« Ni droite, ni gauche » est un slogan qui ne veut rien dire, comme d’ailleurs « ce n’est pas démocratique » ou « Vive la liberté ». Tout dépend de ce qu’on entend par droite, gauche, démocratique et liberté ! Contrairement à ce qu’affirme LeMonde *, il n’y a pas de division au sein des écolos. Ils pensent que capitalisme et socialisme sont deux variantes d’un même modèle, la société de croissance, productiviste et inégalitaire. Les uns donnent un peu plus au capital, les autres disent agir pour les travailleurs, les deux s’entendent pour ignorer complètement le facteur Terre et la richesse du vivant. Constatant ce fait, l’écologie est une nouvelle offre politique qui se situe plus à gauche et moins à droite.
Comme l’exprimait Serge Moscovici en 1978, la gauche et la droite sont des notions relatives : « Nous sommes à la gauche de la gauche. Cela veut dire que nous sommes proches de la gauche sur un certain nombre de points (rémunération, organisation des entreprises, internationalisme, etc.) ; mais sur d’autres points, c’est nous qui représentons la gauche, notamment pour tout ce qui a trait aux rapports à la nature, à l’utilisation des ressources, à l’autonomie des collectivités, au productivisme, à la croissance. Car, bien souvent, les hommes et les partis de gauche se sont éloignés de ce qu’on appelle le socialisme et, ce faisant, ont laissé un vide qu’on nous appelle à combler. »
Aujourd’hui Nicolas Hulot n’est pas un politique qui court après les places, ces Besson et consorts pour qui peu importe l’écurie avec laquelle on court puisqu’il s’agit de gagner. Pour lui, il y a une troisième voie entre la gauche et la droite. Pour lui c’est un peu plus à gauche et un peu moins à droite car l’avenir n’est pas « compatible avec le logiciel de droite ». Pour lui, il y a des principes supérieurs au bloc droite-gauche. Pour lui, la contrainte pétrolière, la perte de biodiversité et le réchauffement climatique conditionnent l’économique et le social. Nicolas voit sa campagne présidentielle comme une immense mission pédagogique, pas comme un endoctrinement.
Beaucoup de pages seraient encore nécessaires pour approfondir ce que veut dire politiquement droite ou gauche quand on y mêle l’écologie. Mais en résumé, il y a ceux qui estiment qu’il n’y a pas de limites à la volonté de puissance de l’homme, et ceux qui ont le sens des limites de la biosphère. Nicolas Hulot est actuellement le seul candidat aux présidentielles qui tienne ce discours.
* LeMonde du 15-16 mais 2011, Les écologistes face au vieux démon de la division