Rémi Barroux, un journaliste vendu au natalisme

Le journaliste Rémi Barroux est un pervers qui multiplie les phrases assassines pour occulter le risque démographique. Discutons ses propos*.

Rémi Barroux : « Le constat n’est pas discutable, l’humanité a augmenté de 2 milliards d’individus entre 1992 et 2017. Pour autant, le constat ne vaut pas prévision. »

Biosphere : L’humanité a augmenté constamment ces dernières décennies de 1 milliard en moyenne tous les douze ans. Le passé ne dit pas grand-chose sur l’avenir sans doute, mais comme nous avons déjà pillé la planète, souvent de façon irréversible, nous nous doutons que nos générations futures vont grandement souffrir. Pour limiter les dégâts, cela implique la nécessité d’une baisse drastique de la population en valeur absolue. Comme il y a de fortes probabilités que les dirigeants ne prendront par la fécondité à bras-le-corps, il y aura une accentuation des guerres, famines et épidémies comme le prévoyait déjà en 1798 Malthus.

Rémi Barroux : « Depuis une cinquantaine d’années, la croissance diminue. Des + 2 % annuels de croissance démographique mondiale dans les années 1960, on est passé à + 1 %. Et on devrait arriver prochainement en dessous du seuil de 1 %. »

Biosphere : Le taux de croissance démographique mondiale a certes diminué, mais cela ne veut nullement dire qu’il y a décroissance de la population mondiale. Au dessus de 0 %, il s’agit toujours d’une évolution exponentielle de type 1-2-4-8-16…. Albert Jacquard faisait remarquer que, avec un taux d’accroissement de 0,5 % par an, la population humaine, qui était d’environ 250 millions il y a  deux mille ans, serait de 5000 milliards aujourd’hui.

Rémi Barroux : « La planète supporte bien 2 milliards d’habitants supplémentaires. »

Biosphere : Rémi Barroux commente un avertissement de 15 000 scientifiques constatant le fait que l’humanité pousse « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ». Il a le culot d’écrire l’inverse.

Rémi Barroux : « Par ailleurs, un taux de fécondité autour de 2,5 enfants par femme au niveau mondial ne signifie pas grand-chose. Plus de la moitié des pays de la planète connaissent un taux inférieur au taux de renouvellement. »

Biosphere : Gladstone tenait les statistiques pour la forme la plus élaborée du mensonge. On ne fait dire aux chiffres que ce qu’on veut leur faire dire. Ce n’est pas parce que certains pays ont un taux de reproduction faible que cela invalide une moyenne mondiale. Cela veut même dire que les autres pays sont très au-delà de 2,5 enfants par femme !

Rémi Barroux : « Et en Chine, la politique de l’enfant unique par famille a été abandonnée, pour contrer les effets du vieillissement de la population qui, rappelons-le, représente près de 20 % de l’humanité. »

Biosphere : Barroux reprend la tarte à la crème du danger du vieillissement. Rappelons que cet argument n’est valable que pour les pays où les pensions de retraite sont financées par la collectivité, par les actifs. Faire plus d’enfants pour payer la retraite des vieux veut dire beaucoup plus de vieux dans l’avenir, c’est un cycle sans fin et autodestructeur. D’autant plus que les nouveaux arrivant sur le marché du travail risquent fort de se retrouver au chômage et donc population à charge comme les retraités ! Si la Chine fait n’importe quoi aujourd’hui, cela ne veut pas dire qu’il faut suivre leur exemple.

Rémi Barroux : « Le démographe Hervé Le Bras rappelle que« tout change très vite… La Tunisie est en dessous du seuil de reproduction alors qu’elle était encore à près de 7 enfants par femme il y a cinquante ans »

Biosphere : Le cas de la Tunisie est mal venu, car ce pays a une faible population (12 millions d’hab.) comparé aux 2 géants voisins que sont l’Algérie (42) et l’Egypte (98) où « tout change très vite » mais dans l’autre sens puisque les taux de fécondité y sont en hausse…

Rémi Barroux : « Dans leur avertissement à la planète, les scientifiques avancent qu’il serait « idéal » de s’en tenir au maximum au niveau de renouvellement de la population. C’est déjà quasiment le cas, répondent les démographes. « Et si vous extrapolez la baisse de la croissance de la population observée depuis les années 1950, on pourrait passer de 1 % aujourd’hui à une croissance nulle dans quarante à cinquante ans », avance Hervé Le Bras. »

Biosphere : C’est le problème des démographes, ils disent d’un côté que l’avenir est imprévisible et de l’autre ils aiment faire des extrapolations par rapport au passé. Leur formule fétiche, c’est la transition démographique, le fait de passer d’un taux de fécondé et de mortalité élevés à l’inverse après une période d’explosion démographique. Le problème, c’est que ce schéma validé dans le passé pour les pays déjà développés a besoin d’un développement socio-économique pour voir baisser la fécondité. Or le dépassement des capacité de la planète (cf. l’empreinte écologique) invalide toute perspective d’un développement pour les pays prétendument « en voie de développement ». D’autant plus qu’une croissance démographique rapide fait entrer le pays dans le cercle vicieux « on est pauvre, donc on fait beaucoup d’enfants, donc on est encore plus pauvre… »

Rémi Barroux : « Si on réservait la nourriture, blé, maïs, soja destinée aux animaux pour la consommation humaine, on pourrait nourrir 11 milliards d’humains, affirme Hervé Le Bras. C’est avant tout une question de régime alimentaire : si l’ensemble de l’humanité mangeait comme les Français, les ressources de la planète permettraient de nourrir seulement 4 milliards d’humains. A contrario, avec le régime du Bangladesh, ce serait 12 milliards. »

Biosphere : Le problème est qu’aucun occidental ne voudrait vivre comme un Bangladais et que très peu de Bangladais aspirent à rester à ce niveau de consommation. La sous-nutrition a un impact très négatif sur le fonctionnement cognitif, alors devenir une planète sur-peuplée d’individus très limités, non merci.

Rémi Barroux : « Le problème n’est pas tant la croissance démographique que la gestion des ressources et le changement des modes de vie. »

Biosphere : Je ne rejoins pas la conclusion de l’article, selon laquelle le changement des modes de vie serait plus important que le contrôle de la démographie africaine. Les deux mécanismes sont interdépendants, la croissance démographique est dans tous les cas un multiplicateur des menaces (cf. l’ équation IPAT). Les deux objectifs doivent être conduits en parallèle et avec volontarisme et fermeté. Les effets bénéfiques seront alors cumulatifs.

* LE MONDE du 14 novembre 2017, En vingt-cinq ans, la population mondiale a crû de 35 %

7 réflexions sur “Rémi Barroux, un journaliste vendu au natalisme”

  1. Didier Barthès

    Bonjour Michel C

    Ah non je ne défends pas des droits indéfendables, ce que je défends et qui s’oppose à des effectifs toujours plus nombreux ne sont pas « les droits des porcs ».

    Mais oui je suis pour que chaque famille puisse, si elle le souhaite, vivre dans une maison, avoir un jardin dont elle soit maître, puisse voyager un peu et même manger de la viande en quantité raisonnable, puisse avoir un niveau de vie minimum et une éducation digne de qualité. Et je suis bien persuadé que cela est incompatible avec des effectifs tels que nous les connaissons actuellement et tels qu’ils s’annoncent pour demain. Cela ne sera jamais accessible à 8 milliards de personnes

    Ce droit à un certain niveau de vie n’est pas une horreur, je préfère une humanité moins nombreuse qui vive bien que l’inverse. Et cette position là, si elle me condamne aux yeux de certains courants politiques adeptes des slogans (tout en réclamant plus pour chacun des travailleurs français ce qui est complètement contradictoire) je l’assume.

  2. Bonjour Didier Barthès
    Je ne me place pas en défenseur de Rémi Baroux, mais ne trouvez-vous pas déjà que cette comparaison Bangladesh-France est un peu grotesque ?
    Dire qu’ « avec l’alimentation du Bangladesh nous pourrions nourrir 12 milliards de personnes » revient à dire ni plus ni moins que ce que je disais précédemment. Si la Terre porte un jour un tel nombre (probablement, très probablement … en 2100 ?) ces humains-là mangeront (et vivront) comme on mange (et vit) aujourd’hui au Bagladesh.
    Bien entendu personne ne souhaite de ce monde là, ni ceux qui y vivent aujourd’hui. (au Bangladesh).

    Ceci dit, n’y a t-il pas une juste mesure entre les deux ? Déjà entre France et Bangladesh, et je laisse tomber les plus gros porcs de la planète. Nous pourrions peut-être commencer par nous mettre d’accord sur un modèle, un pays, une époque… essayer de voir de quoi nous avons réellement besoin, définir le bonheur… etc.

    Quant à cette soit-disant « philosophie qui veut nous priver de tous nos droits et toutes nos aspirations au profit d’une seule chose, le droit à être toujours plus nombreux »… il reste alors à la comparer avec l’autre, celle qui veut absolument défendre nos « droits » et autres « aspirations » …
    Mais déjà, de quels droits et aspirations parle t-on ? De ce satané « droit » de vivre (et de penser) comme des porcs… de cette satanée aspiration au toujours plus ?
    Je pose seulement la question.

  3. Monsieur Barrou devrait faire la différence entre une augmentation relative et une augmentation absolue, ainsi si le taux à un peu baissé (mais on est quand même au dessus des 1 % ce n’est pas négligeable, la planète gagne plus d’habitants chaque année (+82 millions environ) qu’elle n’en gagnait entre 1960 et 1970 (+70 millions)date des fameux + 2 %).
    Ensuite son exemple sur la Tunisie est mal renseigné, l’ensemble du Maghreb a vu sa fécondité fortement remonter depuis les printemps arabes
    Quand à la priorité donnée au mode de vie, c’est ridicule, si les plus pauvres polluent et consomment moins , c’est justement parce qu’ils sont pauvres, Monsieur Barroux veut-il les laisser pauvres ?
    Comme beaucoup de natalistes qui prétendent défendre les pauvres en refusant de mettre l’accent sur la démographie, il défend en réalité la pauvreté.
    Avec l’alimentation du Bangladesh nous pourrions nourrir 12 milliards de personnes : l’aveu est terrible. Est ce cette alimentation là que veulent les presque 8 milliards d’humains ?
    Rappel aussi si nous étions comme le Bangladesh (1100 habitants au km carré) nous serions 660 millions d’habitants en France…. Joyeuse perspective !
    C’est encore un exemple d’une philosophie qui veut nous priver de tous nos droits et toutes nos aspirations au profit d’une seule chose, le droit à être toujours plus nombreux.
    Quant à la préservation de la nature pour les animaux ; il n’en est même pas question, comme chez tous les natalistes, (Pierre Rabhi compris)
    En ce qui concerne la question du vieillissement et des retraites, rappelons qu’un argumentaire complet sur le thème se trouve sur le site de l’association Démographie Responsable

  4. Chaque camp a raison, énonce des évidences, des vérités, on pourrait compter les points des deux côtés… et alors, en quoi serions-nous plus avancés ?
    Et d’abord, pourquoi donc n’y aurait-il que deux camps ? Pourquoi devrions-nous prendre parti , POUR ou CONTRE Malthus ou Barroux, Rabhi ou Tartampion ?
    Bref, ça tourne en rond !

  5. Cynique du bon sens

    L’éducation et la communication semblent préférables. Jusqu’au jour, où la survie devra comporter des décisions malheureuses.

  6. Kamel sur lemonde.fr : “Dans un pays qui compte encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien.” En parlant ainsi au G20, Emmanuel Macron avait raison et maintenant Le Monde semble le reconnaître après lui avoir tapé dessus en parlant de dérapage. C’est juste la vérité.

  7. Barroux aussi vicelard et idéologue (im)mondialiste qu’ un JM Aplati .
    Excellentes réfutations des « affirmations foireuses  » de ce Barroux qui n’ a pas utilisé l’ argument ultime zieglerien de la mauvaise répartition des richesses .
    Avec de tels adversaires en face d’eux , les malthusiens sont sur du velours pour faire avancer leur cause !

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