Le jeu d’échecs ne se joue qu’à deux, mais n’importe quel spectateur peut rentrer dans la partie en observant la position. Quel coup jouer ? Qu’est-ce que j’aurai fait à la place du joueur ? Que va-t-il se passer ? C’est pour cela que médiatiquement ce sport devrait être roi, mais on préfère les jeux de baballe sur nos écrans télé et le boum-boum des jeux vidéos. Misère, misère !
Le 10 décembre 2021 à Dubaï, le Norvégien Magnus Carlsen a conservé sa couronne mondiale en remportant la 11e partie de son match (prévu en 14 rencontres) contre son challenger russe Ian Nepomniachtchi. Avec quatre victoires à son compteur et aucune défaite, il menait 7,5-3,5 et ne pouvait plus être rejoint au score. L’écologie n’attache aucune importance à un championnat d’échecs, même s’il est mondial. Pourtant ce jeu d’échecs en lui-même a un immense avantage du point de vue écologique. Il prend peu d’espace pour y jouer, un coin de salon ou une petite table dans un jardin, on peut même réunir des centaines de joueurs sur l’équivalent d’un terrain de foot. Il utilise peu de ressources naturelles, les pièces nécessitent très peu de bois et se léguer aux générations futures. Aucun déchet non recyclable pour une occupation qui peut nous motiver pendant des heures et des journées…
Lire, Le jeu d’échecs est un jeu utile et très écolo
De plus, en sexe temps de féminisme exacerbé, le jeu d’échecs est un jeu complètement égalitaire même si les Blancs ont l’avantage du trait. A ce jour, aucune preuve d’une quelconque différence naturelle pouvant causer l’écart entre hommes et femmes sur les 64 cases n’a pu être avancée. Pourtant c’est un domaine où l’inégalité règne encore, c’est culturel. Durant les années 1960, un psychologue hongrois nommé Laszlo Polgar dévora les biographies de centaines de grands intellectuels et en tira le trait commun : une spécialisation précoce et intensive. Il en conclut que le génie est acquis et non inné “geniuses are made, not born”. Il se mit au défi de le prouver en rendant géniaux ses futurs enfants. Plus pragmatique que romantique, il posta une petite annonce disant en substance “recherche femme pour avoir des enfants génies”. En 1969, naquit Susan. Quatre ans plus tard, alors que son père hésitait encore entre la spécialiser en mathématiques ou en physique, la gamine découvrit par hasard un jeu d’échecs et demanda qu’on lui en apprenne les règles. Ce fut une révélation… pour son père. A la fois une science, un art et un sport, le jeu d’échecs présente l’avantage de produire des résultats parfaitement mesurables, l’idéal donc pour retranscrire la progression de la progéniture. Onze années d’entraînement intensif plus tard, Susan était devenue la meilleure joueuse du monde, à 15 ans !
Lors d’une interview en juillet 2021, il a été demandé à Magnus Carlsen si son expérience acquise dans les matchs précédents était peut-être « son plus gros avantage » en vu de son match contre Ian Nepomniachtchi. Sa réponse a été : « Non, mon plus grand avantage est que je suis meilleur aux échecs. »
Ian Nepomniachtchi : « La bonne nouvelle [sur les causes du résultat final] est qu’il ne s’agit presque pas d’échecs. Un match comporte de nombreux aspects : non seulement la préparation échiquéenne, mais aussi physique et psychologique. Le niveau de mes bévues est pathétique…. »
Très bien les échecs, MAIS nous retrouvons là encore la Compétition.
Pour moi l’esprit de compétition (« je suis meilleur que lui ; je suis Le Meilleur ») est pathétique. Je préfère de loin l’esprit du jeu.
Je ne suis pas un champion à la belotte, mais je n’en ai rien à foot. Ma femme n’en parlons pas, ses bévues sont grotesques. Mon frangin et ma beldoche jouent et trichent bien mieux que nous. Mais qu’est-ce qu’on se marre ! 🙂
Oui mais là on ne peut vraiment pas faire autrement le jeu d’échec par nature donne un gagnant et un perdant de la partie, on ne va pas jouer aux échecs de manière citoyenne et collaborative en offrant volontairement ses pièces en prise.
C’est quand même un jeu extraordinaire qui fait appel à la seule intelligence dans toutes ses composantes, l’imagination, le calcul, la mémoire… C’est aussi un jeu dans lequel on est seul responsable de son destin et si en effet ce n’est pas exactement comme ça dans la vie, je trouve que c’est très formateur, que c’est une excellente école. Et puis comme ce n’est pas un jeu d’équipe, cela ne développe pas l’esprit de corps qui est souvent si désagréable et tant source de violence, de bêtise et de vulgarité.
Je ne sais pas jouer aux échecs, mais je sais que tout ce que vous me dites là (l’imagination, le calcul, la mémoire…) Par contre il m’arrive de jouer à d’autres jeux, dits de société (dames, puissance 4 etc.) J’y jouais avec mes enfants et maintenant avec mes petits-enfants. C’est évidemment d’un autre niveau que les échecs, et bien sûr à la fin il y a toujours un gagnant et un perdant. Mais pour moi la compétition ce n’est pas ça. Ou que ça. La compétition c’est les championnats (régionaux, nationaux etc.), c’est les tournois (au niveau des clubs). Déjà là il y a compétition ET compétition, et moi j’en suis resté à Small is beautiful 😉 Les concours (de belote, de scrabble, de boules etc.) c’est encore autre chose, un autre esprit. J’aimais bien ces petits concours, dans les bars, les fêtes de villages.
Ceci dit, l’esprit de compétition (c’est ça que je n’aime pas du tout) se retrouve même en dehors de la Compétition (officielle). Comme par exemple dans certains clubs de cyclotourisme. C’est bien beau de se prendre pour un coureur, mais à ce moment là faut mettre un dossard. Et après bien sûr, faut assumer.
Et nous retrouvons cet esprit quasiment partout. En politique et tous les jeux du Cirque (The Voice, Danse avec les Stars, les Miss etc.) et dans les entreprises, avec les premiers de cordées, les winners et autres killers, qui massacrent les loosers.