Nous avions la radio comme complément d’échanges interpersonnels et ça nous suffisait. Puis on a inventé la télévision en noir et blanc, pas assez réelle, on est donc passé à la couleur. Et puis l’ordinateur a envahi nos vies, qui créa la génération des écrans. La décérébration pouvait commencer, le téléphone portable devint le smartphone qui bouffe l’existence personnelle et les rapports à autrui, n’en parlons même pas. Le présentiel devint une corvée et le travail à distance la panacée. Il nous faudrait définir les limites technologiques à ne pas dépasser, nous accélérons vers le virtuel généralisée.
Ivan Illich estimait en 1973 dans son livre La convivialité : « Quand la crise de la société surproductive s’aggravera, ce sera la première crise mondiale mettant en question le système industriel en lui-même et non plus localisée au sein de ce système. Cette crise obligera l’homme à choisir entre les outils conviviaux et l’écrasement par la méga-machine… »
Guillemette Faure : Des coiffeuses se sont mises à coiffer des gens qui ne leur parlaient plus. Des contrôleurs de train traversent des voitures dans lesquelles chaque voyageur a les yeux rivés sur un écran. Des caissières voient passer des clients, le téléphone coincé dans le cou, en communication avec des interlocuteurs invisibles. Des médecins observent des salles d’attente dans lesquelles personne ne brise plus la glace. C’est la fin du bavardage. Autrefois, il arrivait qu’on s’excuse auprès de son voisin de train quand, après avoir discuté, on sortait un livre. Comme si le mode par défaut était d’échanger. A présent, le mode par défaut, c’est d’être plongé dans son téléphone et de s’excuser si on doit adresser la parole . Cette solitude pourrait être la conséquence de l’inflation de gens autour de nous. Dans les métropoles, on serait obligés de limiter les échanges pour réussir à vivre avec autant de monde ; imaginons si nous devions nous présenter et discuter avec chaque personne que nous croisons. L’inattention civile, c’estdevenu la norme, particulièrement là où nous sommes nombreux. Plus on communique par téléphone et messagerie, moins on développe de liens sociaux “offline” et plus on appréhende de parler à quelqu’un qu’on ne connaît pas.
La faute au nombre
Ephrusi : je déteste les généralisations ! Paris n’est pas la France. Dans mon village, toute personne qui en croise une autre lui dit bonjour. Je n’en fais pas non plus une généralité !
Cath : L’être humain est un animal social, certes, mais l’impossibilité de se retrouver seul, au calme, dans l’environnement bruyant et surpeuplé des villes explique peut-être pourquoi nous avons tendance à vouloir rester dans notre bulle. Je suis sûre que les gens qui vivent dans des régions rurales avec un faible nombre d’habitants ne réagissent pas comme ça. Avec l’augmentation de la population, ça ne va pas s’arranger.
Clovis d Harcourt : Rien n’est plus national voire régional que ce rapport social à la communication. Pénible pour un Français d’être dans une file d’attente aux États-Unis et de voir son voisin se présenter et demander d’où on vient… ou de manger en Autriche autour d’une table partagée entre quatre couples de parfaits inconnus qui discutent ensemble !
Phomrakchiwit : Le plaisir de l’absence de « small talk »… c’est un vrai plaisir d’aller à l’ « Onsen », appelons cela le bain turc ou le saune à la japonaise pour simplifier. Entouré de 20-30 japonais et asiatiques, dans un silence absolu… que cela fait du bien… jusqu’au moment où 2 européens viennent et parlent haut… Pourquoi les occidentaux ne supportent-ils pas le silence, ni la méditation, ne sont pas capable de ressentir les petites choses: une respiration, une odeur, une plante qui bouge au gré du vent… ? Pourquoi leur faut-ils toujours parler, rompre le silence et rechercher l’extrême ?
Jean.ne Monde : j’ai lu l’article en espérant trouver la perspective historique qui est indispensable pour traiter ce sujet. L’anonymat est un produit de la grande ville, qui existe depuis l’antiquité. c’était un fait social minoritaire jusqu’à l’époque moderne, qui est devenu majoritaire suite à l’urbanisation.
La faute à la technique
Lopau : Le 19ème siècle a été le siècle de la sociabilité, le 21ème sera celui du smartphone et de la solitude.
CKC : Les gens ne se parlent plus beaucoup entre eux, en revanche notre époque a inventé les gens qui parlent tout seuls dans la rue avec une oreillette vissée sur l’oreille. Ça me surprend toujours !
Michèle de Dordogne : J’ai un souvenir cauchemardesque que d’un vol Paris Buenos Aires de presque 13 heures sur la Lufthansa entre un gros Allemand vissé à ses écouteurs et une mémée qui n’a pas quitté sa télé des yeux. Horrible !
Sarn : C’est vrai que c’est intéressant à observer les personnes rivées à leur portable. Elles sont dans leur bulle et les autres autour d’eux n’existent pas. J‘ai vraiment l’impression d’être transparente.
Jacques ELLUL : « La machine a créé un milieu inhumain, concentration des grandes villes, manque d’espace, usines déshumanisées, travail des femmes, éloignement de la nature. La vie n’a plus de sens. Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n’est pas lui qui crée ce monde, c’est la machine… Lorsque la technique entre dans tous les domaines et dans l’homme lui-même qui devient pour elle un objet, la technique cesse d’être elle-même l’objet pour l’homme, elle n’est plus posée en face de l’homme, mais s’intègre en lui et progressivement l’absorbe. » (La technique ou l’enjeu du siècle
La faute à l’idéologie
OlivierMT : Converser aimablement n’est pas donné â tout le monde, beaucoup disent discuter mais c’est surtout dispute. Essayez donc donc de converser avec un Insoumis ! C’est impossible.
Faust Septik : Vu le nombre de sujets, dits basiques et normaux d’avant, que l’on n’est plus en droit d’évoquer par peur d’être agressé pour non-conformisme au jeunisme, je comprends que beaucoup évitent de parler avec des inconnus. D’autant que le niveau des invectives devient rapidement grossier à dangereux.
Epistaxis : Il y a c’est vrai la crainte de tomber sur quelqu’un dont les opinions seraient radicalement différentes. Lorsque les médias étaient moins nombreux et les réseaux sociaux absents, le fenêtre d’Overton paraissait plus restreintes et les gens « moins éloignés ». Aujourd’hui des gens peuvent tenir en public des propos parfaitement odieux à mes yeux.
Si Lex : Je dis bonjour, pardon et merci. Mais je ne parle plus aux femmes car je crains qu’on ne m’accuse de les draguer, la frontière étant trop proche avec les violences sexistes. Quant aux hommes, j’évite aussi de crainte que cela soit mal interprété. Je peux encore sourire à un enfant quoiqu’on pourrait imaginer que je suis pédophile.
Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere
Puisque j’y suis, moi aussi, dans la parlote, dans les “échanges“ avec les « amis » du Web, je vais vous en raconter une autre. Et vu que j’abuse, que je dépasse la juste mesure, le quota qui va bien, notre chère Modération en fera bien sûr ce que bon lui semble. 🙂
À cette époque je n’avais pas de portable. Comme je partais souvent seul en montagne, je m’entendais régulièrement dire : « C’est pas prudent, et s’il t’arrive quelque chose et patati et patata ». Et ma chère et tendre, elle aussi, de me gonfler avec ça. Étant plus jeune et donc moins con que moi, ma belle avait un portable. Et elle tenait absolument à ce que je le prenne quand je partais. Pour se sentir rassurée etc. Et moi de lui faire plaisir, bien évidemment.
J’étais donc en train de monter vers un col, à ski là encore, c’était raide et la neige profonde. Tout à coup, au fond du sac, DRING DRING !!! Merde qu’est-ce qu’il y a ?
( à suivre. Mon dieu quel suspense ! )
Pour qu’elle m’appelle c’est que ça doit être grave. Mon dieu c’est quoi le Problème ?
Pas question de s’arrêter là pour voir, vite vite le col ! Une heure après, arrivé au col, sain et sauf, je déballe le sac, je chope le portable… et merde pas de réseau ! Vite vite le sommet, là haut ça devrait passer. Une heure après, au sommet, complètement crevé, je chope le portable et là ouf ça passe. Un message… Enfin je vais pouvoir savoir :
– « Bonjour c’est Orange, nous avons le plaisir de vous offrir une demi-heure de plus sur votre forfait et blablabla ».
Putain de portable ! Deux heures de pourries pour une demi-heure de gagnée.
En nous faisant économiser des efforts, et gagner du temps, comme on dit, les outils et les machines (les techniques) sont censés nous faciliter la vie. Personnellement je préfère me servir d’un marteau que de mes dents pour casser des noix. Voire un mur. Sauf que nous sommes arrivés à un stade où les machines nous la pourrissent plus qu’elles ne nous la facilitent, la vie. Là encore on a juste loupé un truc. La juste mesure quoi. Tiens, la Bagnole par exemple, qui tous comptes faits ne roule pas plus vite qu’un vélo. Et dont les nuisances se chiffrent à quelques 4000 morts chaque jour dans le monde, et je ne sais combien de tonnes de CO2, de hérissons et j’en passe. Et encore s’il n’y avait que ça, en plus et en même temps la Bagnole rend con. Ben oui c’est prouvé que quand je suis dans ma petite sphère privée, dans ma bulle à moi, je suis le roi du monde et je me crois tout permis. Parce que je le veau bien. ( à suivre )
Et encore s’il n’y avait que la Bagnole qui créait cette bulle à la con, et encore s’il n’y avait que les bulles qui nous rendaient cons. Mon dieu tous ces trucs et ces machins et ces put… d’innovations, toutes ces saloteries qui tuent qui polluent et qui nous rendent cons ! Bêtes et fainéants, trouillards et méchants, corvéables et aliénés, tracés, fliqués et fichés, connectés et isolés, etc. etc. Toujours plus bien sûr, misère misère !
– « Ils écoutent la musique avec un téléphone. Ils parlent dans la rue avec un téléphone.
Ils se photographient avec un téléphone. Et même ils se dirigent avec un téléphone …
Et moi j’ai plus d’batterie et je sais pas où j’suis. Han han, han han, hi han, hi han !!!
Putain de téléphone ! » ( Philippe Katerine )
Oui cette numérisation du monde pose vraiment des problèmes, ça rend nos sociétés fragiles ça exclut les plus âgés qui ne s’y retrouvent plus.
Mais pour les contacts humains, je suis moins sévère, concrètement ça me permet de parler à plus de gens et de trouver plus de gens que j’apprécie que, sinon ,la distance aurait inévitablement exclut de mes relations.
Oui et non, pas vraiment ! Je m’explique, en effet sur les réseaux on parle à plus de monde, à ces fameux amis virtuels, le truc c’est que, on parle, on parle, on parle, mais ces discussions n’aboutissent jamais à des plans d’actions et encore moins d’actions concrètes ! Au mieux, à travers les réseaux sociaux, les amis deviennent des exutoires à qui vider son sac, mais il n’en sortira rien de ces discussions ! Sur les réseaux, c’est soit tu râles de ton boulot et des tes tracas de la vie quotidienne ou de couple auprès de tes amis virtuels, mais il ne faut pas que ça dure longtemps sinon ils vont se lasser et te bloquer, ou soit rigoler de choses futiles, notamment en échangeant des vidéos bidons, mais jamais il n’y aura de discussions permettant d’améliorer le bien commun qui seront suivies de plans d’action et d’actions… D’ailleurs ce qu’on fait actuellement sur Biosphère, on parle mais il n’y a jamais de plans d’action et d’actions derrière…
Bga80, tu nous dit : « ce qu’on fait actuellement sur Biosphère, on parle mais il n’y a jamais de plans d’action et d’actions derrière… »
Personne ne t’empêche d’adhérer à l’association Démographie Responsable, à un parti de ta convenance ou à n’importe quelle autre action collective… Notre blog est là pour améliorer notre réflexion, à chacun ensuite de prendre ses responsabilités et de mettre en pratique des idées bien élaborées.
Pour tout ce qui est techniques et gadgets, j’ai toujours été en retard. Démodé, ringard, si vous préférez. Mais comme il faut bien vivre avec son temps (hi-han !), j’ai moi aussi tout un tas de trucs et de machins (une bagnole, un téléphone portable et j’en passe).
Petite histoire perso : Un jour, il y a environ 25 ans, j’arrive à ski sur un sommet où se trouvait une bonne dizaine de randonneurs, comme moi. Jusque là, quand on faisait des rencontres en montagne, on se disait bonjour et on discutait un peu, on échangeait quoi. Ce jour là rien de tout ça. J’ai de suite ressenti que quelque chose se passait.
Le ski de rando venait donc de se “démocratiser“. En même temps que le téléphone portable. ( à suivre)
Et puis je les voyais faire autour de moi, avec cette putain d’innovation à la con :
– « T’es où ? Tu fais quoi ? »
Et l’autre : « Chérie les prunes sont en promo, j’en prends combien ? »
Pendant longtemps je n’en voulais pas. Non c’est non !
Et finalement, depuis 15 ans environ j’en ai un. Un truc pour les vieux cons comme moi qui n’y entravent rien, plus basique il n’y a pas. Mais demain, qui sait, j’aurais un smartphone. Et une bagnole électrique, connectée et tout et tout. Et puis une puce comme mon chien. Comme ON dit, on n’arrête pas le Progrès. Misère misère !
Même pour les loisirs, les gens se réfugient sur leur ordinateur, console de jeu ou smartphone ! Ça permet de jouer, à tout instant, contre d’autres joueurs sans avoir à les connaitre ! Fini les jeux de cartes en carton, autour d’une table en compagnie d’amis; à présent on peut jouer aussi au Tarot ou la belote sur son smartphone. D’ailleurs les jeunes, au lieu de réviser leurs leçons ou de parler à des amis, avant d’aller en cours, jouent sur leur smartphone dans les transports en commun. Les écrans hypnotisent, captent l’attention des individus, et comme dit dans le texte ci-dessus, désormais il faut s’excuser lorsqu’on adresse la parole.
Les joueurs de ces jeux vidéos ont l’impression de se refaire une nouvelle vie à travers leur personnage, en plus sans contrariété, car lorsque ton personnage s’adresse à un autre personnage-non joueur (personnage joué par l’intelligence artificielle) ce sont des phrases pré-écrites sans intérêt, hormis que ça donne des indices pour réussir le jeu c’est tout. Mais les gens ne se confrontent plus aux autres, se confrontent uniquement à des intelligences artificielles.
C’est pour cette raison que je préfère fuir ces jeux, je préfère jouer à des jeux de rôle, jeux plateaux, tarot, wargame, autour d’une table avec des amis. En France, il doit y avoir autour de 150000 joueurs de jeux de rôle et 400000 pour les wargames….. ce sont de petites communautés de joueurs. Le reste du troupeau qui se compte par dizaine de millions de personnes jouent sur leur ordinateur, console et smartphone.
Quand je repense que les autorités et journalistes ont stigmatisé les joueurs de jeux de rôle, sans incidence réelle sur la santé mentale; et que les jeux vidéos ont largement faits d’énormes dégâts en comparaison, sans que ces journalistes et politiciens n’y retrouvent à redire ! A croire qu’isoler les individus en les désocialisant était le véritable objectif. Les jeux vidéos ont rendu chaque personne complétement isolée et incapable de se défendre ! Ces écrans ont rendu les gens vulnérables ! En plus des émissions de divertissement complétement abrutissantes à la télévision. C’est évident que les technologies ont fragmenté la société en individus isolés ne se souciant que de petites jouissances et intérêts personnels immédiats; ce qui explique que les individus ne se soucient plus du bien commun…