LE MONDE publie un quatre pages sur Vivre ensemble : « Les Français sont inquiets… » Mais on y parle uniquement des relations inter-humaines ; un seul petit article de Dominique Bourg* aborde les relations (inquiétantes) de l’espèce humaine avec la nature. En voici un résumé :
« La finitude du cosmos antique ne souffrait aucune transgression. Rien ne nous empêche, en revanche, d’accumuler dans l’atmosphère des gaz à effet de serre. Le changement climatique signifie 1 800 ans d’effets directs très forts, 5 000 ans d’effets forts, puis un decrescendo sur des millénaires, avec des effets indirects, en termes de biodiversité, sur un temps beaucoup plus long encore. Tel est le premier paradoxe : la finitude du monde échappe à nos sens, ne nous avertit en rien, puis s’abat sur nous irrémédiablement.
Le second paradoxe est celui des ressources. Elles demeurent abondantes, alors que nos réserves s’épuisent. La clé est l’EROI (Energy Return on Investment), TRE en français (taux de retour énergétique). Or, ce dernier ne cesse de chuter. Il suffisait autrefois d’investir un baril de pétrole pour en obtenir cent. Avec les sables bitumineux du Canada, en investissant un baril, on retire entre quatre et à peine plus d’un baril. Et si l’on ajoute à l’énergie nécessaire à l’extraction celle nécessaire à conduire le baril sur son lieu de consommation, en moyenne, l’énergie investie triple. Il en va de même pour les métaux. La clé est le coût énergétique de leur extraction. Lequel ne cesse de croître. Des ressources abondantes peuvent cacher des réserves limitées.
Parier sur l’abondance des ressources et la croissance, sur une planète insidieusement finie, alors même que la décrue démographique n’aura pas même lieu durant le siècle, est aussi inepte que dangereux. »
* LE MONDE du 2 décembre 2014, Paradoxes du monde fini
Mais pourquoi la dernière phrase de ce texte n’est elle pas inscrite au front de tous les écologistes et même de tous les responsables politiques afin qu’ils ne l’oublient jamais ?
Elle devrait l’être afin que tous les adorateurs de la croissance soient définitivement convaincus de l’impasse de leur adoration et de la vanité de leur culte.