A rebours des conceptions de la démocratie qui réduisent la décision politique au décompte des votes, la théorie délibérative mise sur la capacité des citoyens à trouver ensemble des solutions d’intérêt général, par l’information et la discussion.
Claire Legros : La notion de délibération suscite un intérêt renouvelé face aux choix complexes imposés par la crise environnementale. Mais de quelle délibération parle-t-on, qui y participe et comment l’organiser ? Dès la Grèce antique se pose déjà la question du risque de manipulation des foules par celui qui parle le mieux. A partir du XVIIIe siècle, la délibération, « à savoir un débat bien mené considérant toutes les données d’un problème et menant le cas échéant à la prise de décision » devient dans les démocraties modernes l’affaire d’une aristocratie élective distincte du peuple dans son ensemble, l’opinion des masses étant toujours suspecte de verser dans l’irrationnel. Pourtant la démocratie représentative implique, au-delà du vote, une participation active des citoyens à la délibération. Pour autant elle ne s’improvise pas. Depuis une trentaine d’années, des expériences de jurys citoyens associent délibération et tirage au sort, afin de garantir la qualité du débat et la diversité des origines sociales des participants. Les questions qui leur sont posées relèvent souvent de l’éthique ou de choix politiques complexes : avortement et mariage homosexuel en Irlande, réforme constitutionnelle en Islande, justice sociale et transition écologique en France avec la convention citoyenne pour le climat.
Lire, Une démocratie véritable par tirage au sort
Quelques remarques :
– En démocratie, il n’existe pas d’optimum législatif. Il faut dès le départ accepter que les propositions seront soumises à discussion, amendées et certaines abandonnées. Il y aura alors nécessité quelques années plus tard de reprendre le travail et ainsi de suite. La démocratie est un lieu vide, sans références stables, puisqu’il s’agit de délibérer en groupe pour arriver à prendre une décision qui peut aller dans un sens ou en sens contraire selon les circonstances. Mais c’est mieux que l’autre procédure décisionnelle qui repose uniquement sur des arguments d’autorité formulés par une religion ou un leader plus ou moins charismatique (pharaon, roi, dictateur, etc.).
– La faiblesse de la participation citoyenne vient non pas de la méthode mais bien du peu de goût des citoyens à rester dans le processus délibératif quand leurs propositions ne sont pas retenues. C’est donc bien un défi socio-culturel : accepter de ne pas avoir raison tout de suite et même parfois tort.
– Quand les gens ne sont pas cultivés, quand ils ne lisent, ni pensent, n’importe quel démagogue peut les empapaouter ! Il faut d’abord éduquer les citoyens à PENSER par eux mêmes, donc à résister aux mécanismes d’endoctrinement, qu’ils soient le fait de pressions religieuses, de croyances politiques ou de diktats publicitaires.
Pour avoir une bonne idée de ce que veut dire « délibération » je pense qu’il suffit de voir comment fonctionne le jury populaire (jurés d’assises).
MICHEL C 4 MAI 2021 À 12:35 etc. ( Quelle démocratie dans une société écologisée )