Les Verts ne savent plus actuellement où aller. Entre les tentatives désespérées de François Hollande pour s’allier avec des Verts devenus roses, la tentative avortée de Cécile Duflot de conduire à gauche-gauche et les velléités de Jean-Vincent Placé de devenir ministre avec son courant « Repères », il y a pour l’instant peu de place pour les Verts verts, tous ceux qui mettent l’écologie au centre de leur message. Des tas de textes circulent en interne, tous plus ambigus les uns que les autres. Mais la situation commence à se calmer, un retour au gouvernement des écolos n’est plus à l’ordre du jour. François Hollande estime que nommer un ministre « écolo » rejeté par EELV nuirait à la cohérence de son projet pour 2017, la réunion des écologistes que se veulent « responsables/réalistes » et pro-gouvernemental, réunis à l’Assemblée nationale le 4 avril, a débouché sur une impasse. Maintenant on commence à envisager les prochaines élections, les régionales approchent. Le scrutin à la proportionnelle permet au parti Europe Ecologie Les Verts de se présenter la plupart du temps en autonomie au premier tour. Voici un résumé de leur premier texte « de débat » écrit dans cette perspective : « L’écologie politique à la reconquête des territoires, au plus près des habitants. »
« Jamais les citoyennes et les citoyens n’ont été aussi conscients et préoccupés par les crises environnementales. Partout les initiatives bourgeonnent, à la reconquête d’un vivre-ensemble percuté par l’individualisme et l’exacerbation des compétitions. L’écologie « en pratique » fonde d’autres rapports économiques, tisse de nouveaux liens sociaux, redéfinit la frontière entre le marchand et le non-marchand. Chaque jour, de plus en plus de personnes s’inscrivent dans de nouveaux usages en matière de consommation et expérimentent de nouveaux modes d’action collective. Et pourtant, malgré un nombre considérable d’élus à tous les échelons démocratiques, l’écologie politique n’apparaît plus comme le débouché naturel des « défricheurs » du quotidien et connaît une de ses périodes les plus sombres. Aspirée par le jeu politico-médiatique national, obsédée par les stratégies d’alliances, elle est souvent inaudible. L’écologie politique n’échappe pas au discrédit des formes politiques traditionnelles. Dans ce contexte inquiétant, il revient à notre mouvement de se rassembler, de s’ouvrir, de repenser son projet et sa stratégie. L’élection présidentielle, qui cannibalise tout le débat public, n’est pas pour l’heure la question qui doit nous occuper.
Parce que le local est notre espace le plus pertinent de démonstration, les élections régionales de décembre prochain doivent être le socle de ce renouveau de l’écologie politique. Les transitions que nous proposons peuvent générer de nouvelles activités économiques organisées autour d’artisans, de paysans, de PME et de PMI, créer des emplois de qualité et non délocalisables. Dans la plupart des régions, les écologistes sont membres de la majorité. Les politiques publiques évoluent et portent de plus en plus notre empreinte. En l’absence d’écologistes en situation de pouvoir, nous mesurons combien serait forte la tentation de célébrer les fermes usines, les zones commerciales, la route et la bagnole, imposer des grands et des petits projets aussi inutiles que destructeurs. La logique politique de cette élection est donc de réaffirmer l’autonomie du projet écologiste. (Mais) des conditions spécifiques seront à évaluer dans certaines régions ; les militants locaux en seront les meilleurs juges. Nous avons souvent, trop souvent, déçus celles et ceux qui, trop souvent désespérés de nos travers, restent convaincu-e-s que le projet écologiste peut pleinement répondre aux angoisses et aux risques de notre temps. Si nous savons être à la hauteur, leur confiance reviendra. »