La sécurité énergétique est au cœur de la relation entre l’UE, les Etats-Unis et la Russie (LeMonde du 8-9 mars). Il est vrai que les ressources énergétiques sont devenues un outil d’intimidation, donc un facteur potentiel de guerre. Il est aussi vrai que l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord ne peut être invoqué en cas de crise énergétique. Cet article, qui se réfère au droit de légitime défense collective, stipule qu’une attaque armée contre l’un ou plusieurs des membres de l’OTAN sera considérée comme une attaque dirigée contre eux tous. Bloquer l’approvisionnement en énergie n’est pas une attaque armée. Nous sommes dorénavant en présence d’une problématique qui dépasse de loin les difficultés entraînées par le tsunami financier car elle est double : sécurité énergétique et sécurité climatique !
Revenons en arrière. Un an après le précédent sommet à Gleneagles au cours duquel le changement climatique avait été l’une des dominantes du sommet annuel des huit grandes puissances, le thème phare du sommet du G8 (15-17 juillet 2006) était devenu par la grâce du président russe Vladimir Poutine qui le présidait pour la première fois un vague salmigondis sur la sécurité énergétique. Le lien entre sécurité énergétique et lutte contre le réchauffement planétaire a été en effet largement absent du projet de déclaration sur la « Sécurité énergétique mondiale ». Conjointement (27 et 28 septembre 2007) les Etats-Unis avaient invité les quinze économies les plus fortes du monde, y compris la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du sud, à deux jours de réunion sur la sécurité énergétique et le changement climatique. Sans résultat !
La butée climatique, combinée avec l’amenuisement des ressources énergétiques, devrait déterminer au cours de ce siècle une civilisation de la sobriété consentie des milliards de fois, ou des destructions de vie humaine par millions. La Biosphère se fera l’arbitre impassible des suffisances et insuffisances humaines.