Psychologie cognitive et souvenirs recomposés

Je me souviens dans mon enfance, il n’y avait pas d’inondations, pas de sécheresses, pas de tempêtes et pas d’incendies, tous les jours alternaient de jolies averses et de belles éclaircies, des libellules se posaient sur mon épaule et je croisais des lynx à chaque promenade, je ne pouvais même plus prendre ma voiture tant il y avait d’insectes sur le pare-brise. A cette époque, je m’en souviens encore, les pauvres étaient heureux, les fonctionnaires étaient efficaces, les commerçants étaient honnêtes, les riches étaient généreux, on trouvait un emploi en traversant la route, presque personne n’avait de maladie, le niveau du certificat valait au moins un doctorat, une sorte d’harmonie paradisiaque régnait dans la société. Ah, les plus jeunes n’ont pas connu cela, mais moi je m’en souviens très bien.

Stéphanie Chayet : Elizabeth Loftus jugeait la mémoire humaine si malléable que son idée en 1991 est d’induire un souvenir fabriqué de toutes pièces en situation expérimentale : « Comme s’être perdu dans un centre commercial quand on était enfant ».A l’université de Washington, où elle enseigne la psychologie cognitive, la chercheuse prouve pr des expériences l’existence » du phénomène des faux souvenirs (article de 1995). L’étude émerge en pleine Satanic Panic, une psychose collective de type complotiste qui voit des foules d’Américains ordinaires poursuivis pour d’horribles rites pédocriminels… dans les cabinets des psys, on extrait de l’inconscient de si nombreux sévices supposément refoulés depuis l’enfance que le législateur abolit la prescription. La confrérie des psychologues se fracture : d’un côté, les tenants des souvenirs retrouvés, principalement des cliniciens ; de l’autre, ceux des faux souvenirs, en majorité des chercheurs en sciences cognitives.  

Nos détracteurs disaient, “Se perdre est si banal, montrez-nous que vous pouvez le faire avec quelque chose de plus dérangeant, de plus bizarre”, raconte la psychologue. Alors des collègues ont relevé le défi avec une attaque d’animal, un baptême de l’air en montgolfière, une quasi-noyade… D’autres travaux ont montré qu’un faux souvenir de dispute parentale active le système nerveux autant qu’un vrai. Ces « guerres de la mémoire » se sont soldées par la disgrâce des thérapies de récupération de souvenirs, certains praticiens sont condamnés à verser des millions de dollars de dommages à leurs patients manipulés.

Le point de vue des écologistes thérapeutes

Mohamed-Antoine Roquentin : Stéphanie Chayet aurait dû faire ses devoirs en s’intéressant à l’œuvre de Freud, Lacan et qqs autres avant d’écrire ça, ou interroger un psychanalyste français. La psychologie cognitive, qu’elle plaie; les Américains auront inventé l’eau chaude.

G.M : Par ses méthodes scientifiques et ses protocoles documentés et reproductibles (et donc sainement sujets à discussion), la psychologie cognitive est la seule qui reçoit mon respect de scientifique. Vos pontifes illuminés ne m’intéressent pas.

D. : Les psychothérapies de la « mémoire retrouvée » existent toujours et sont toujours aussi dévastatrices pour les patients.

Michel SOURROUILLE : Notre perception du présent est faussée comme peuvent l’être nos souvenirs du passé. Pourquoi des personnes estimant que le changement climatique n’est pas plausible se laissent-elle, en revanche, aisément convaincre des dangers imminents que représentent les attentats terroristes ou les invasions extraterrestres ? Nous constatons que les biais cognitifs qui apparaissent dans les expériences de psychologie sont, dans la vraie vie, subordonnés à la culture, aux normes sociales et à l’identification à l’endogroupe. Le changement climatique n’est pas médiatiquement stigmatisé, et les phénomènes météorologiques extrêmes nous sont dans une certaine mesure familiers. C’est pourquoi l’incertitude concernant ses effets n’instille pas un sentiment de crainte ; elle nous laisser croire ce que nous avons envie de croire. Tout dépend de l’idéologie sous-jacente d’un individu. C’est pourquoi la post-vérité à la Trump fait des ravages en Amérique… Nous avons une capacité presque sans limites à accepter des idées nouvelles (vraies ou fausses) une fois qu’elles font partie de convictions partagées, qu’elles sont renforcées par les normes sociales et communiquées par des récits qui s’adressent à nos « valeurs sacrées ».

pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere

BIOSPHERE-INFO, le syndrome de l’autruche

 

1 réflexion sur “Psychologie cognitive et souvenirs recomposés”

  1. Didier Barthès

    Personnellement je ne mettrais pas « se laisser convaincre du danger des attentats terroristes » et « se laisser convaincre des dangers d’une invasion extraterrestre » dans la même catégorie. Ce ne serait pas très respectueux pour les victimes du terrorisme et à ma connaissance il n’y a jamais eu d’invasion extraterrestre.

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