La synthèse suivante met l’accent sur la problématique démographique. Bien entendu le livre de Thierry Rippol est bien plus riche, croisant différentes disciplines sensibles à l’approche évolutionnaire. Son fondement théorique consiste à montrer que les difficultés que nous rencontrons pour gérer la crise environnementale réside dans le fait que notre cerveau, adapté à l’environnement de l’époque Paléolithique, n’est pas adapté à gérer l’environnement dans lequel nous vivons aujourd’hui. Il nous faudra un sursaut de conscience pour réagir, et le temps presse.
Thierry Ripoll : Toutes les espèces animales tendent à croître autant qu’elles le peuvent, notre obsession de la croissance économique n’en est qu’une expression particulière. Elles ne cessent de le faire que lorsque la surexploitation de leur écosystème leur impose de décroître ou de disparaître. Si je pense que la réduction de notre consommation individuelle est la priorité, je ne pense pas qu’on puisse continuer d’ignorer la question démographique. Qu’y a-t-il de si monstrueusement inhumain dans l’acceptation du fait que se reproduire n’est pas une fin en soi ? Quelle différence y aurait-il de préférer que l’on soit 10 ou 15 milliards plutôt que 2 ou 5 ? L’expansionnisme de l’espèce a-t-il des vertus particulières ? Rappelons que pendant une grande partie de l’existence du genre Homo, sa population était de l’ordre de 10 000 individus. Il y a 50 000 ans, nous étions à peu près 1,5 millions. Dès le néolithique, la population va croître de façon exponentielle, pire encore ces dernières années. Depuis les cinquante dernières années, notre population a davantage cru que durant les 300 000 années d’existence de notre espèce, d’où le terme de « grande accélération » : 1,6 milliards en 1900, 2,5 milliards en 1950, 6,1 milliards en 2000 et 7,8 milliards en 2021. La densité humaine a évolué en proportion : 1 habitant pour 3 300 hectares au paléolithique, 1 pour 10 hectares au néolithique, 1 pour 10 ha à l’âge de fer et 1 pour 2 ha aujourd’hui. A cela il faudrait encore ajouter les milliards d’animaux domestiques (d’élevage ou de compagnie) qui constituent une sorte d’extension de l’espèce humaine et qui jouent un rôle considérable dans le déséquilibre du système Terre.
Mais cette croissance démographique vertigineuse ne nous saute pas aux yeux parce que nous sommes dans l’incapacité cognitive d’en saisir la brutalité. Nous souffrons d’un biais qui nous empêche de saisir les trajectoires exponentielles ; rien dans l’expérience personnelle de nos brèves vies ne permet d’en faire l’expérience concrète. Bien souvent la prise de conscience est très tardive et intervient à un moment où il n’est plus possible de contrôler le phénomène. Nos logiques économiques qui paraissent rationnelles à court terme peuvent se révéler absurdes sur le long terme. Par exemple tous les gouvernements tentent de stimuler la croissance démographique car ce sont les actifs en France qui permettent de financer les pensions des retraités. Mais comme les actifs d’aujourd’hui seront les retraités à venir, le mouvement doit être toujours croissant, faire des enfants pour payer les retraites à venir… mais jusqu’à quand ? Cela dit, pour n’importe quel écologue, il est clair qu’aucun système naturel en équilibre n’est capable d’absorber sans déstabilisation majeure la prolifération d’une espèce, qui plus est d’une espèce aussi productrice et consommatrice d’énergie que la nôtre.
Une modification de notre comportement peut-elle avoir un effet sur la préservation du bien commun ? L’impact d’un individu est globalement d’un dixième si la communauté comprend 10 personnes. Le problème est que nous sommes près de 8 milliards d’humains sur la planète. Mon impact est donc de 1 sur 8 milliards : epsilon. Non seulement nous sommes trop nombreux pour pouvoir échanger directement, mais surtout nous percevons qu’une modification même significative de notre propre comportement n’aura guère d’impact. Il s’agit du problème de l’incommensurabilité entre l’action individuelle et l’action collective. Ce type de raisonnement est un grand classique de l’alibi que nous nous donnons pour continuer de consommer comme d’ordinaire et de participer ainsi activement à la destruction du bien commun. Or l’évolution nous a dotés d’un cerveau aux capacités telles qu’il est désormais dangereux d’obéir au déterminisme biologique le plus universel qui soit : croître et se reproduire. Nous ne pouvons plus aujourd’hui nous comporter comme des rats proliférant sans conscience sur l’île qu’ils ont colonisés. La prise de conscience de l’absurdité de la croissance, tant économique que démographique, devrait nous conduire à nous libérer du joug imposé par les forces évolutives.
Il y a a une forte rationalité dans le fait de considérer que mettre un enfant de plus au monde contribue à accentuer sa propre empreinte écologique, c’est une évidence incontestable. Nous disposons de deux leviers d’action en vertu de la loi de Ehrlich I = P x A x T. Pour un impact écologique (I) donné, le niveau individuel de consommation et de richesse (A) ne peut s’accroître que si la population (P) diminue et/ou si l’efficience technologique (T) augmente. Le levier technico-scientifique doit être poursuivi non plus dans l’objectif de la croissance économique, mais dans celui d’améliorer nos conditions de vie à l’intérieur des limites imposées par la nécessité de préserver la planète. Le second levier, sujet tabou s’il en est, est celui de la démographie qu’il convient de traiter rationnellement et sans a priori. Pas question d’opposer de manière caricaturale les partisans d’une absence totale de contrôle démographique et les malthusiens. On peut fort bien envisager un contrôle démographique qui ne verse ni dans l’élitisme, l’eugénisme ou le racisme. Car il n’y a pas de secret. La production de richesses étant tributaire des ressources limitées de notre écosystème, la part qui revient à chaque individu est nécessairement fonction du nombre d’humains. Faute de contrôle démographique, c’est à un effondrement démographique de grande ampleur qu’il faut s’attendre, tel qu’on l’observe chez toutes les espèces qui se reproduisent jusqu’au point de rupture dans un écosystème limité. Mais pour réguler la population humaine, deux impératifs doivent être selon moi respectés. Tout contrôle démographique doit être démocratiquement approuvé et ce contrôle doit s’appliquer de manière identique pour tous.
Nb : Texte recomposé à partir des pages 19, 93, 99, 135, 141, 220 et plus, 233.
source : Pourquoi détruit-on la planète ? Le cerveau d’Homo sapiens est-il capable de préserver la Terre ? (éditions Le Bord de l’Eau, 2022)
M. Ripoll ne dépeint pas une psychologie de l’humain mais sa nature animale psychique qui le pousse à se reproduire.
Homo sapiens et ses prédécesseurs comme Homo neanderthalis ont failli disparaître pendant la dernière glaciation de Würm.
La pulsion de vie et de survie (ainsi que quelques niches favorables à la survie) est le ressort de l’humain qui a permis à certains individus de passer cette période d’extinction biologique.
Comment un individu fort de cette vitalité peut lutter contre cette pulsion interne?
Toute femme ne se sent pas femme si elle n’a pas expérimenté la procréation. Tout homme se sent vain sans une progéniture.
Seule la culture peut réfréner ces pulsions.
Le chemin semble long pour y parvenir.
Thierry SP
« Mon impact est donc de 1 sur 8 milliards : epsilon. Non seulement nous sommes trop nombreux pour pouvoir échanger directement, mais surtout nous percevons qu’une modification même significative de notre propre comportement n’aura guère d’impact. Il s’agit du problème de l’incommensurabilité entre l’action individuelle et l’action collective. Ce type de raisonnement est un grand classique de l’alibi que nous nous donnons pour continuer de consommer comme d’ordinaire et de participer ainsi activement à la destruction du bien commun. »
–> Oui mais alors que faire ? Jancovici parlait à ce que chacun prépare une liste de renoncements, et qu’on se mette démocratiquement d’accord ensemble sur ce que l’on devrait renoncer. MAIS, je trouve Jancovici bien trop naïf ! En effet, lorsque chacun effectuera sa propre liste de renoncements, chacun inscrira sur sa liste des activités qui ne le concernent pas.
Autrement dit, seuls ceux qui ne font jamais de moto inscriront de renoncer à la moto, pareil pour le ski, pour la voiture, pour l’avion. Seuls ceux qui ne font pas de ski diront de renoncer au ski, ceux qui n’ont pas de voiture de renoncer à la voiture, et ceux qui ne prennent jamais l’avion de renoncer à l’avion. Bref, personne n’inscrira sur sa liste des activités, donc les objets matériels associés, sur sa liste de renoncement, chacun inscrira les activités et objets des autres. Alors les motards; les skieurs, les automobilistes et les passagers d’avions ne seront pas d’accord à ce que l’on renonce à leurs activités et désigneront d’autres activités et objets qui ne les concernent pas. Bref, ça sera pareil pour tout ! On ne parviendra personne à se mettre d’accord par la démocratie.
Ce coup-ci tu trouves donc Janco bien trop naïf… Après tout t’as peut-être raison.
N’empêche que son idée n’est pas si con que ça. Pas comme la raison que tu développes. En effet t’as raison, ce n’est pas parce que je déclare renoncer au caviar et à la Rolex que je participe à faire avancer le Schmilblick. Ceci dit, il y a tout juste quelques jours Sarah Py (Biosphère 24 mars 2022 : Indépendance énergétique par la sobriété) proposait quelque chose qui va dans le sens de cette fameuse «liste de renoncements», à savoir la lutte contre les gaspillages. Et elle posait la question : Qui va être contre ?
Pas moi en tous cas ! ( MICHEL C 25 MARS 2022 À 14:24 et 14:37 )
Si… ce soir Manu décrétait l’interdiction de la PUB… à la télé pour commencer, avant de l’interdire sous TOUTES ses formes… alors j’ose espérer qu’il n’y aurait pas grand monde pour pleurnicher et manifester dans la rue.
« Sarah Py (Biosphère 24 mars 2022 : Indépendance énergétique par la sobriété) proposait quelque chose qui va dans le sens de cette fameuse «liste de renoncements», à savoir la lutte contre les gaspillages. Et elle posait la question : Qui va être contre ? »
Comment se fait il que tout le monde soit contre le gaspillage et qu’il se produit malgré tout ? Ce genre de slogan est sans intérêt ! Personne ne passe à l’acte pour autant ! En France et même dans le monde en général, tout le monde dit être contre la misère ! Et pourtant en France il y a 2,5 millions de millionnaires quand même, et que font ces millionnaires ? Et ben ils font tout pour devenir exilés fiscaux ! Pourtant tout le monde dit qu’il est pour la partage ? Qui est contre la lutte contre la misère ? Qui est contre le partage ? Tu sais pour se faire bien voir tout le monde dit qu’il est contre le gaspillage comme il raconte être contre l’égoïsme…
Tout ce que tu veux, mais… dis-moi…
Et si… ce soir… Manu décrétait l’interdiction de la PUB… à la télé pour commencer… alors combien crois-tu qu’il y en aurait… non pas pour voter pour lui… mais pour pleurnicher et pour manifester dans la rue ? Hein ?
En France , on est des grands diseux petits faiseux, c’est ainsi ! Tout le monde se dit être contre le gaspillage, parce qu’on n’est dans une logique où c’est impossible d’assumer d’être pour le gaspillage. Pourtant dans les faits, ça gaspille à tout va à tous les échelons. Alors bon, Sarah Py peut clamer tous les slogans qu’elle veut, les bonnes paroles n’engagent à rien et permet de se faire bien voir pour 0 €uro et sans effort, mais si je lui demande quel est le plan d’action contre le gaspillage, et ben ? Elle n’a plus rien à dire ! Voilà c’est du vent !
Alors finalement, qu’on pourrait on appeler cela ? Renoncer à rien ou Renoncer à des choses qu’on a déjà renoncées par désintérêt ? On continuera de détruire car nos plaisirs sont et seront toujours prioritaires…
En tout cas, lorsque Jancovici va organiser les conférences pour que tous les individus se mettent d’accord à renoncer à des trucs, j’ai hâte d’y assister en tant que spectateurs, car je sens que je vais bien rigoler !
« Recension : pourquoi détruit-on la planète ? »
Parce que le pouvoir d’achat a toujours le dernier mot ! Le pouvoir d’achat a toujours raison même lorsqu’il a tort Pour le moment c’est interdit de forer pour aller chercher du pétrole de schiste en France mais vous croyez que ça va durer ? Vous pensez que c’est un morceau de papier signé qui va empêcher d’extraire et exploiter cette ressource ? Tu parles des papiers signés l’UmPs n’en a rien à cirer ! Les papiers signés servent juste à calmer une frange de la population sur le moment c’est tout ! Regardez les traités européens le nombre de fois que l’UmPs s’est torché le Q avec ! Aussi pour l’Euro ! Les interdictions ne sont faites que pour être contournées selon la vision UmPs Alors tôt ou tard en France on fera des trous pour obtenir du pétrole de schiste, ce n’est juste qu’une question de temps, quand la population braillera pour avoir du carburant l’Umps sera mûr pour violer les papiers signés
C’est quand même dommage. Alors que tu as là une formidable occasion de faire péter ta «science» dans le domaine de la génétique, et d’exposer ta fumeuse théorie de «l’expansion du plaisir»… eh ben tu trouves moyen d’être encore hors-sujet. C’est à désespérer.
Mais vu que tu es comme le Pouvoir d’Achat (qui a toujours raison même lorsqu’il a tort) le diable y serait si tu ne trouvais pas un moyen de retomber sur tes pattes.
Et il eut donc été dommage, que de mon côté je ne vous resserve pas la mienne, théorie. Celle qui part du postulat que plus une espèce compte d’individus et moins elle risque de s’éteindre. Et donc d’évoluer.
Ben oui, l’expansion de plaisir est une réalité ! Regarde Thomas Pesquet affirme que la planète est en danger, mais ça ne l’empêche pas de cramer de nouveaux shoot de plusieurs tonnes d’hydrazine, et de peroxyde d’azote pour pouvoir se faire plaisir à jouer du saxophone dans l’espace… Il ne peut pas s’empêcher d’y retourner combien même c’est nuisible pour la planète…
Et un bouquin de plus ! Et quelques arbres de moins ! Et une théorie de plus ! Quoique.
Cette théorie postule que nous sommes prisonniers de déterminismes psychologiques et biologiques archaïques qui nous empêchent d’aborder et gérer la crise globale d’une manière lucide et rationnelle. Cette théorie fait penser au fameux «Bug humain» de Sébastien Bohler («Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher» 2019). Au moins maintenant nous avons la réponse au POURQUOI («Pourquoi détruit-on la planète ?») Et avec ça nous voilà bien avancés. Et encore plus si à la seconde question («Le cerveau d’Homo sapiens est-il capable de préserver la Terre ?») la réponse est NON.
Sébastien Bohler a fait la préface du livre de Ripoll : « Nous aboutissons, lui et moi, à la même conclusion. On ne ménage pas la planète et le vivant sans se limiter soi-même. La nature meurt de l’Homme, et si nous voulons qu’elle vive, l’Homme va devoir se faire plus petit. Tant que le désir du « toujours plus » qui anime l’humanité n’aura pas été domestiqué, aucune technique ne la sauvera. Or l’être humain est équipé pour remplacer la consommation de biens matériels par l’échange, la connaissance en tant que telle, l’art… et ces pratiques à « impact carbone zéro » ont le même effet sur le cerveau humain qu’un hamburger ou un gros SUV !
C’est une révolution qu’il nous faut car nous n’avons plus le temps pour l’évolution. »
Je ne veux surtout pas démolir les théories de ces deux-là (quel intérêt aurais-je à le faire ?) ni même les contredire sur leurs conclusions. De mon coté j’aboutis toujours à la même conclusion : Et ron et ron petit Patapon !
En matière de révolution (pour tourner en rond) nous sommes champions. 🙂
C’est l’histoire d’un mec, d’un pote, qui avait un gros problème. Depuis tout petit il se faisait dessus. C’est pourquoi il était toujours emmerdé. La réponse au POURQUOI n’étant pas à chercher du côté du tuyau, le malheureux vivait donc comme il pouvait, en attendant. Trente ans de thérapies diverses et variées lui avaient donné la réponse à son POURQUOI, seulement il était toujours autant dans la merde. Jusqu’à un beau jour où il rencontra le Professeur Foldingue, inventeur d’une nouvelle psychothérapie à la mode. Je me souviens qu’un jour je buvais un coup avec mon pote, je lui demande :
– Et au fait, où t’en es de ton vieux problème ?
– Mais ça c’est réglé, et depuis longtemps !
– C’est super, je suis super content pour toi. Alors comme ça, fini les couches ?
– Ah mais non ! Je me chie toujours dessus, je sais POURQUOI, mais maintenant je m’en fous.