Le parti animaliste est fondé en 2016 par sept personnes. Son but affiché n’est pas d’obtenir des élus mais de communiquer autour de la cause animale. Il obtient aux Européennes 2,2 % des voix, presque autant que les voix obtenues par le Parti communiste (2,5 %) et mieux que la liste Urgence écologie (1,8 %). Bizarre ! Car c’est la vision écologiste vu par le petit bout de la lorgnette ; la cause animale n’est qu’une partie des préoccupations liées à exploitation forcenée de la biosphère et pas seulement de ses animaux. Ce positionnement mono-thématique ignore la dimension européenne d’un scrutin généraliste. Mais cela fait mousser, une cinquantaine d’acteurs, animateurs et chanteurs – parmi lesquels bien entendu Brigitte Bardot, ont signé une tribune appelant à « prendre le parti des intérêts des êtres sensibles ». Et cela stimule quelques mémères amoureuses de son chien ou chat. En effet le programme affiché se résume à présenter une tête de chien aux européennes et un chat au législatives 2017. Nous sommes loin de la revendication profonde d’attribuer une valeur intrinsèque à toutes les formes du vivant. Les capacités humaines d’empathie s’exercent malheureusement assez peu envers les autres humains et de façon insignifiante envers les autres membres de la Biosphère, si ce n’est quelque animal domestique qu’on traîne à côté de soi. Voici quelques commentaires trouvés sur le lemonde.fr* :
Jean Louis Pérard : Il faut dire que le chien avait une bonne bouille. Cela compte …
le sceptique : Le choix d’un animal de compagnie plutôt qu’un animal sauvage dans leur communication est intéressant.
Ana : Quand on ne sait pas quoi voter, plutôt que de voter Blanc, on vote pour son chat.
Dominique Greusard : Il faut sans doute y voir la conséquence des alertes renouvelées quant aux risques pesants sur la biodiversité. Malheureusement, le mot biodiversité n’apparaît pas dans le programme du « Parti animaliste » ?
The Gonzo Man : Voici une manière cordiale d’exprimer son mépris pour les perroquets… professionnels de la politique. Il faut maintenant autoriser des animaux à être candidats… un chat, un chien, un organisme vivant tel la lèpre ou le choléra doivent pouvoir être candidat.
Untel : Se sont les populistes de demain ! Puisque résoudre les problèmes des humains se révèle de plus en plus difficile voire impossible pour les partis traditionnels, que les extrêmes se grilleront les ailes au pouvoir, il reste les animaux. Un parti politique où ceux pour qui l’on vote ont une façon de s’exprimer encore plus limitée qu’un électeur du Front National (si si c’est possible) c’est l’avenir de la politique !
ThreeRavens : « L’avenir de la politique », c’est aussi l’extension des droits sur le fondement d’une connaissance réflexive de nos pratiques, de nos traditions et de leurs effets. Ce sont plutôt les extrémistes du statu quo qui ont un répertoire limité.
Quelques compléments d’analyse sur notre blog biosphere :
8 octobre 2018, Aymeric Caron, supprimons tous les élevages !
24 août 2018, Jean-Pierre Digard, L’animalisme est un anti-humanisme
29 novembre 2016, Ecoterrorisme, les écologistes sont-ils coupables ?
24 août 2016, Antispéciste Aymeric Caron, la politique autrement
* LE MONDE du 28 mai 2019, Européennes 2019 : le Parti animaliste crée la surprise parmi les « petits »
Je partage cette petite analyse de Biosphère. Les 6 commentaires résument très bien eux-aussi cet exemple qui ne fait qu’illustrer la situation ubuesque dans laquelle nous nous enfonçons, toujours plus, le grand n’importe quoi !
Dimanche dernier les français avaient donc le «choix» entre 34 listes, soit 34 «programmes». On a dit que c’était beaucoup … moi je trouve que ce n’était pas assez. Pour moi il aurait été bien qu’il y ait, et en même temps, au moins une liste de pêcheurs, bien sûr aussi une de chasseurs. Et une liste d’aficionados de corridas, et une de danseurs de flamenco, et une de gays, et une de végétariens, une de pesco-vegétariens, une de végétaliens, et une de végans bien sûr. Ah oui, j’oubliais, une liste de malthusiens, et une d’humoristes, et là oui je me serais peut-être déplacé.
Combien sont-ils à faire leur « devoir de citoyen » sur un « positionnement mono-thématique » ? Ce positionnement c’est généralement POUR ou CONTRE Untel ou Ontel, ce coup-ci Macron, pour certains c’est les immigrés, pour d’autres la cause animale, finalement peu importe. Combien sont-ils finalement à voter avec leur cerveau plutôt qu’avec leurs tripes, qu’avec leur ulcère ? Alors à ce stade, voter pour son chat, après tout pourquoi pas. Maintenant si le chat (ou le chien ou le perroquet) est blanc, je crains que ce vote ne soit interprété comme un vote blanc, ce qui serait vraiment embêtant.
Je ne sais pas ce que sera l’avenir du « Parti animaliste », mais pour moi ce n’est qu’un détail. L’avenir est au Grand n’importe quoi.