Je n’ai ni téléphone portable ni carte bancaire. Ce n’est pas un retour à la bougie, c’est l’expression de mon sens des limites. Le portable et la carte bancaire sont une source de dégoût pour l’écolo que je suis. Le portable est signe d’épuisement des ressources naturelles, de pollution des ondes, des sols et des esprits, de notre incapacité individuelle et collective à déterminer le moment où notre consommation excède les possibilités de la planète. La carte bancaire est signe de notre faculté à utiliser de l’argent quasiment à volonté et de nous faire vivre à crédit. Le fait que tout le monde ou presque possède un téléphone portable et une carte bancaire est le signe de notre aliénation à un système qui veut nous faire croire que nous sommes libres alors que nous sommes suivis à la trace par toute l’informatique qu’on nous fait porter. Vivre sans portable et sans carte bancaire, c’est possible. Nul besoin de faire un retour dans notre passé lointain.
Nous n’avons pas besoin de téléphone portable. La téléphonie fixe était parvenue en France à son degré de maturité ; on pouvait téléphoner partout et de n’importe quel endroit. Toutes les familles ou presque étaient équipées, des cabines téléphoniques étaient facilement accessibles, l’égalité devant le service de la communication à distance était une réalité. Jetons nos téléphones portables en 2012. Ce n’est pas revenir au courrier à cheval, c’est revaloriser la téléphonie fixe.
Nous n’avons pas besoin de carte bancaire. Comme le portable, c’est signe de l’informatisation de notre société. Déjà avec le chèque, la dématérialisation de la monnaie était arrivée à un point tel qu’elle permettait toutes les dérives financières. Les échanges étaient simplement indiqués dans des lignes de compte au niveau bancaire : il s’agit de monnaie scripturale, écrites. Les banques sont alors capables de créer de la monnaie ex nihilo, à partir de rien, de faire crédit à des entreprises insensées comme les placements pourris dont on a vu le résultat. Les pièces et billets était un système qui avait atteint son degré de maturité. Les échanges étaient plus limités, le capital et le travail ne pouvaient que difficilement s’exporter dans les pays étrangers, cela suffisait. Jetons nos cartes bancaires en 2012 et gardons nos billets. Ce n’est pas revenir au troc, à l’or ou à l’argent, c’est revaloriser une monnaie fiduciaire en laquelle il fallait faire confiance, mais qui ne profitait pas aux marchés financiers !
Revenir aux années 1960, sans portable ni carte bancaire, c’est revenir à une époque où les Etats et les ménages ne croulaient pas sous les endettements… Nous n’avions pas besoin de AAA, nos budgets étaient équilibrés !