Le secrétaire national d’EELV Julien Bayou dans son discours au Congrès le 4 avril 2020 veut l’unité : « Ce qui se joue aujourd’hui c’est le rassemblement de l’Humanité pour affronter et vaincre une menace commune et invisible. Aujourd’hui la pandémie, demain d’autres crises, et le dérèglement climatique. » Mais comment rassembler ? Dans Le Parisien, Julien Bayou précise son projet le 13 mai 2020. Il a écrit aux responsables de la gauche et aux syndicats pour organiser des « universités du monde d’après » et réfléchir ensemble à un projet de rassemblement. Les appels à un rassemblement de la gauche sont une Arlésienne. Ainsi Laurent Fabius le 14 octobre 2006, « Je veux être le candidat du rassemblement de la gauche et des Verts. Mes combats sont ceux de la gauche rassemblée... » Depuis la fin de la gauche plurielle, réunie autour de Lionel Jospin en 1997, les espoirs d’unité se sont toujours heurtés aux différences idéologiques des partis et aux ambitions de leurs responsables. « Je reste dubitatif sur tous ces appels souvent vagues, sans proposition de mobilisation, tellement attrape-tout qu’ils n’attrapent rien… Nous sommes actuellement dans la confrontation avec la politique du gouvernement… », répond le député LFI Alexis Corbière à la proposition de Julien. La commune réponse des autres formations écolos, Génération écologie, Alliance écologiste indépendante, Cap 21 et le Mouvement des progressistes constitue une fin de non recevoir : « La vision qui consiste à engager la préparation de 2022 par une stratégie préalable d’alliance avec des formations politiques qui, en pratique, n’ont nullement rompu avec le productivisme, nous semble être une erreur et ne peut aboutir qu’à la dissolution du projet écologiste dans des compromis boiteux. »
Les associations de leur côté ne se sentent pas concernées par ces circonvolutions politiques. Les commentaires sur lemonde.fr vont bon train :
Capitaine Haddock : Si face a l’urgence climatique les écolos français abandonnaient leur doctrine gauchiste ils seraient demain au pouvoir et dans l’action. Une majorité de citoyens sont prêts a s’engager pour la planète, mais n’y mettons pas des préalables idéologiques. Quel temps perdu!
Izy : L’écologie politique n’existe pas. Il n’y a que de la bonne ou de la mauvaise économie et de la bonne ou de la mauvaise politique. La bonne économie, c’est celle qui intègre la finitude des ressources et les contraintes biophysiques dans ses modèles, est ménagère de ces ressources et prend soin de la ressource humaine. La bonne politique est celle qui s’appuie sur la bonne économie. Tout le reste ne vaut économiquement et politiquement strictement… RIEN, et doit être combattu.
Noodlefr @ Izy : Sauf que votre définition de l’économie et de la politique bonne ménagère c’est ce qu’on appelle le développement durable (ou soutenable) promu par l’écologie politique non radicale. Une autre écologie politique existe qui prône plutôt une économie frugale, basée sur un contingentement fort des activités économiques non essentielles. Ne vous en déplaise l’écologie politique existe bel et bien. Son problème c’est l’immaturité d’un bon nombre de ses partisans et dirigeants, c’est également son noyautage partiel par des groupes extrémistes ayant d’autres objectifs en tête et pour qui l’écologie n’est qu’un vecteur opportuniste. Ses nombreuses divisions obérent toute possibilité d’accession au pouvoir. L’écologie ne peut donc en l’état que demeurer une force politique à part, une sorte de réservoir d’idées, qui manque d’une forte structuration et d’une réelle stratégie de conquête électorale. Enfin il lui manque une vraie figure charismatique forte et fédératrice.
CL2P : Simplement sidéré devant le manque d’inspiration des écologistes français durant cette pandémie du Covid-19. Les différentes écuries, notamment à Paris, semblent uniquement obsédées par une énième « union de la gauche » contre le « Macronisme » (nous disent-elles) ; qui n’augure de rien sur le plan des idées et des projets concrets ; mais permet uniquement aux uns et aux autres de « sécuriser » leurs mandats et fonctions au sein de l’exécutif parisien. Je n’en peux plus avec cette grotesque manipulation au nom voulu des « valeurs de gauche » qu’ils sont les premiers à fouler aux pieds dans leurs vies respectives.
de ma banlieue : Les écolos, qui ont lancé tant d’alertes sur des risques en tout genre, n’avaient pas vu venir le risque épidémie. Qu’à cela ne tienne, le coronavirus confirme la justesse de leur cause, selon eux. Les nationalistes y voient eux la justesse du nationalisme, etc. Hélas les transports en commun franciliens sont parfaits pour la contagion, et la forte densité urbaine la favorise aussi. Mais pourtant l’idée écolo est de densifier la proche banlieue de Paris, déjà bien dense.
F. P. : Attention, tout de même, à ne pas verser dans ce que Freud appelait le narcissisme des petites différences ! Faire cause commune est possible dès lors que la cause en question est bien définie.
Richard Rorty distinguait utilement campagne (politique) et mouvement (pseudo-politique). Celle-ci se donne des objectifs définis, celui-là en appelle à des idées vagues. Hélas ! Il est plus facile de tenir un discours vague, mais persuasif parce qu’il parle au cœur, qu’un discours dûment argumenté, sachant parler à la raison. D’autant plus qu’un discours qui ne parlerait qu’à la raison sera peu entendu, quand bien même la raison en question serait autre chose qu’une rationalité d’expert-comptable. Bref, il faut l’un et l’autre : vouloir conduire sûrement et savoir séduire sans tromper. Ce n’est pas tout trouvé !
Pour en savoir plus sur le positionnement des écologistes grâce à notre blog biosphere :
10 mai 2020, Post-covid, qui sera président en 2022 ?
30 avril 2020, L’après Covid-19 se prépare déjà en coulisses
15 février 2020, EELV. Julien Bayou est-il un écotartuffe ?
28 octobre 2019, Différentes stratégies au Congrès EELV
15 juillet 2029, Lutte des places ou écosophie à EELV ?
23 septembre 2018, EELV tient un beau discours, quels sont les actes ?
L’accaparement de l’écologie par la gauche a certainement bloqué les choses et nombreux sont ceux qui s’en sont sentis exclus. Pour être écolo il fallait être de gauche, cette injonction a été catastrophique.
Dans mes activités associatives je suis présent sur de nombreux salons et beaucoup de gens de sensibilité de droite mais sincèrement préoccupés par l’environnement sont désespérés par l’écologie politique française qu’ils perçoivent, soit comme une organisation gauchiste, soit comme un simple tremplin pour la carrière politique de quelques-uns.
Aujourd’hui le discours d’EELV porte essentiellement sur des questions sociétales et très peu sur les animaux, les forêts, la beauté de la nature.
Le plus catastrophique dans cette affaire n’est pas cette injonction, c’est ce qu’est devenue la gauche. L’embourgeoisement des classes moyennes et même populaires a entraîné la perte des repères (notamment gauche-droite). Ainsi la gauche est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. De son côté l’écologie (politique) est devenue ce qu’elle ne pouvait que devenir, une marie-couche-toi-là.
Je ne sais pas où le Capitaine Haddock voit cette «majorité de citoyens prêts a s’engager pour la planète», dans ses rêves probablement.
Très bonne remarque de la part d’ Izy : « L’écologie politique n’existe pas. Il n’y a que de la bonne ou de la mauvaise économie et de la bonne ou de la mauvaise politique.» En effet ! Un écocitoyen non plus ça n’existe pas, ce mot est un pléonasme. Quant au citoyen, c’est une espèce en voie de disparition. L’écologie est au cœur même de l’économie et de la politique, du moins c’est là sa vraie place. Mais bien sûr il existe les partis, politiques, dont certains s’affichant «écologistes». Noodlefr devrait revoir la définition du mot «économie», toutefois il a raison dans le sens où il ne suffit pas de coller une étiquette «100% bonne» sur une économie et/ou une politique de me… pour en faire du réellement durable.
Jeudi 14 mai, tout ce que la gauche et l’écologie compte de notables – à l’exception notable des « insoumis » – signait une tribune collective, « Une « initiative commune »,pour tenter de dessiner un futur commun. Constatant que, face au « séisme » de la pandémie actuelle, il faut « tourner la page du productivisme » et amorcer une transition écologique et sociale, les signataires veulent construire un programme de sortie de crise. Les axes font la part belle à l’urgence sociale – sortir de la rue des milliers de personnes, nouveau modèle de protection sociale, retraite « décente », revalorisation salariale des « travailleurs de l’aube et du soir », loi de programmation pour l’hôpital et les Ehpad – et prônent la réorganisation de l’économie pour relocaliser et convertir à l’urgence climatique – conditionnalité des aides aux entreprises, « prime climat » pour la rénovation énergétique, plan de mobilité durable. Les financements sont aussi pensés avec le retour de l’ISF, un financement européen et une « contribution anticrise » des plus riches. Le programme est un compromis ordinaire entre des fondamentaux de la gauche, les incontournables des écologistes et des propositions portées par les associations de lutte contre la pauvreté.
Un grand rendez-vous, appelé « convention du monde commun », est prévu à l’automne pour formaliser cette dynamique collective. Ce sera une fois de plus un coup d’épée dans l’eau ! Les dates et lieux ne sont pas encore précisés !!
Pour la plupart de ces « notables » de la dite écologie politique, la défense de l’environnement n’est qu’un argument de vente au service de leur petite carrière. Tant que l’écologie n’entérinera pas que la seule solution est une décroissance raisonnée, donc maîtrisée, leurs discours ne sont que du vent. Quant à la question sociale, une vaste question qui depuis Spartacus n’a toujours pas de solution.
Bonne remarque du capitaine Haddock : que les ecolos « politiques » cessent donc de jouer le jeu du gros patronat immigrationniste et mondialiste (pléonasme) à faux nez humaniste en défendant l’ envahisseur immigré / migrant en dépit du bon sens !😎
Qu’ ils dénoncent donc les innombrables méfaits de l’ islam et qu’ ils adoptent la thèse malthusienne de limitation de la population humaine voire de décroissance .
EELV est largement contaminé par le gauchisme , je doute qu’ ils puissent jamis changer radicalement