Quel espace politique pour le candidat Yannick Jadot ?

question* à Yannick Jadot : Le thème de l’écologie est plus souvent repris à gauche. Cela ne va-t-il pas réduire votre espace politique ?

« Je ne vois pas de problème à ce que d’autres s’inspirent de notre programme et le reprennent en partie, qu’il s’agisse de Jean-Luc Mélenchon ou de Benoît Hamon. Plus ils seront nombreux à parler de l’écologie, plus l’écologie sera dans le débat. C’est une nécessité au moment où François Fillon promet de supprimer le principe de précaution et où le PS a largement tourné le dos à l’écologie. J’observe tout de même que Jean-Luc Mélenchon parle de planification écologique, alors que je travaille depuis plus de vingt ans sur cette idée, qui, selon moi, ne marche que dans un cadre européen. Prenez le paquet climat-énergie, la directive sur les bâtiments, l’écoconception ou encore les émissions de CO2 des voitures… Il faut de l’Europe, de la décentralisation et de la démocratie à l’échelle internationale. Et là je suis en rupture avec Jean-Luc Mélenchon. Quand il soutient globalement Vladimir Poutine en Syrie ou fait une oraison funèbre dithyrambique à l’égard de Fidel Castro, pour moi, ce n’est pas de l’écologie. Quant à Benoît Hamon, il dit qu’il ne pourra plus soutenir un candidat productiviste. Mais que fera-t-il s’il ne gagne pas la primaire sachant qu’Arnaud Montebourg, Manuel Valls et Vincent Peillon sont pour le nucléaire ? J’espère qu’il me rejoindra. 

Je veux sortir l’écologie de son image culpabilisante et punitive pour en faire une écologie à la fois crédible et bienveillante. A la différence de Jean-Luc Mélenchon, qui est dans une logique bloc contre bloc, je ne veux pas gagner contre les autres. J’ai été un des principaux négociateurs du Grenelle de l’environnement. Cela a nécessité de travailler avec les entreprises, les collectivités, les salariés, les consommateurs et l’Etat pour trouver des solutions. 

Trop de Françaises et de Français votent par défaut ou contre. La stratégie du choix du moins pire pour éviter le pire est une stratégie qui ne marche plus du tout et qui nous rapproche toujours plus du pire. C’est la stratégie Clinton. Mais elle a perdu. La stratégie anti-Trump, avec une candidate du renoncement sur la justice sociale, les discriminations et l’environnement, a échoué. Celui qui a gagné c’est l’écologiste Alexander Van der Bellen en Autriche. Il l’a emporté non pas en déclarant qu’il était contre le candidat d’extrême droite Norbert Hofer, mais en disant que l’Autriche est une société ouverte, européenne et écolo. » 

* http://www.lesechos.fr/elections/presidentielle-2017/0211615370358-yannick-jadot-je-veux-sortir-lecologie-de-son-image-culpabilisante-et-punitive-2052284.php

4 réflexions sur “Quel espace politique pour le candidat Yannick Jadot ?”

  1. @biosphère
    écologie politique, certes, mais également sociale…
    sinon l’écologie « libérale », c’est serrez-vous la ceinture, polluez moins, nous on mange bio et on roule en 4×4.

  2. Je rejoins ce que dit jppg et je l’ai déjà exprimé ici sur ce site.

    Selon Biosphère, « ni Mélenchon, ni Jadot n’ont de perspectives réelles d’arriver au second tour. »
    C’est vrai que Jadot est lucide, il n’y croit pas. Mais Mélenchon lui, il y croit ! On a bien le droit de rêver, je l’ai déjà dit. Mais seulement dans une certaine limite, ça va de soi.

    Et puisque les sondages sont si importants que ça :
    Fillon est crédité de 26 à 29% – Marine le Pen 24 à 25% – Macron 13 à 18%
    Mélenchon 13 à 15% – Valls 11 à 12% – Montebourg 6 à 7% – Jadot 2% – Peillon 1%
    En attendant de connaître les résultats des primaires de la gauche… faisons un petit calcul très simpliste :
    13 + 11 + 7 + 2 + 1 ça nous fait 34 ! Mais comme Valls n’est même pas de gauche, ça ne fait plus que 23 % .
    Dans notre système actuel, un candidat crédité d’au moins 20% peut remporter les présidentielles. Le résultat final n’étant que la conséquence d’une foule de facteurs aléatoires (exemple : l’humeur des indécis le jour J)
    Seul hic… et non des moindres ! Comment marier les inconciliables ?

    – « le message qui devrait structurer le XXIe siècle est celui de l’écologie politique, pas celui de la gauche. »
    Certes ! Ou du moins il faudrait nous mettre d’accord sur ce que nous entendons par « gauche ». En attendant, les sondages (là aussi) nous indiquent quelles sont les préoccupations des Français. On peut le regretter mais l’écologie arrive loin derrière.
    Alors, est-ce trop utopique, trop idiot, trop paradoxal… d’essayer de faire d’une pierre deux coups ?
    Et puis, en quoi la victoire de Méluche serait-elle préjudiciable à la « cause » ?

  3. Monsieur Jadot,
    « Quant à Benoît Hamon, il dit qu’il ne pourra plus soutenir un candidat productiviste …J’espère qu’il me rejoindra ». Et pourquoi ne pas rejoindre Mélenchon tous les deux: arrêtons la machine à perdre de l’écosocialisme (ou de l’écologie sociale, car il faut les deux!).
    Avoir du respect pour Fidel Castro, ce n’est pas écolo? Bien sûr, Cuba n’est pas une démocratie. Mais Cuba a réussi à sortir son peuple de la misère, tout en consommant moins que sa part de planète. Bien sûr, ils n’ont pas de Coca Cola…

    1. bonjour jppg
      rejoindre Mélenchon ne porte pas aux yeux de l’électorat un message écologique inaudible. Jean-Luc ne représente que lui-même et se contente de fédérer dans l’immédiat un mécontentement diffus au nom du « plus à gauche ». Les écologistes présentent de leur côté une candidature spécifique à chaque présidentielle depuis 1974. Il est aussi vrai que ni Mélenchon, ni Jadot n’ont de perspectives réelles d’arriver au second tour. Mais le message qui devrait structurer le XXIe siècle est celui de l’écologie politique, pas celui de la gauche. L’avenir est à la décentralisation sous forme de communautés résilientes et à l’austérité volontaire, la sobriété partagée. Il n’est pas à l’étatisme et aux promesses de relance économique croissanciste.

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