Un livre décevant (éditions Flammarion, 2011) car il évite toute référence à la politique. La neutralité bienveillante et les citations d’universitaires ne donnent pas de mode d’emploi : « L’homme a toujours été naturel, la nature est désormais presque totalement humaine. » Mais encore ? « Si nous sommes privés des services que nous rendent gracieusement des écosystèmes dont la munificence s’épuise, toute notre intelligence ne suffira pas à leur substituer des artefacts pour satisfaire nos besoins élémentaires. » Mais encore ? « Il est un principe à la fois fondamental et simple pour changer les attitudes environnementales : le principe de justice, dont la pédagogie reste à faire. » Ah, bon ! Cette conclusion du livre ne nous fait pas beaucoup avancer !
Le seul intérêt de ce pensum est la mention des idées d’Elinor Ostrom selon laquelle les régimes locaux sont les plus démocratiques, au plus près de la réalité écologique et sociale. Ostrom fait figurer dans sa liste des bons principes de gouvernance écologique la reconnaissance des règles des communautés locales par l’échelon central de gouvernement (p.148). Certaines formes de coopération climatique sont elles-aussi efficaces et gagneraient à être développées, par exemple sur la base de l’approche polycentrique promue par Ostrom (p.184). Mais Eloi Laurent ne fait qu’effleurer par ces mots LA solution social-écologique, l’instauration de communautés de transition. Il s’agit de construire en partant des initiatives locales une société de résilience aux chocs pétroliers et climatique qui nous guettent. Eloi Laurent n’est pas du tout au courant du manuel de Rob Hopkins ni de l’intérêt à promouvoir des écovillages. Il se contente de citer des universitaires… Eloi Laurent préfère la théorie éthérée plutôt que la pratique pragmatique.