On n’échappe pas facilement au dilemme malthusien

A partir des années 1980, le spectre du surpeuplement resurgit avec un nouveau costume, celui de la dégradation inéluctable de l’environnement sous la pression de l’espèce humaine. Métamorphose de Malthus qui réapparaît en écologiste ! Désormais la question de l’équilibre global de l’espèce humaine et de l’écosystème est posé. La notion de population limite a été définie dès 1971 par E.P.Odum comme la limite de croissance d’une population dans un milieu donné. Pour l’homme, cette limite ne tient pas seulement compte de la possibilité de nourriture. La densité optimale est limités par la qualité de l’espace de vie, et non par le nombre de calories disponibles. De plus l’attente d’un développement qui réduirait la fécondité est suicidaire : il signifie une consommation d’énergie et de matières premières colossale, ainsi qu’une augmentation vertigineuse de la pollution. Faire atteindre à des milliards d’humains ne serait-ce que la moité du niveau de vie des pays développés serait insupportable. Alors la mortalité se chargerait de réduire le trop plein, plus besoin de réduire la natalité : on n’échappe pas facilement au dilemme malthusien.

Le grand mérite de William R.Catton est de montrer en 1982 que la croissance démographique excessive est une catastrophique fuite en avant qui n’est possible que par la consommation des biens des génération futures. Aujourd’hui l’humanité est engagée dans une prédation vorace de notre futur.. Le bien-être de nos contemporains est atteint aux dépens de nos descendants. Par le nombre, par l’état de notre développement technologique, nous faisons dépendre la satisfaction de nos aspirations présentes du dépouillement de notre postérité. Nous dépassons largement la capacité de charge (carrying capacity) sans nous en apercevoir, parce que nous dévorons notre capital naturel par anticipation ; nous empiétons sur le futur. Alros arrêtons de rêver : l’alternative au chaos est l’abandon de l’illusion que tout est possible. Nous avons dépassé (overshoot) les limites en hypothéquant le futur. Demain l’humanité va se retrouver dans un monde trop plein, aux terres et aux ressources énergétiques épuisées. Il ne s’agit spa de savoir si cela va se produire, mais quand cela va se produire.

En 1993 ce sont 1670 scientifiques du monde entier qui signent un avertissement solennel : « Les êtres humains et le monde naturel sont sur une trajectoire de collision, les activités humaines infligent des domaines souvent irréversibles à environnement et aux ressources fondamentales.. La terre a des limites. Sa capacité à nourrir un nombre croissant d’habitants a des limites. Et nous approchons rapidement de beaucoup de limites terrestres. La pression résultant d’une démographie sans frein fait peser sur le monde naturel des exigences qui peuvent anéantir les efforts pour assurer un avenir durable… Nous devons stabiliser la population. Cela ne sera possible que si toutes les nations reconnaissent que cela requiert une amélioration des conditions économiques et socilaes, et l’adoption d’un planning familial efficace et volontaire. »

extraits du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

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