Il s’en faut de beaucoup que les peuples amérindiens aient été éblouis par les techniques de leurs envahisseurs : « Ma flèche ne tuerait-elle pas ? Qu’ai-je besoin de vos pistolets ? », déclarait un chef pawnee lors d’une des premières rencontres de son peuple avec les Européens. Quant à cette science et à l’enseignement qui sert à la transmettre, ils eurent tôt fait de s’en défier aussi. Dès le XVIIIe siècle, l’Assemblée des six nations indiennes refusait d’envoyer leurs enfants dans les écoles des envahisseurs : « Plusieurs de nos jeunes gens ont été jadis élevés dans vos collèges. Ils furent instruits de toutes vos sciences mais, quand ils nous revinrent, ils n’étaient absolument bons à rien. » D’autres particularités, plus inquiétantes encore, semblaient caractériser les nouveaux venus. Leur avidité insatiable a d’abord étonné les peuples qui ignoraient l’usage de la monnaie. En outre leur propension au mensonge, leurs tromperies et leurs trahisons répétées témoignaient de leur extraordinaire indignité. De même leur cruauté gratuite, les Blancs tuent parfois « simplement pour le plaisir de tuer ». Les peuples amérindiens furent tout aussi étonnés d’observer l’acharnement au travail de leurs envahisseurs, leur fébrilité industrieuse d’insectes. Telles apparurent dont les dispositions de ce peuple étrange : Une ingéniosité technique tout à fait remarquable, mais pour le moins inutile, et souvent nuisible ; une folie bien particulière associant délire d’enrichissement et d’accumulation, cruauté sadique et propension habituelle au mensonge ; enfin une organisation sociale extravagante fondée sur le travail, scandaleusement inégalitaire, et si foncièrement ennemie de la liberté que chacun y était serviteur d’un maître, lui-même esclave. (La folle histoire du monde de Michel BOUNAN).
Tous ces anciens peuples ont été vaincus et, dans leur grande majorité, exterminés. Les armes et les techniques modernes ont eu raison de ces civilisations. Le monde est devenu une immense colonie européenne, la simplicité volontaire a été rayée de la surface du globe, la Biosphère commence à souffrir intensément.