« Chacun de nous enlève la capacité aux suivants de vivre correctement ici », affirme Laure Noualhat qui ne veut pas d’enfant*. Sa décision est d’abord liée à ses convictions écologiques. « Je politise mon ventre vide », plaisante la quarantenaire. Aux États-Unis, on les appelle les GINKS, pour « Green Inclination No Kids » (engagement vert, pas d’enfant), nullipares en français même si cela ne relève pas de la politisation. Comme on ne peut pas avoir une croissance économique infinie dans un monde fini, de même on ne peut pas avoir une croissance démographique infinie dans un monde fini. Faire un enfant de moins est beaucoup plus efficace pour économiser du CO2 que de renoncer à posséder une voiture, surtout quand on appartient aux classes moyennes mondiales, la classe globale. Chaque bébé qui voit le jour aux États-Unis est responsable de l’émission de 5 fois plus de tonnes d’émissions qu’un bébé chinois et 91 fois plus qu’un enfant qui naît au Bangladesh. Rien d’absurde donc, pour Laure Noualhat, à commencer par « balayer devant sa porte ».
Laure Noualhat est l’auteure de « Lettre ouverte à celles qui n’ont pas (encore) d’enfant. PMA, GPA, faut-il vraiment y aller ? ». Le mensuel La Décroissance** en fait une bonne recension car il occulte le côté malthusien du refus de fécondité pour se centrer sur un autre aspect : « L’essentiel du livre de Noualhat est une charge documentée, intéressante et dont nous partageons l’analyse contre la marchandisation de la reproduction. » Quant aux côtés écolo de Laure Noualhat, cet aspect n’apparaît pas dans l’article de Vincent Cheynet, sauf sous cette forme caricaturale et anti-malthusienne : « Nous avons souvent souligné dans nos colonnes l’absurdité d’une démarche purement écologique de la décroissance. Dans cette logique, le meilleur service que nous pourrions rendre à la planète, surtout si on habite dans un pays riche, ce serait de se suicider. »
Laure Noualhat est journaliste, spécialiste de l’environnement, est passée durant 15 ans par Libération. Elle a co-écrit et co-réalisé en octobre 2015 le documentaire. Climatosceptiques : la guerre du climat. C’est une activiste comme on les aime, qui médiatise des pensées mais sait aussi se mettre en cause personnellement.
* OBS du 15 novembre 2018, « Je politise mon ventre vide » : pour la planète, cette écolo a renoncé à la maternité
** La Décroissance de décembre 2018, janvier 2019, « Pas d’enfant »