Notre corps contient du phosphore comme les allumettes ! Le pic mondial de production du phosphore devrait avoir lieu au milieu des années 2030, ce qui veut dire baisse de production alors qu’il faudrait nourrir les 9 milliards d’habitants prévus par les démographes en 2050. Car le phosphore forme la structure même de l’ADN. L’être humain en réclame à peu près deux grammes par jour et il n’y a aucun substitut possible. Les écologistes connaissent bien les limites à l’intérieur desquels peuvent fonctionner les quatre cycles fondamentaux : carbone, azote, eau et phosphore sans lesquels il n’y a pas de vie possible.
Mais « avec l’avènement de la Révolution industrielle, on s’est préoccupé d’accélérer les processus de croissance pour ajuster les productions de nourriture et de matières premières aux besoins des populations des usines. Rien d’efficace n’a été tenté pour compenser la perte de fertilité entraînée par l’augmentation considérable des productions végétales et animales (…) La réflexion sur l’humus des praticiens contemporains de l’agriculture biologique est déterminante dans la gestion des matières organiques fertilisantes. Pourtant la mentalité NPK (azote, phosphore, potassium) de l’agriculture chimique prédomine. »* Après l’utilisation du guano jusqu’à épuisement, vient l’utilisation du minerai de phosphate. La consommation planétaire annuelle de P est de 170 millions de tonnes. Elle croît de 5 % en moyenne. Les réserves facilement exploitables sont de 15 000 millions de tonnes, soit environ 90 ans au rythme actuel d’exploitation. Cette utilisation massive explique pour partie la multiplication de la population mondiale par quatre au XXe siècle. Le phosphate, n’a jamais été sauvegardé, mais au contraire gaspillé par l’agriculture productiviste. Des 15 millions de tonnes de phosphore épandues chaque année en France, seuls trois millions sont assimilé puis rejetés dans les égouts, solubilisées dans l’eau, se perdant dans les mers sans recyclage possible. Il en était autrement autrefois. Le fumier, récupérant les excréments des animaux et des hommes, était utilisé comme engrais et bouclait le cycle.
Jean-Claude Fardeau, de l’Institut national de la recherche agronomique, s’inquiète de la situation actuelle. L’urbanisation n’opère plus le recyclage, l’alimentation de plus en plus carnée nécessite encore plus de phosphate, mais aucune autorité publique ne s’intéresse au phosphore. Andrea Ulrich, de l’école polytechnique de Zurich : « Ignorer ce problème met en péril la sécurité alimentaire mondiale. »**
Le pic alimentaire n’est pas pour tout de suite: heureusement, il nous reste encore la solution Soleil vert :-((
Les désastres ne se produisent que lorsque les gens agissent sans avoir réfléchi…
Depuis le temps que l’association Démographie responsable dit que nous devons stabiliser la population humaine afin de laisser un espoir à nos descendants.
http://www.demographie-responsable.org
Encore une bonne nouvelle !
Heureusement il ne s’agit que de « prévisions »…
le facteur limitant selon Yves Cochet :
« La présence de phosphore dans la terre est complètement dépendante du réemploi des résidus. Le départ des céréales, des fruits et des légumes loin de leur lieu de production introduit donc dans les sols un déficit en élément essentiel au processus de sustentation de la vie. Il faut donc importer le phosphore depuis les mines de phosphates, peu nombreuses dans le monde. Le coût énergétique d’extraction s’accroît. Si les prix de l’énergie augmentent, l’agriculture industrielle sera confrontée à un renchérissement dû au facteur phosphore. C’est un facteur limitant au sens de la loi de Liebig : le fonctionnement d’un organisme est limité par le facteur dont la quantité est la moins favorable. Si le phosphore manque, la production agricole chutera. C’est l’urine qui contient la majeure partie du phosphore excrété. Elle est récupérable par l’usage de toilettes séparées pour la miction et la défécation. Même dans nos comportements les plus triviaux, nous devons nous considérer comme un élément des écosystèmes auto-organisés qui nous entourent. »
(Pétrole apocalypse d’Yves COCHET, 2005)