Se multiplier jusqu’à en perdre la raison ?

Multipliez-vous ! Rien de plus louable au premier abord. Ça prouve qu’on n’est pas égoïste. Elle est si belle, cette préoccupation de l’existence des autres, ce besoin de voir la population pulluler, que j’en deviens soupçonneux. Qu’est-ce que les parents en feront, de ces gosses ?

Des soldats ? La guerre n’est-elle pas l’irruption d’un peuple misérable, trop nombreux pour vivre sur ses propres fonds, poussé de force chez un autre afin d’y vivre de ses dépouilles, ce qui satisfait son gouvernement. Mieux vaudrait tuer das l’œuf la misère humain que de l’élever avec sollicitude et de préparer froidement d’avance, avec une tendresse jésuitique, de la future chair à canon ! Des travailleurs ? Choisir cette époque de concurrence acharnée où l’on se dispute son pain comme des chiens, ce moment d’encombrement de tous les emplois, d’engorgement de toutes les places, d’assaut des bureaux aux portes desquels stationnent des queues de sta giaires, choisir cette époque de chômage de bras et de cerveaux inutilisés, choisir ce moment pour prêcher la multitude des hommes !

Ce qui serait utile et humain, si vous étiez logique, ce serait au contraire d’enrayer la procréation : la femme stérile devrait être sacrée, l’homme qui se retient félicité, l’avortement pratiqué officiellement dans les hôpitaux, l’infanticide, dans les quinze jours de la naissance, alors que l’homme n’est qu’un insignifiant fœtus, autorisé !

Texte de Henry Fèvre du 4 juillet 1890

citation extraite du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

8 réflexions sur “Se multiplier jusqu’à en perdre la raison ?”

  1. Séverine Fontan

    @Sagamore : la logique économique est exactement celle que vous décrivez.
    @Michel : vous êtes réaliste. La croissance démographique, à l’instar de la croissance économique, va s’arrêter. En plus de ce que vous citez, le pic de phosphore devrait subvenir aux alentours de 2030, peut-être avant selon certains experts. Je vous laisse imaginer les pénuries alimentaires; qui toucheront aussi les pays riches (nous n’avons aucune réserve de phosphates en Europe)

  2. Bien sûr, la démographie exponentielle est biologiquement létale d’où les guerres, etc…
    Mais le système libéral n’exige-t-il pas encore plus de consommateurs, de préférence les plus crétins possibles ? Comment se gaver davantage si la population stagne ou diminue ?…

  3. Bonjour
    Finalement je pense toujours que c’est la même chose qu’en ce qui concerne la croissance économique.
    Nous déplorons les conséquences de ce laisser aller mais nous sommes incapables de proposer une véritable solution. Nous sommes conscients de l’inertie, conséquence d’un tas de choses, comme ici la religion et les cultures. Nous sommes conscients que l’Homme n’est pas un animal aussi logique qu’il ne semble. Quant à la logique des foules, l’étude de la psychologie des foules semble nous révéler qu’elle n’a jamais existé.
    Les mesures prises, comme l’arrêt des politiques natalistes (allocations familiales) dans les pays riches, ne seront qu’un cataplasme sur une jambe de bois.

    Il est en effet à craindre que des mesures autoritaires soient prises un jour prochain afin de réduire la population mondiale. Parmi lesquelles les pires mesures que nous pouvons imaginer, et que certains ne se privent pas de souhaiter ouvertement. Je ne pense pas que notre espèce en sortira grandie.

    J’ai déjà eu l’occasion de dire pourquoi je croyais que la population baissera (considérablement). Lorsque la croissance économique chutera du fait de l’épuisement des ressources et la fin de l’énergie abondante et bon marché, ce qui ne saurait tarder… l’espérance de vie régressera, on mourra naturellement de maladies ou d’accidents aujourd’hui facilement soignés, du moins dans les pays riches, la mortalité infantile augmentera, la fertilité déjà atteinte à cause de diverses pollutions ainsi que les conflits mondiaux, ne feront qu’en rajouter.

  4. Bonjour
    Finalement je pense toujours que c’est la même chose qu’en ce qui concerne la croissance économique.
    Nous déplorons les conséquences de ce laisser aller mais nous sommes incapables de proposer une véritable solution. Nous sommes conscients de l’inertie, conséquence d’un tas de choses, comme ici la religion et les cultures. Nous sommes conscients que l’Homme n’est pas un animal aussi logique qu’il ne semble. Quant à la logique des foules, l’étude de la psychologie des foules semble nous révéler qu’elle n’a jamais existé.
    Les mesures prises, comme l’arrêt des politiques natalistes (allocations familiales) dans les pays riches, ne seront qu’un cataplasme sur une jambe de bois.

    Il est en effet à craindre que des mesures autoritaires soient prises un jour prochain afin de réduire la population mondiale. Parmi lesquelles les pires mesures que nous pouvons imaginer, et que certains ne se privent pas de souhaiter ouvertement. Je ne pense pas que notre espèce en sortira grandie.

    J’ai déjà eu l’occasion de dire pourquoi je croyais que la population baissera (considérablement). Lorsque la croissance économique chutera du fait de l’épuisement des ressources et la fin de l’énergie abondante et bon marché, ce qui ne saurait tarder… l’espérance de vie régressera, on mourra naturellement de maladies ou d’accidents aujourd’hui facilement soignés, du moins dans les pays riches, la mortalité infantile augmentera, la fertilité déjà atteinte à cause de diverses pollutions ainsi que les conflits mondiaux, ne feront qu’en rajouter.

  5. Bonjour Marcel

    Je comprends votre critique et le fait que vous ne souhaitiez pas passer d’un excès à l’autre. A terme, l’équilibre sera toujours qu’en moyenne une femme ait deux enfants qui arrivent à l’âge de la reproduction.

    Mais compte tenu de l’état actuel de la démographie mondiale (7,5 milliards cette année) il faut sans doute que pendant quelques générations, nous faisions en effet significativement moins d’enfants.

    Notons d’ailleurs que plus nous attendrons pour prendre des mesures douces et incitatives en la matière, plus demain nous serons menacés par des mesures liberticides. L’exemple de la Chine qui après avoir laissé filer ses effectifs en est venue à quasiment interdire la venue d’un second enfant dans les familles le montre bien (même si je sais que cela a été atténué récemment).

    Je profite aussi de ce petit commentaire pour recommander à tous la lecture de ce livre extraordinaire de culture historique qu’est « Le poids du nombre » de Georges Minois

  6. Bonjour Marcel

    Je comprends votre critique et le fait que vous ne souhaitiez pas passer d’un excès à l’autre. A terme, l’équilibre sera toujours qu’en moyenne une femme ait deux enfants qui arrivent à l’âge de la reproduction.

    Mais compte tenu de l’état actuel de la démographie mondiale (7,5 milliards cette année) il faut sans doute que pendant quelques générations, nous faisions en effet significativement moins d’enfants.

    Notons d’ailleurs que plus nous attendrons pour prendre des mesures douces et incitatives en la matière, plus demain nous serons menacés par des mesures liberticides. L’exemple de la Chine qui après avoir laissé filer ses effectifs en est venue à quasiment interdire la venue d’un second enfant dans les familles le montre bien (même si je sais que cela a été atténué récemment).

    Je profite aussi de ce petit commentaire pour recommander à tous la lecture de ce livre extraordinaire de culture historique qu’est « Le poids du nombre » de Georges Minois

  7. « Ce qui serait utile et humain, si vous étiez logique, ce serait au contraire d’enrayer la procréation : la femme stérile devrait être sacrée, l’homme qui se retient félicité, l’avortement pratiqué officiellement dans le »

    On passerait ainsi d’ un excès à l’ autre : après la folie nataliste , on passerait à la folie dénataliste !
    Qu’ on loue plutôt les familles à petite taille : de 1 à 2 enfants par famille .

  8. « Ce qui serait utile et humain, si vous étiez logique, ce serait au contraire d’enrayer la procréation : la femme stérile devrait être sacrée, l’homme qui se retient félicité, l’avortement pratiqué officiellement dans le »

    On passerait ainsi d’ un excès à l’ autre : après la folie nataliste , on passerait à la folie dénataliste !
    Qu’ on loue plutôt les familles à petite taille : de 1 à 2 enfants par famille .

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