Quel avenir pour l’espèce humaine ?

Démographie, quel avenir pour l’espèce humaine ? C’était la question posée par le MEI (Mouvement des écologistes indépendants) pour une conférence-débat le 22 août 2021 lors de leur Journées d’été. En voici un compte-rendu.

Il faut souligner la prise en compte de la question démographique par le MEI. C’est le seul parti qui adopte un positionnement malthusien. De son côté EELV ignore volontairement cette problématique, la gauche reste nataliste et l’extrême droite veut multiplier les berceaux. Pourtant il y a une inquiétude dans la population qui constate les différents méfaits de la surpopulation. Le MEI a donc une carte à jouer. Les militants peuvent utiliser un certain nombre d’éléments de langage pour mieux se faire comprendre et intéresser l’électeur. En voici quelques-uns :

Jour du dépassement : La date est calculée en croisant l’empreinte écologique des activités humaines (surfaces terrestre et maritime nécessaires pour produire les ressources consommées et pour absorber les déchets de la population) et la biocapacité de la Terre (capacité des écosystèmes à se régénérer et à absorber les déchets produits par l’homme, notamment la séquestration du CO2). Il faudrait 1,7 Terre en cette année 2021 pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable, ce qui est impossible. On dilapide le capital naturel, on ne se contente pas de ses fruits.

Malthusien, terme peu connu et pourtant inclus dans le dictionnaire de français. C’est une référence aux différents « Essai sur le principe de population » de Robert Thomas Malthus publiés à partir 1798. Il s’agit de désigner par cette expression la volonté de maîtriser la fécondité humaine.

Loi de Malthus : lorsque la population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle va doubler tous les vingt-cinq ans, et croît de période en période selon une progression géométrique (exponentielle). On n’obtiendra pas avec la même facilité la nourriture nécessaire. En effet, l’agriculture étant soumise à la loi des rendements décroissants, les moyens de subsistance ne peuvent jamais augmenter plus rapidement que selon une progression arithmétique (linéaire). D’où un décalage croissant entre population et alimentation.

formule IPAT, ou équation I = P x A x T. L’impact environnemental, noté I, est le produit de trois facteurs : la taille de la Population (P), les consommations de biens et de services ou niveau de vie (A pour « Affluence » en anglais) et les Technologies utilisées pour la production des biens (T).

Acteurs absents : Acteur qui ne peut prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations. EXEMPLE : milieu naturel, êtres vivants non humains, générations futures. (Dictionnaire du développement durable, AFNOR 2004).

Ginks ou Green inclination no kids : désigne les femmes qui veulent rester nullipares pour des raisons écologiques.

Pour reprendre maintenant la question posée, il faut savoir que l’espèce humaine est très récente, 300 000 ans environ… A l’échelle de la présence de la vie sur Terre, c’est une très très courte période. L’invention de l’agriculture il y a environ 10 000 ans constitue une rupture par rapport aux chasseurs-cueilleurs. Nous avons voulu forcer la terre à produire, nous nous sommes éloignés de la préservation du milieu qui nous faisait vivre… Depuis la machine à vapeur il y a deux siècles, notre civilisation thermo-industrielle a obtenu la capacité technologique de détériorer gravement les équilibres naturels ; on peut donc prévoir son effondrement. Dans ce contexte, il ne faut pas s’en tenir à une étude démographique, simple constat de l’état donné d’une population et prévision basée sur l’existant, il faut s’interroger sur l’idée de surpopulation et donc sur le dépassement des limites.

1) les prévisionnistes

– Malthus peut être considéré comme un précurseur de l’écologie, faisant correspondre évolution de la population et ressources alimentaire, remettant l’humain dans son milieu de vie. Aujourd’hui son message peut s’appliquer à l’insuffisance de toutes les ressources renouvelables et non renouvelables pour soutenir le poids de notre nombre. Malthus est aussi un précurseur de la décroissance démographique. Il vaut mieux utiliser volontairement des obstacles préventifs à la fécondité plutôt que trop attendre et être obligé de subir des obstacles destructifs du type épidémies, famines et guerres.

– Le rapport au club de Rome de 1972 (Les limites de la croissance) repose sur un des premiers modèles montrant la dynamique des systèmes. Comme Malthus, on montre qu’une évolution exponentielle n’est pas durable dans le temps ; or population, agriculture, industrie, pollution et raréfaction des ressources naturelles reposent sur cet emballement. Une version révisée, Beyond the Limits, est parue en 1992 avec nouvelle mise à jour en 2004. Elle confirme le diagnostic de 1972. Il faut agir très vite pour contenir une évolution exponentielle, attendre c’est trop tard. Si on ne fait rien pour contenir notre productivisme et notre natalité, l’effondrement de notre système est prévu au cours de ce XXIe siècle..

2) interrogations contemporaines sur la temporalité

– Le long terme devrait être privilégié, nous devons tenir compte des acteurs absents, considérer dans toutes nos actions le devenir de la biodiversité et le sort de nos générations futures. Or le système socio-politique garde une préférence pour le présent, protection des avantages acquis, hédonisme de la population… Savoir la planète en danger n’implique pas que nous allons agir pour la sauvegarder. Il y a certes une inquiétude par rapport au futur, mais on se contente de se griser de mots, développement durable, croissance verte, pacte vert de relance européenne. On en reste au modèle croissanciste du business as usual.

– Pourtant l’état des lieux comme support de l’avenir est bien documenté. Nous avons mis la planète au pillage, nous dépassons les limites biophysiques de la Terre. C’est ce que montre le GIEC pour le réchauffement climatique, l’IPBES pour l’extinction de la biodiversité, l’ASPO pour la descente énergétique, le calcul de l’empreinte écologique pour le jour du dépassement. Il a eu lieu le 29 juillet 2021, en 1970 c’était le 29 décembre, presque l’équilibre. On peut donc prévoir un effondrement de la civilisation thermo-industrielle, un collapsus. D’ailleurs dans certains pays ou régions, les catastrophes se multiplient, certains États sont en faillite, des bandes armées font la loi, des perturbations climatiques extrêmes ont lieu, les sols sont épuisées, les ressources halieutiques exsangues, etc. Dans un tel contexte, l’état de surpopulation est avérée.

– Les prévisions démographiques disent qu’en 2100, nous serions 10 ou 11 milliards d’humains. Pourquoi pas 1 milliard seulement ? La fin des énergies fossiles, la pénurie énergétique, les déficits alimentaires massifs, les maladies non soignées en raison du démantèlement des services médicaux,… pourraient réduire la population à un niveau proche de l’ère pré-industrielle, soit un milliards d’êtres humains seulement.  C’est le chiffre compatible avec une agriculture organique. Le calcul de la capacité de charge de la planète et donc la détermination d’un optimum de population est nécessaire. Nous fixons politiquement des objectifs en matière d’émissions de gaz à effet de serre, nous pourrions faire la même démarche dans le domaine démographique.

Conclusion. Épidémies, famines et guerres se multiplient à l’heure actuelle, Malthus était un lanceur d’alerte qui n’a pas été écouté. Plusieurs types de solution sont possibles. Au niveau global et conformément au modèle IPAT, une politique étatique devrait à la fois mettre en place une décroissance démographique, une décroissance économique et utiliser des technologies appropriées à une réduction de notre consommation d’énergie : le vélo plutôt que la voiture ! On peut aussi agir au niveau individuel, maîtriser sa fécondité, pratiquer la grève des ventres comme les Ginks. On peut bien sûr adhérer à une association comme Démographie Responsable. On devrait enfin quand on est militant porter politiquement le message malthusien avec le MEI.

Je pense personnellement que la solution structurelle repose sur l’information/formation pour changer notre imaginaire collectif. J’ai donné aujourd’hui des éléments de langage qu’il serait utile de diffuser. En bref, pour éclairer l’avenir, devenons malthusiens. On peut aussi visiter le site de documentation des écologistes http://biosphere.ouvaton.org/ et suivre ce blog qui donne chaque jour « le point de vue des écologistes »….

Michel SOURROUILLE

1 réflexion sur “Quel avenir pour l’espèce humaine ?”

  1. Quel avenir pour l’espèce humaine ?
    Cette question mériterait autre chose que ce rabâchage sur le (sur)nombre, qui ne nous avance finalement à rien. Déjà, où situons-nous l’avenir ? 2050… 2100 … où ça alors ?
    La Terre va t-elle s’arrêter de tourner en 2100 ? Non bien sûr !
    La vie (la Vie) aura-t-elle disparue de la surface de la Terre en 2100 ? Non bien sûr !
    Des tas d’espèces auront disparues, c’est sûr, mais pas la vie.
    Quant à l’espèce humaine, sa disparition avant 2100 est un scénario possible. Cependant je ne le crois pas, j’ai déjà dit que plus nous étions nombreux et plus notre espèce avait de chances de durer. L’avenir de notre espèce je le vois bien au delà. En attendant, demandons-nous ce qui pourrait réellement mettre en péril la survie de notre espèce.

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