millions, et même des dizaines de millions d’automobilistes à penser la même chose….
Donc oui, à part la dictature pour confisquer les joujoux aux enfants gâtés, il n’y a pas d’autres solutions…. Tant que la carcasse métallique dort tous les soirs au garage, les gens l’utiliseront dès le petit matin au réveil, la tentation du volant à portée de main sera toujours plus forte que le renoncement censé !
Une contradiction essentielle que vous avez bien soulignée dans la conclusion : les gilets verts voudraient augmenter le prix de l’essence avant sa suppression, les gilets jaunes veulent que le prix baisse…
En 1998 je me suis fait voler mon diesel, j’ai décidé de ne pas le remplacer. Depuis 20 ans je n’ai plus de voiture, mais j’habite en 92, avec un studio dans une petite ville de province ; je prends le TER ou blablacar.
Je me prends régulièrement dans la tronche les grèves de la SNCF, les messages stupides inlassablement répétés (« Nous vous rappelons de ne pas descendre avant l’arrêt complet et en l’absence d’un quai… »), la valse des horaires, les tarifs à la carte, les vitres si noires de crasse qu’on ne voit plus au travers, etc. (je dois dire qu’à l’intérieur, en général, c’est propre). Je vois les gares se dégrader d’année en année, puis fermées ou vendues, le matériel obsolète remis en marche, les guichets et services supprimés, les logiciels essoufflés et inopérants.
Quand au covoiturage, c’est une négociation constante pour ne pas être largué dans la nature (la sortie d’autoroute est à 12 km de la ville), pas de gare routière, pas d’abri, pas de lumière, pas de chauffage, pas d’eau ni de toilettes.
Si on nous proposait une petite voiture électrique pas trop chère, et des bornes en nombre suffisant, j’en achèterais une. Mais on en est très loin. Après la guerre, nous avons eu la 2CV et les Allemands la Coccinelle. Alors qu’est-ce qu’on attend ?
Il est bien difficile de se passer de voiture dans la société moderne sauf peut être lorsque l’on habite Paris, mais il y a des choses que l’on peut faire rapidement
– effectivement supprimer toutes les compétitions automobiles qui sont une ode à la puissance et à la vitesse, c’est ridicule de continuer cela
– faire des voitures plus petites, plus légères et beaucoup moins puissantes (des voitures de 100 kw pour transporter un ou même quatre humains sont une aberration)
-développer le télétravail
– obliger les entreprises et les immeubles collectifs à avoir toutes un lieu de garage des vélos
– réduire la fécondité (moins de gens c’est moins de voitures)
– taxer plus lourdement les carburants notamment le diesel et le kérosène, il faut que l’on paye pour l’énergie que l’on dépense, on augmente sans arrêt les impôts locaux pour de l’immobilier alors que pour l’automobile, l’essence n’a jamais été (ou presque) aussi peu chère, l’avion doit payer aussi et les transports routier payer à la juste mesure de leur impact.
Pour l’électrique généralisé, je suis très prudent ça me semble difficile
@ Didier Barthès. C’est vrai qu’il est difficile de se passer d’une voiture, puisque notre société a été organisée autour de la voiture (pour aller bosser, pour aller faire ses courses etc.) N’oublions pas que l’industrie automobile participe à faire tourner le Système, Business as usual ! (200.000 d’emplois rien qu’en France, 100 millions d’automobiles vendues dans le monde en 2018, plus d’1 milliard de voitures en circulation, etc.) Autant dire qu’ il ne faut pas s’attendre à ce que les tenants du Système sabordent ce secteur, et a fortiori tant que ce satané culte de la sacro-sainte Bagnole perdurera. Bref, là encore, le cercle vicieux.
Vous dites « moins de gens c’est moins de voitures ». Je dis que ce n’est pas aussi simple que ça. Regardez le nombre de voitures par habitants selon les latitudes : 661 pour 1.000 en Amérique du Nord ; 569 pour 1.000 dans l’Union européenne ; 79 pour 1.000 en Asie, Océanie et Moyen-Orient ; 44 pour 1.000 en Afrique. Soit 253 millions de voitures particulières dans l’Union européenne ; 22 millions en Inde. (chiffres 2014)
Enfin, vous souhaitez développer le télétravail. Bien que l’informatique et l’Internet soient très loin d’être sans effets néfastes… je ne suis pas forcément contre. Mais regardons d’abord de quel genre de travail il s’agit. Parce que s’il s’agit de concevoir de nouveaux phares ou de nouvelles calandres plus « design », ou alors des pubs pour des SUV « propres », et autres conneries du genre… alors je dis que c’est ce genre de travail qui doit disparaître.
100 « citoyen-nes » ! Ouah, eh ben ça nous en fait du monde !! Et « avant qu’il ne soit trop tard » … ben voyons.
En finir du CULTE de la sacro-sainte Bagnole ne sera pas une mince affaire, en effet, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais on peut toujours rêver.
Alors on se plait à rêver qu’en 2040 on roulera tous à l’électrique. Ou alors à l’hydrogène, on dit que c’est bon l’hydrogène. Moi je dis que le top c’est le Cosmogol 999. En 2040 les plus riches et les plus passionnés auront de gros SUV ou 4×4 bien «propres» et en plus super «intelligents». Ben oui, on dit que le QI baisse, alors faut bien que nos bagnoles le soient à notre place, non ? Les passionnés pourront même faire des tours de circuits en formule E à plus de 200 km/h , on n’arrête pas le Progrès. Les plus modestes se con tenteront de petites Zoé, de trottinettes électriques et autres innovations à la con. Bref, on se plait à croire qu’en 2040 ce sera comme aujourd’hui. Les lobbies des EnR comme du nucléaire ont bien fait leur travail de propagande, faut dire qu’avec un tel niveau de réflexion ce n’était pas bien difficile. Moralité, vive la sacro-sainte Transition ! Ou alors, à mort cette « transition » à la con ! C’est selon qu’on aime ou pas, les goûts et les couleurs on ne discute pas.
En attendant … 2040… pas question d’en finir avec le culte de la sacro-sainte Bagnole et de la Vitesse, pas question d’en finir de toutes ces courses de vroum-vroum débiles, ni du rituel annuel, le sacro-saint Salon de l’Auto, ni de toutes ces bibles toxiques, les Auto-Plus, Auto-Moto et autres. Quant à interdire la pub, interdire la construction de véhicules démesurés, toujours plus compliqués, irréparables… faut même pas y penser. Misère misère !