Pour un écolo, être barbu paraît naturellement seyant

La mode de la barbe aurait atteint son point zénithal, celui à partir duquel elle ne peut que retomber… probablement sous les coups de rasoir. Ce point de vue* nous semble erroné, la pilosité va au contraire devenir une norme durable. Laissons de côté les arguments fallacieux car relatif sur le sex appeal comparé des hommes glabres et de leurs camarades barbus. Envisageons l’essentiel, même coupée, la barbe repousse, inéluctablement. Car c’est un fait de nature que le rasoir a tort de remettre en question.

Le fait de se raser n’indique pas une convergence des sexes ou l’éloignement de l’homme  de son origine animale. Il s’agit uniquement d’une instrumentalisation des hommes par la publicité : le poil était devenu le cœur d’une nouvelle cible à des fins mercantiles. On a inventé les rasoirs mécaniques ou électriques, les jetables et les super-performants à trois lames, bravo les ingénieurs au service du profit ! C’est la civilisation thermo-industrielle, son rasoir et ses lames jetables, qui a transformé le monde occidental en cohortes de mâles bien propres sur eux.

                Il ne faudrait pas se raser quand on est écolo. Comme l’exprime Georgescu-Roegen** : « Il faut nous guérir du circumdrome du rasoir électrique, qui consiste à se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore, et ainsi de suite à l’infini… Il est important que les consommateurs se rééduquent eux-mêmes dans le mépris de la mode. » Les innovations représentent un gaspillage de base entropie. Autour de nous, toute chose  s’oxyde, se casse se disperse, etc. N’en rajoutons pas inutilement avec des lames jetables. Toujours plus de rasoirs signifie forcément un facteur d’entropie, une pollution et un épuisement plus important des ressources naturelles. Laissons la barbe pousser, et de temps en temps… un simple coup de ciseau !

* HYPERTRICHOSE – La barbe a-t-elle atteint sa masse critique ?

* La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas Georgescu-Roegen (1979, Sang de la terre 1995)

article antérieur de notre blog sur la question qui pique : A poil et sans poils

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