pour mieux connaître le démographe MALTHUS

Le mot « démographie » n’apparaît qu’en 1850. Les ouvrages sur la population sont rares, et portent le plus souvent sur les bienfaits d’une population nombreuse. C’est pourquoi « l’Essai sur le principe de population » de Thomas Robert Malthus en 1798 est iconoclaste. Ce pasteur anglican émet l’hypothèse qu’une population ne peut pas durablement augmenter plus vite que les ressources qui lui sont nécessaires. Cette analyse est remise en question par la résurgence du natalisme et la négation des limites jusque dans les années 1960 ; place à la révolution agricole et à la croissance économique. La conscience malthusienne revient à l’ordre du jour uniquement parce que les contraintes écologiques qui pèsent sur la (sur)vie humaine deviennent de plus en plus palpables.

Thomas- Robert Malthus est né en février 1766 près de Wooton dans le Surrey. Il a grandi dans une Angleterre soumise au règne de la misère. Mais il est aussi contemporain des prémisses de la révolution industrielle ; les premières presses mécaniques à vapeur apparaissent en 1790. Le père de Robert, Daniel Malthus, était un admirateur de Rousseau et un franc partisan des idées utopiques de Godwin. Il tenta de faire partager à son fils son propre enthousiasme. Mais le jeune homme, mathématicien de formation, est incapable de prendre les désirs pour des réalités. Le père et le fils se lancèrent dans une grande discussion dont ils étaient coutumiers. Malthus, mauvais orateur en raison d’un défaut de prononciation, n’aurait pas réussi à convaincre son père. Il s’en serait retourné chez lui en emportant les livres de Godwin et de Condorcet. En quelques semaines, il aurait alors mis par écrit ses objections qui forment en 1798 la première version de son livre. Il s’agit alors plus d’un pamphlet que d’un livre construit : Essai sur le principe de population et comment il intéresse l’amélioration future de la société ; 50 000 mots sans donner de nom d’auteur. Il voulait porter un coup mortel à tous les rêves d’un univers harmonieux. Dans une note de l’Essai, Malthus précisera son idée de fond : « A ce qu’il me semble personnellement, celui qui indique le moyen d’atteindre un mieux relatif est un bien plus grand bienfaiteur de l’humanité que celui qui se contente de discourir sur les tares de la société actuelle et la beauté d’une société différente, sans indiquer une méthode concrète, immédiatement appréciable, pour accélérer notre progression de l’une vers l’autre. » En 1803 Malthus publie une nouvelle édition augmentée et la signe alors de son nom : « Essai sur le principe de population ou exposé de ses effets sur le bonheur humain dans le passé et le présent avec des recherches sur nos perspectives de supprimer ou de diminuer à l’avenir les maux qu’il occasionne. »

C’est en tenant compte des limites matérielles que nous pourrions arriver à une société en adéquation avec son milieu. En ce sens, on peut considérer que Thomais-Robert Malthus est un précurseur de l’écologie.. Malthus pourrait aussi être considéré comme un précurseur dans plusieurs domaine, ethnologique, religieux, éducatif. L’ensemble de cette analyse est bien entendu sous-tendu par la question de la décroissance, mouvement qui s’intéresse aujourd’hui à l’impossibilité d’une croissance infinie dans un milieu délimité. Alors, Malthus est-il un précurseur de l’écologie ou/et de la décroissance ? Il est intéressant de savoir que la maison d’édition « Le Passager clandestin » a refusé d’inscrire Malthus dans sa collection des « précurseurs de la décroissance » sur la motivation suivante : « Nous estimons que les thèses que Malthus avance sont trop éloignées des idées que nous souhaitons porter avec cette collection. Il nous semble qu’il serait nécessaire d’approfondir les objections et réserves qui ont été faites au sujet des thèses malthusiennes, mais ce travail ne nous paraît pas envisageable dans le cadre des petits opuscules de notre collection… » L’anti-malthusianisme sévit même dans la gauche bien pensante !

Pour rendre tangible la complexité des 920 pages de l’Essai de Malthus1, nous vous avons déjà fourni hier sur ce blog une synthèse avec présentation des textes même de Malthus.

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10 réflexions sur “pour mieux connaître le démographe MALTHUS”

  1. Il faut arrêter de dire que nous serons trop nombreux, mais plutôt dire nous sommes déjà trop nombreux depuis bien longtemps !

    En effet, toutes les guerres prennent leur source à l’accès aux ressources naturelles et à l’espace. OR, le fait que nous ayons eu 2 guerres mondiales au 20 ème siècle traduit déjà le fait que nous étions trop nombreux pour que tous les individus soient satisfaits en ressources naturelles, alors que nous étions seulement 1,8 milliards d’habitant entre 1914 et 1918; ainsi que 2,3 milliards d’habitants entre 1939 et 1945.

    Après, il est vrai qu’on a réussi à augmenter l’extraction de ressources pour tenir jusqu’à près de 8 milliards d’habitants aujourd’hui, mais ce ne sera pas éternel, car ce sont des ressources naturelles épuisables. Les technologies n’augmentent pas la taille des réserves des ressources, les technologies ont seulement accéléré l’épuisement des stocks de ressources, ce qui est complétement différent.

    1. En outre, même avec toutes nos technologies actuelles pour procéder aux extractions de ressources, il n’en demeure pas moins qu’on ait pas réussi à éradiquer la pauvreté, la famine, les épidémies, etc. Notamment, l’intensification de l’extraction des ressources naturelles n’a pas été sans conséquence, comme par exemple la perte de plages après avoir utilisé le sable pour le béton ou encore la disparition d’aquifères car les prélèvements d’eau sont plus rapides que le renouvellement de ses sources. Et ne parlons même pas de la disparition de nombreuses espèces animales, insectes et végétales. Ou encore de la progression des déserts tant en nombre qu’en surface.

      Pour en revenir à l’eau, dans tous les pays du monde, la quantité d’eau par individu baisse, plus nous sommes nombreux et plus les quantités d’eau sont rationnées.

      1. Le problème étant que c’est déjà compliqué de répartir les ressources naturelles en augmentant la vitesse d’extraction. MAIS, ce sera terrible lorsque les différentes réserves de ressources naturelles vont s’épuiser, car on tape plus vite dans les réserves qu’elles n’aient le temps de se reconstituer à des âges géologiques, soit plusieurs milliers ou millions d’années, les équations seront insolubles à l’échelle d’une vie humaine de 80/90 ans…

    2. – «Il faut arrêter de dire que nous serons trop nombreux, mais plutôt dire nous sommes déjà trop nombreux depuis bien longtemps !»

      Ou alors plutôt dire que nous sommes trop cons depuis bien longtemps. Après tout c’est une théorie qui peut se défendre et qui vaut bien d’autres. Parce qu’après tout, quoi qu’on raconte, c’est bien la connerie humaine qui est à l’origine de toutes les guerres, de la plupart des misères etc.
      Reste à voir comment nous pourrions combattre et faire reculer la connerie (qui n’est que l’opposé de la sagesse), faire en sorte que Sapiens soit enfin digne de ce nom. Ce qui est certain c’est qu’il ne faut pas espérer de résultat à l’échelle d’une vie humaine de 80/90 ans… L’Evolution a tout son temps.

      1. Bah je te l’ai toujours dit, en général les gens stupides se multiplient plus vite que les gens intelligents, rares sont les gens intelligents qui fondent une famille nombreuses, même s’ils existent, ils restent des cas isolés. Mais bon, comme je l’ai toujours dit aussi, plus on avance dans le temps, et il y a de moins en moins de gens intelligents pour encadrer des gens stupides de plus en plus nombreux….

        Les gens intelligents font pas ou peu d’enfants car ils se préoccupent soit de leur carrière, soit de leur loisir, soit de leur épanouissement, etc bref ils se cherchent des préoccupations tout autre que de procréer. Et il y a aussi les Ermites qui préfèrent vivre en retrait, en autarcie… Dans tous les cas, beaucoup d’entre eux sont conscients de l’explosion démographique….

        1. Je ne pense pas que la connerie soit une seule affaire d’intelligence. D’ailleurs, c’est quoi l’intelligence, comme la mesure t-on, tu y crois toi aux test de QI etc. etc. ?

        2. Comme dit si bien Olivier Delamarche concernant nos politiciens, quand ils décident des QE c’est parce qu’ils n’ont pas de QI

          Mais il doit certainement y avoir un Quotient dont on ne parle jamais, le QC Quotient de corruptibilité, plus vous en avez plus vous avez de chance de remporter une élection…

  2. En fait cette histoire n’a rien d’extraordinaire, elle est même banale. C’est celle d’un petit enfant en conflit avec son père et qui va par la suite s’appliquer à le tuer, symboliquement bien sûr. Par hasard le père se trouve être admirateur de Rousseau, par hasard parce qu’il aurait pu aussi bien être admirateur de Hobbes, ou général d’artillerie ou un truc comme ça. Le jeune Thomas serait alors devenu un rousseauiste pur et dur, eh qui sait. Et puis ce problème d’élocution qui met une croix sur une carrière de beau parleur, de politique par exemple, et qui condamne le petit complexé à se limiter à l’écriture. Remarque, on peut faire une belle carrière avec des plumes, regardez Zizi Jeanmaire.

    1. Mais c’est vrai que sur ce coup Dame Nature n’a pas été très très gentille avec lui, ce qui peut, peut-être, nous aider à comprendre ce qui se passait dans la tête du jeune Thomas. Remarque, Dame Nature aurait pu être encore plus vache avec lui, elle aurait pu aussi bien le faire naître sans tête. En fait je pense qu’il pouvait surtout la remercier de l’avoir fait naître du BON côté, je veux dire, pas du coté de ceux qui triment et qui ont d’autres préoccupations bien plus vitales.
      Bref, il est toujours intéressant d’essayer de mieux connaître Thomas, Pierre Paul ou Jacques, mais je pense qu’il est encore plus intéressant d’essayer de se connaître soi-même.

  3. « L’anti-malthusianisme sévit même dans la gauche bien pensante ! »
    Droite bourgeoise alias fausse droite et gauche bien pensante sont issus du même creuset mondialiste cosmopolite .
    Serviteurs avides du dieu profit à tout prix , il leur faut de la croissance démographique pour alimenter la croissance des consommateurs et donc du Profit .
    La goooooooooche et la droite molle nous mènent au désastre !
    Il se pourrait qu’ un jour la masse d’ immigrés / migrants amenés par leu « soin  » en Europe
    devienne incontrôlable et se charge elle – même de leur règler leur compte : ce serait trop drôle (le golem se retournant contre son créateur) .😂😂😂😂

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