sans portable ni carte bancaire, ce sera notre avenir

 Nous pensons que notre manière actuelle (voiture, téléviseur, portable, etc.) de vivre est normale, bien qu’elle soit en fait une aberration dans l’histoire humaine. Fabrice Flippo, Michelle Dobré et Marion Michot rappellent dans leur livre* qu’il est difficile de penser et agir hors de l’imaginaire de la croissance ; la solution technophile nous paraît bien la plus séduisante. Les TIC (technologies de l’information et de la communication) sont développées pour produire de la consommation et de la croissance. Or ces TIC ont un impact qui se résume à : « énergie, matières et toxiques. » De la vraie innovation pour de la bonne vieille pollution.

Un récent article** nous donne quelques éléments d’information sur cette pollution. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par la consommation des Français liée à l’achat d’électronique a bondi de 40 % depuis 2008. Ce poste ne prend en compte que la fabrication de ces produits et non l’électricité utilisée pour leur utilisation (comptabilisée dans le poste énergie des logements). « Cette forte hausse s’explique par l’équipement des Français en télévisions à écran plat, smartphones et tablettes durant les cinq dernières années », indique l’étude de Carbone 4. Elle « contrebalance entièrement les gains réalisés sur la consommation d’énergie des logements », poursuit le texte. A titre d’exemple, la fabrication d’un téléviseur à écran plat engendre 1,2 tonne équivalent CO2, soit 12 % du bilan carbone annuel d’un Français. En 2012, les émissions de GES par personne pour la consommation de biens et de services se sont élevées à 10,1 tonnes équivalent CO2.

Que faire ? Se passer d’ordinateur, de potable et autres gadgets électroniques. Cela semble impossible. En dix ans, le téléphone portable est passé de l’état de curiosité à celui d’outil. 80 % des Africains en possèdent un. 800 millions de personnes utilisent le GPS, disponibles depuis l’an 2000. Le SMS, âgé de dix ans seulement, est devenu le langage universel de la jeunesse. Nous n’avons ni portable, ni GPS, ni même de carte bancaire. Nous sommes pour la simplicité volontaire et la réduction de notre poids sur la planète. Notre exemplarité ne sera suivi que quand les gens y seront obligés. La raréfaction des hydrocarbures et autres ressources naturelles montreront à tous dans quelques années que nous avions raison de ressentir les limites de la planète et de l’exprimer dans notre mode de vie.

* La face cachée du numérique de Fabrice Flippo, Michelle Dobré et Marion Michot (L’Echappée, 136 pages, 12 euros)

** Le Monde.fr avec AFP | Bilan carbone : la part de l’électronique explose en France