Stocamine, le problème insoluble des déchets ultimes

Stocamine, le centre d’enfouissement des déchets industriels ultimes (non recyclables et hautement toxiques) dans le Haut-Rhin, pose problème. A plus de 500 mètres sous le territoire de la commune de Wittelsheim, dans les galeries d’une ancienne mine de potasse, dorment ainsi 44 000 tonnes de mercure, d’arsenic, de cyanure ou d’amiante. Présenté comme parfaitement sûr à la fin des années 1990, il fait aujourd’hui peser « un risque considérable pour l’environnement ». Le risque majeur est la contamination de la nappe phréatique alsacienne. Selon un rapport parlementaire, « Les déchets doivent être extraits si cela est techniquement possible, afin de ne pas faire peser un risque grave sur l’environnement, mais également sur la population (…), sous réserve qu’un site de stockage présentant de meilleures conditions puisse accueillir ces déchets ». Autant dire qu’on ne fera rien parce qu’il n’y a pas d’alternative ! Les commentateurs sur lemonde.fr sont très critiques, mais aucun ne remet en question le mode de société qui a produit ces déchets ultimes. Par contre le lien entre Stocamine et Bure est explicité :

GilZ : Stocamine ouvert en 99 et fermé en 2002… et 16 ans après on se rend déjà compte que ça tient plus la route et qu’il va falloir rattraper ces cochonneries pour un coût qui va encore exploser et qui n’a bien sûr pas été planifié. Et après y’a toujours les pro-nucleaires qui nous expliquent que l’on « sait gérer » le stockage pour 200 000ans !?!?!?!

ex-chargée d’environnement : Il serait intéressant de démonter les rouages qui ont conduit à ce stockage de déchets dangereux dans les anciennes mines de potasse d’Alsace. J’y suis descendue (à Wittelsheim) dans les années 80. La nappe phréatique qui est haute et abondante exerçait une poussée telle sur le cuvelage qu’il était impossible de la contenir complètement (ruissellement d’eau). La roche au fond est soluble dans l’eau et les affaissements de galeries abandonnées sont connus localement. Alors, corruption ou bêtise?

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Probablement un joli cocktail des deux…

ex-chargée d’environnement en Alsace : Il est impossible que le site soit étanche avec la nappe phréatique qui est au-dessus. Chaque puits constitue une opportunité de ruissellement, voire d’inondation (cf Germinal de Zola). L’argument que la roche est du sel gemme est risible puisque le sel est soluble dans l’eau. Il faut avoir été dans ces mines pour se rendre compte de la vulnérabilité de ce qui est en bas par rapport à ce qui est au dessus. Je ne sais pas ce que ces géologues avaient dans le crâne pour pondre un site pareil.

Lennie Petit : On ne peut qu’admirer la persévérance de tous les virtuoses du « circulez-y-a-rien-à-voir » qui s’évertuent quotidiennement, avec plus ou moins de bonheur, de bon goût et d’élégance à prouver, chiffres, raisonnements et méta-études à l’appui que les pesticides sont sans danger, que le nucléaire est indispensable, que les OGM vous nous sauver de la famine, que le diesel pollue peu et maintenant que les déchets ultimes sont un faux problème monté en épingle par des attachés parlementaires ignorants.

FRANÇOISE BARRET : On n’en a pas fini avec les poubelles toxiques… C’est toujours le même scénario : on annonce que tout est sous contrôle, les détracteurs se font laminer, et quelque années après on s’ aperçoit (ou on fait semblant de s’apercevoir) que les détracteurs avaient raison. Et on voudrait nous faire croire que les déchets nucléaires seront stockés pour l’éternité dans des endroits maîtrisés!

Courtial : incroyable, je suis persuadé que dans quelques années on va nous sortir un scandale encore plus énorme avec le nucléaire ; les déchets comme la maintenance des centrales vieillissantes. On est vraiment lamentables pour l’environnement en France.

le sceptique : Le Monde Planète est une sorte de condensé qui dégorge chaque jour de nouvelles terrifiantes, allant de contamination locale à telle promesse d’effondrement total en passant par la comptabilité macabre des cadavres de toute catastrophe naturelle ou industrielle. Au final, la banalisation de la catastrophe et du danger comme lot quotidien produit du non-sens. Et sans doute un soutien à la vente de tranquillisant et antidépresseur.

Svecan : Un autre problème à gérer est la généralisation de l’hyperbole sécuritaire dans presque tous les domaines… Dans l’accumulation de malheurs déclamés par les imprécateurs, on ne sait plus où donner de la tête. La priorité est-elle le réchauffement climatique, la gestion des déchets nucléaires, des déchets chimiques, la prolifération nucléaire, le terrorisme larvé, le 7° continent ? A trop crier « au loup ! » partout, l’alerte se perd dans le bruit de fond, et aucune priorité ne peut être marquée.

Parfaitement : Entièrement d’accord, Svecan! J’étais très inquiet à cause des fenêtres cassées chez moi, ainsi que des murs moisis et de la présence de rats. Mais depuis que je sais que ma toiture est en train de s’effondrer, je sais que tout cela n’était rien du tout. J’ai ma priorité et je me sens mieux.

Langelot : Je ne comprends pas cette manie de vouloir enterrer des déchets ultimes. Les déchets ultimes, il faut les mettre sous un hangar. Et il faut les surveiller sérieusement en espérant qu’un jour nous serons capable de les retraiter ou de les envoyer dans le soleil.

Pedro : stockons les déchets nucléaires dans des piscines en surface, ce qui permet de surveiller. L’enfouissement des déchets revient à enfouir l’avenir.

Rajeu @ Pedro : Un peu de sérieux, il y a un consensus scientifique international sur la question du stockage, infiniment préférable au maintien dans des piscines pendant des millénaires, ce qui suppose une surveillance constante pendant des dizaines de générations, par des gens qui n’auront jamais vu la couleur de l’électricité produite par le combustible usé.

* LE MONDE du 19 septembre 2018, Stocamine, « une bombe à retardement » en Alsace

5 réflexions sur “Stocamine, le problème insoluble des déchets ultimes”

  1. Rassurez-vous, demain le problème ne se posera plus. Je veux dire qu’on l’aura oublié, demain on parlera d’autre chose, ce ne sont pas les sujets qui manquent. En attendant je vais de ce pas prendre mon cacheton antidépresseur. Faut pas que je me goure, faudrait pas que je m’enfile la pastille de cyanure 🙂

  2. Rassurez-vous, demain le problème ne se posera plus. Je veux dire qu’on l’aura oublié, demain on parlera d’autre chose, ce ne sont pas les sujets qui manquent. En attendant je vais de ce pas prendre mon cacheton antidépresseur. Faut pas que je me goure, faudrait pas que je m’enfile la pastille de cyanure 🙂

  3. Les cyanures (radical CN) sont , je le pense décomposables en éléments non toxiques même associés avec mercure , nickel , sodium , potassium sous forme liquide ou de poudre .
    Mercure , arsenic et amiante sont par contre des substances effroyables pour l’ environnement .

    « Je ne comprends pas cette manie de vouloir enterrer des déchets ultimes. Les déchets ultimes, il faut les mettre sous un hangar.  »
    Solution peu engageante car le contrôle des fûts relève de travaux herculéens mais moins pire que l’ enfouissement .

  4. Si j’ai bien compris, ce problème n’est pas si insoluble que ça étant donné que dans peu de temps tous ces déchets devraient finir par se dissoudre dans l’eau.
    Ce qui est intéressant et même amusant, c’est d’analyser la tournure que prennent ces 71 commentaires sur Le Monde.fr.
    La ressemblance étant si forte on ne peut éviter de parler de l’enfouissement des déchets nucléaires, alors on en parle, mais comme d’habitude pour ne rien dire. Mis à part les sempiternels « maman bobo » et « y’aca et faucon ».
    Svecan lance un pavé dans la mare en osant dire qu’ à trop crier au loup,  » l’alerte se perd dans un bruit de fond ». Le sceptique enchaîne en parlant de « la banalisation de la catastrophe et du danger comme lot quotidien » et il précise que cette banalisation produit du non-sens. Tout ça est vrai et aurait mérité d’être approfondi. Mais non, c’est bien le non-sens qui l’emporte, la suite des commentaires en réponse à ces 2 « malotrus » en témoigne, et je trouve ça dommage.
    Finalement les commentaires restent très superficiels, on n’ose pas aller très profond, probablement de peur de rencontrer des choses pas très jolies jolies. Comme le sceptique, je soupçonne Le Monde de rouler pour le lobby des anti-dépresseurs 🙂

  5. Si j’ai bien compris, ce problème n’est pas si insoluble que ça étant donné que dans peu de temps tous ces déchets devraient finir par se dissoudre dans l’eau.
    Ce qui est intéressant et même amusant, c’est d’analyser la tournure que prennent ces 71 commentaires sur Le Monde.fr.
    La ressemblance étant si forte on ne peut éviter de parler de l’enfouissement des déchets nucléaires, alors on en parle, mais comme d’habitude pour ne rien dire. Mis à part les sempiternels « maman bobo » et « y’aca et faucon ».
    Svecan lance un pavé dans la mare en osant dire qu’ à trop crier au loup,  » l’alerte se perd dans un bruit de fond ». Le sceptique enchaîne en parlant de « la banalisation de la catastrophe et du danger comme lot quotidien » et il précise que cette banalisation produit du non-sens. Tout ça est vrai et aurait mérité d’être approfondi. Mais non, c’est bien le non-sens qui l’emporte, la suite des commentaires en réponse à ces 2 « malotrus » en témoigne, et je trouve ça dommage.
    Finalement les commentaires restent très superficiels, on n’ose pas aller très profond, probablement de peur de rencontrer des choses pas très jolies jolies. Comme le sceptique, je soupçonne Le Monde de rouler pour le lobby des anti-dépresseurs 🙂

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