Présidence, Nicolas Hulot aurait fait mieux que Macron

En créant son propre mouvement, Emmanuel Macron est parti de zéro sans aucun programme préalable. Beaucoup de monde était prêt à soutenir Nicolas Hulot dont le programme (le Pacte écologique) était déjà présenté lors de la présidentielle 2007. Macron n’avait pas d’élus, pas de subventions publiques, pas de relais locaux, pas de notoriété antérieure dans les médias si ce n’est son CDD de ministre. Hulot aurait fédéré plusieurs partis à tendance écolo, se serait appuyé sur les associations environnementales, et avait une notoriété médiatique telle que les sondages lui donnaient par avance plus de 10 % des voix. Mais Nicolas a eu peur d’arriver au second tour de la présidentielle, il n’en dormait plus la nuit ; être candidat à la présidence, il faut en rêver devant sa glace, cela exige un ego démesuré. Cependant la stratégie mise en place par E.Macron pour la présidentielle 2017 pourrait servir de modèle pour l’écologie politique en 2022.

1/6) Positionnement droite, gauche ou ailleurs : Macron joue explicitement le « ni droite, ni gauche » depuis le début. Voici ses dernières formulations  : « Depuis 30 ans, on assiste à l’alternance de la droite et la gauche qui balaye tout de manière automatique. Là ce sera la véritable alternance, celle d’une nouvelle méthode de gouvernement, parce que je vais réunir pour être efficace des femmes et des hommes de bon sens.  ». Il promet un gouvernement avec des personnes de la société civile et des personnes du monde politique venant « de la gauche, du centre, de la droite ». Le blocage d’EELV vers le « plus à gauche » de Hamon semble une erreur, mieux vaut la formule de Nicolas Hulot : « Osons dire que l’écologie ne doit plus être un vulgaire enjeu partisan. Ce n’est un sujet ni de gauche, ni de droite, ni du centre, c’est un sujet supérieur. C’est simplement l’avenir et la sauvegarde de la famille humaine et de son écosystème, la planète. » L’avenir de l’agriculture et des centrales nucléaires n’est pas un problème de droite ou de gauche, la question concerne tous les citoyens.

2/6) Structuration du mouvement. En un an, depuis avril  2016, le parti En marche ! s’est structuré avec 214 000 adhérents – non payants – et 3 755 comités locaux. Le statut de coopérateur (adhésion à 20 euros) est une chance pour l’élargissement d’EELV, encore faudra-t-il donner à ce mouvement ouvert sur l’extérieur une place prépondérante par rapport aux mécanismes d’un parti classique. Les groupes locaux d’EELV seraient plus nombreux si l’écologie politique montrait vraiment aux associations environnementales et aux adeptes de la simplicité volontaire qu’ils sont naturellement le relais politique des actions sur le terrain. Le gouvernement de Macron serait « de 15 membres maximum ». Quand on voit l’hypertrophie du nombre de personnes dans les instances délibératives d’EELV et leur auto-blocage, un gouvernement national « à 15 personnes » seulement (autant que le Bureau exécutif d’EELV) donne à réfléchir. EELV a un problème de leadership, ce parti était d’ailleurs tout prêt à adouber Hulot pour 2017. Qui deviendra le Jaurès de l’écologie en 2022 ?

3/6) Responsabilisation individualisée des élus. A l’origine, Macron voulait exiger de ses candidats la promesse de voter une douzaine de réformes essentielles. Mais c’est impossible, le mandat impératif étant interdit par la Constitution (ARTICLE 27. Tout mandat impératif est nul. ). Il n’y a pas d’engagements préalables possibles sur un programme. Le même article 27 ajoute : « Le droit de vote des membres du Parlement est personnel. » Le vote clanique est normalement impossible. Les votes doivent reposer sur la conscience personnelle des différents élus, ce qui fait alors qu’il n’y a plus de votes partisans, blocs contre blocs. Cela relativise la polarisation française sur l’antagonisme droite/gauche au parlement. La liberté de vote des élus rend nécessaire la recherche du consensus et les alliances diverses. Macron ne demande désormais qu’un engagement  » moral «  à soutenir  » six chantiers «  aux contours relativement généraux, comme  » renforcer la sécurité de la nation «  ou  » moderniser notre économie « . Le futur successeur d’Hulot en 2022 pourra décliner tous les impératifs écologiques qui devraient unir nos pensées individuelles et nos actions collectives.

4/6) Refus de la professionnalisation des politiques. Macron :  » Ce qu’on veut, c’est la -majorité absolue à l’Assemblée … Cette majorité (aux législatives) aura un profil simple. Elle sera d’abord fondée sur un principe de renouvellement. La moitié des parlementaires seront des nouveaux venus ». Nous pourrions être plus incisif encore en interdisant le fait de se représenter à nouveau quand on a déjà été député (ou sénateur). C’est le non cumul dans le temps. C’est le refus de la professionnalisation des élus.  » Quand la politique n’est plus une mission mais une profession, les responsables politiques ne sont plus des engagés mais des intéressés « , explique Macron. Le cas de Cécile Duflot qui s’accroche à sa circonscription « imperdable » du 6e arrondissement à Paris est symptomatique de cet état de fait. La volonté en 2017 d’une reconduction des députés sortants EELV est en ce sens une erreur fondamentale. Il faut espérer que d’ici à 2022 les dérives du type Duflot seront devenues impossibles.

5/6) Choix des candidats. Pour 577 postes de députés, Macron a déjà reçu  » plus de 13 000 candidatures « . Une « commission d’investiture » à la Macron, qui va arbitrer entre nouveaux venus et vieux routards de la politique, est toujours propice à magouillage. Avec des candidats tous motivés par l’impératif écologique, il faudrait instituer les conditions d’un tirage au sort. N’oublions pas que tout individu est normalement à la fois électeur et éligible. L’engagement financier des candidats pour une élection est cependant une contrainte. Faute de moyens, En marche ! n’a pas prévu de payer la campagne de ses candidats. La sélection par l’argent n’est pas très démocratique, mais l’écologie peut toujours faire plus avec moins ! Le problème essentiel est ailleurs. Les néophytes dans une circonscription sont confrontés à des députés déjà bien implantés, qui ont « labouré leur fief » souvent depuis des décennies. Les électeurs oublient qu’un député représente l’intérêt national et non les intérêts locaux. Un candidat aux législatives dans une circonscription peut venir géographiquement de n’importe où. Normalement un élu national n’a pas à faire vivre une antenne locale, son boulot est à Paris. D’ici à 2022, les électeurs seront-ils plus conscients de ce qu’il faudrait faire ?

6/6) Choix des alliances. Emmanuel Macron a réfuté par avance tout  » accord d’appareil « . C’est normalement ce qu’avait prévu le congrès EELV de Pantin… remis en question par le reniement de Jadot, pourtant désigné démocratiquement par une primaire ouverte comme seul représentant de l’écologie à la présidentielle 2017. Comme indiqué déjà par le premier point, l’écologie politique ne peut plus faire le choix d’une alliance toujours à gauche. L’écologie est trans-partisane, Hulot l’avait bien compris lui qui conseillait les gouvernants de droite comme de gauche. Mais comme les partis traditionnels restent croissancistes et anti-écolo, un candidat spécifique de l’écologie politique sera absolument nécessaire en 2022… à moins d’un choc pétrolier intense qui mobilisera la société entière pour construire une société post-carbone.

2 réflexions sur “Présidence, Nicolas Hulot aurait fait mieux que Macron”

  1. Heureusement qu’y a Méluche pour parler d’Ecologie et d’avenir durable !Même si JLM n’est pas au 2eme tour, son plan n’est-il pas le + intelligent, le + humain, et le seul visionnaire de tous ?? [ Depuis 20ans, C son programme FI qui va me ramener aux urnes, héhé ! ]

  2. Sincèrement je ne vois pas comment  » Nicolas Hulot aurait fait mieux que Macron « …
    Actuellement dans les sondages, Macron est à égalité avec M. Le Pen : 26 % !

    J’ai déjà parlé de la place de l’écologie dans les préoccupations des Français.
    Et puis il suffit de se souvenir du Pacte Hulot en 2007, de cet « élan » pour l’écologie… et de se souvenir des signataires. En effet, on n’a jamais autant parlé d’écologie au plus haut niveau politique qu’à cette époque. Et finalement pour quels résultats ?
    La France n’a jamais eu son « vice-Premier ministre » à l’Environnement…
    Le Grenelle ? La bonne blague ! En 2010 au Salon de l’agriculture le président Sarkozy en a déjà marre de faire semblant :  » L’environnement… ça commence à bien faire !  »
    Nous connaissons la suite, les priorités, le contexte économique, social etc.

    Peu importent les raisons, mais N-Hulot s’est déballonné à deux reprises ! Lui aussi à apporté la preuve qu’il n’était pas au niveau de l’enjeu. Qu’il aille convertir les libéraux à l’écologie si ça lui chante, mais qu’il le fasse discrètement. S’il veut réellement servir l’écologie, qu’il disparaisse des écrans !

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