Poulet de synthèse, innovation inutile

Il y a actuellement plus de vertébrés sur terre qu’il n’y en a jamais eu. Simplement ce ne sont pas les mêmes. Il y a 12 000 ans (quand l’humain invente l’agriculture), on comptait environ 5 millions d’individus sur Terre. Si l’on fait la somme de ces humains et de leurs animaux domestiques, cela représentait à peu près 0,1 % de l’ensemble de la biomasse que constituent les 5 000 espèces de mammifères. Aujourd’hui, c’est 90 % ! Les Français ont consommé en moyenne 15 poulets par personne en 2022, soit un peu plus de 28 kilos.

La nature mise sur la diversité, l’humanité sur la technique et l’uniformité. Et faisant cela, il transforme une planète vivante en une planète entièrement artificielle. On en arrive rapidement du poulet aux hormones au poulet reconstruit artificiellement grâce aux hormones !

L’accélération de l’innovation en matière culinaire

Les États-Unis approuvent pour la première fois la commercialisation de viande de poulet cultivée en laboratoire (21 juin 2023)

Les produits des sociétés Upside Foods et Good Meat approuvés par le ministère de l’agriculture d’outre-Atlantique seront rapidement à la carte de certains restaurants. Uma Valeti, PDG et fondateur d’Upside Foods a salué « un pas de géant vers un avenir plus durable »

Michel SOURROUILLE : De la viande de poulet vendue à prix d’or dans une poignée de restaurants, le seul État à l’avoir déjà autorisée est Singapour. Faire aujourd’hui un article du MONDE vantant les commandes de grands restaurants nommément cités est uniquement de la publicité pour un monde sans repères. On est très loin, trop loin de la poule au pot pour chaque foyer et de la sobriété partagée…

« L’essor de la “viande de synthèse” repose sur peu de données scientifiques » (25 février 2023)

Des entreprises investissent sur le marché de ce qu’ils nomment indûment « viande de synthèse », « viande de culture » ou « viande artificielle ». Le principe est de cultiver des cellules musculaires qui se multiplient dans un incubateur. Des hormones et des facteurs de croissance sont également nécessaires. Ils sont, jusqu’à présent et dans le cas de la « viande de culture » commercialisée à Singapour, apportés par du sérum de veau fœtal (qui nécessite d’abattre une vache gestante et son fœtus). Toutefois, ceci étant non éthique et très onéreux, les entreprises affirment avoir mis au point des hormones et des facteurs de croissance de synthèse pour des usages industriels. Pour mémoire, en Europe, la législation interdit l’utilisation de tels produits dans la chaîne de production alimentaire. Les risques pour la santé de l’homme et l’environnement restent encore inconnus. Ces dangers potentiels peuvent être chimiques (antibiotiques, métaux lourds, etc.), physiques (corps étrangers), microbiologiques (bactéries, mycoplasmes, prions), allergènes, ou génétiques (oncogènes). Prôner cette technique comme une solution environnementale performante est une promesse indue en l’absence de démonstration. Une consommation soutenue de « cellules musculaires cultivées » pourrait même avoir sur le long terme un effet de réchauffement équivalent, voire supérieur, à celui engendré par la production de viande bovine.

Les « fausses viandes », des alternatives pas si vertueuses (3 juin 2022)

Les rayons des enseignes de grande distribution se sont étoffés de plusieurs gammes de steaks, saucisses et lardons composés d’ingrédients végétaux qui reproduisent la texture et l’apparence de viande (des simili-viandes, à ne pas confondre avec les galettes « végétariennes » à base de produits peu transformés). Les simili-carnés sont au cœur d’une controverse sur la place qu’ils doivent prendre dans nos assiettes. Sont-ils une solution pour réduire la pression de l’élevage sur la planète ? Ne risquent-ils pas de favoriser une concentration de la filière aux mains de quelques géants agroalimentaires, au détriment de petits producteurs, et de détourner l’attention de l’enjeu d’une alimentation plus saine en poussant à consommer toujours plus de protéines ? Cette « alternative » risque de consolider la domination des systèmes alimentaires par quelques géants, écrivaient les auteurs du rapport intitulé « La politique des protéines », de promouvoir un régime occidental riche en aliments transformés, d’entraîner une perte de revenus pour les paysans des pays du Sud, et de renforcer des chaînes d’approvisionnement industrielles qui nuisent aux populations et à la planète.

Viande de synthèse, alimentation industrielle, pouah ! (26 mars 2019)

Memphis Meats aux Etats-Unis, Mosa Meat aux Pays-Bas ou Aleph Farms en Israël… ces entreprises dépensent aujourd’hui des millions de dollars pour mettre au point la viande de demain sans tuer aucun être vivant. C’est ce qu’on appelle l’« agriculture cellulaire ». Le but : nourrir 9,8 milliards de personnes à l’horizon 2050 et protéger l’environnement. Dans ce monde nouveau, harmonieux, pacifié et joyeux, tel que le décrivent les start-up de la clean meat (viande propre) et les associations prosélytes du véganisme à leur service, les humains seront enfin délivrés de leur propension à dévorer leur « prochain ».

3 réflexions sur “Poulet de synthèse, innovation inutile”

  1. Didier Barthes

    Toujours les mêmes fausses solutions, la même fuite en avant vers l’artificialisation du monde.
    Tout cela pour nous permettre d’être plusieurs milliards sur la Terre quand l’effectif d une espèce dont les individus pèsent une soixantaine de kg ne devraient jamais dépasser quelques millions.

    1. Mon cher Didier, il faut (yaka) que vous arrêtiez de croire que toutes les conneries qu’ON fait ne sont motivées que par le souci d’être toujours plus nombreux.
      Comme ici 10 milliards grâce aux poulets de synthèse, demain 15 milliards grâce aux carottes cultivées sur Mars, en attendant 50 milliards grâce aux ressources des exoplanètes. Et ainsi de suite toujours plus etc.
      Les poulets de synthèse c’est juste du Greenwashing et du Business. La viande de synthèse c’est juste pour celles et ceux qui refusent de manger de la vraie viande, religion oblige.
      Et/ou qui ne sont pas encore disposés à manger des criquets et des cafards.

    2. Scènes ordinaires en 2050 : « Papa ! Maman ! Y a quoi pour dîner ?! » Mmmm… vaste question. Des criquets de synthèse aux champignons ? Des topinambours du balcon, rôtis avec de la ciboulette ? Ou rien… mais alors vraiment rien du tout, désolés, mon petit chou, on a fait n’importe quoi avant que tu arrives.
      MENU 1 : DES CRIQUETS D’ÉLEVAGE
      MENU 2 : DES LASAGNES AUX FAUX FROMAGES !
      MENU 3 : RIEN
      Le mot avait disparu. Et voilà qu’avec le Covid, il est revenu : « pénurie ». De masques, de tests, de composants électroniques, de bois… Et de blé [etc.]
      MENU 4 : DES LÉGUMES DE SAISON
      Bientôt, de la pâte à tartiner au pois chiche au petit déjeuner ?

      ( Insectes, aliments de synthèse : que mangerons-nous dans le futur ? – 28 janvier 2022- elle.fr )

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