LeMonde du 16.04.2008 nous présente un graphique selon lequel la production russe de pétrole atteint un sommet en 2007 à près de 10 millions de barils/jours et commence à baisser en 2008. Un dirigeant du premier groupe pétrolier privé russe (Loukoil) confirme que la Russie est dans la même situation que le Mexique, l’Alaska et la mer du Nord, trois régions où la production d’or noir décroît fortement depuis des années en raison de l’épuisement des réserves. L’inquiétude est relancée, le bail atteint plus de 112 dollars. Nous sommes déjà dans l’attente du pic pétrolier mondial qui préfigure la crise ultime que va connaître prochainement la civilisation thermo-industrielle : toutes les activités ou presque reposent sur un pétrole bon marché, que ce soit les déplacements individuels et collectifs ou même l’alimentation (engrais et pesticides découlent du pétrole). Le livre du député Vert Yves Cochet est édité en 2005 avec ce titre prémonitoire : « Pétrole apocalypse ».
Le pic pétrolier est donc ce point de retournement à partir duquel la production de pétrole commence à baisser inéluctablement. Le géologue américain King Hubbert avait annoncé en 1956 que les Etats-Unis connaîtraient ce pic vers 1970. A l’époque la majorité des experts s’était montrée incrédule. Pourtant le pic de Hubbert a de fait été atteint aux Etats-Unis entre 1971 et 1972. Cela a contribué à expliquer le choc pétrolier de 1973 puisque les pays de l’OPEP pouvaient dorénavant faire pression sur la première puissance mondiale qui devenait importatrice nette. Les ressources de la mer du Nord ne suffisent plus à la Grande Bretagne depuis le troisième trimestre 2005 : Albion a enregistré son premier déficit de balance pétrolière depuis 1980, les exportations ont représenté 11,2 millions de tonnes alors que les importations atteignaient 13,7 Mt. D’ailleurs les réserves pétrolières sont tombées de 15,4 milliards de barils en 1979 à 4,5 milliards à la fin de 2004. En mai 2005, une conférence internationale de géologie s’ouvrait à Lisbonne. L’association pour l’étude du pic pétrolier (ASPO) y annonçait que le « Peak Oil » serait atteint avant la fin de la décennie.
Même l’Agence Internationale de l’Energie, cette officine chargée depuis 1974 de défendre les intérêts des pays consommateurs, a changé de discours. Après avoir bercé le monde des politiciens occidentaux d’illusions, l’AIE reconnaissait dans son rapport annuel 2005 que la production des Etats qui ne sont pas membre de l’OPEP (Russie, Etats-Unis, Norvège…) devrait décliner peu après 2010 alors qu’ils fournissent aujourd’hui 60 % du brut mondial. Après des années d’insouciance, le mot d’ordre devient : « Economisez l’énergie, économisez le pétrole ! Et diversifiez-vous, s’il vous plaît. Sortez du pétrole ! » L’un des banquiers les plus en vue de Houston a publié Crépuscule dans le désert et a révélé que l’Arabie saoudite surestimait ses réserves.
La pétroapocalypse est pour bientôt, mais personne ne veut voir les guerres qui se préparent : surtout, pas de catastrophisme, svp !!!