Suicide mode d’emploi, voici les nouvelles recettes

– Avaler un antivomitif, attendre vingt à trente minutes qu’il agisse, ingérer ensuite un mélange de comprimés broyés et de jus de pomme. Cinquante minutes plus tard, prises de quelques gouttes de diazépam et décès dans l’heure.

– La potion miracle, c’est le pentobarbital de sodium. Il suffit d’en ingérer quelques grammes, mélangés à un verre de jus de pomme, pour s’endormir dans les deux minutes et mourir dans la demi-heure.

– Le lieu idéal, c’est la Suisse. Il suffit d’envoyer un dosser médical à l’association suisse Dignitas, rencontrer un médecin par deux fois pour que ce dernier s’assure da la volonté de mourir (procédure de suicide assisté), boire une première potion qui prépare l’estomac à recevoir trente minutes plus tard le pentobarbital de sodium.

                Nous n’inventons rien, c’est écrit dans LE MONDE du 2 juillet 2013, « J’ai aidé ma mère à mourir ». Rappelons qu’en 1987, le parlement français avait voté un texte spécifique réprimant la « provocation au suicide » et « la propagande ou la publicité en faveur de produits, d’objets ou de méthodes préconisées comme moyen de se donner la mort ». Il s’agissait en  fait d’interdire le livre « Suicide, mode d’emploi ». Mais comme aucune loi ne peut empêcher de se donner la mort, pourquoi la société ne donnerait-elle pas à l’individu les moyens de sa liberté ? Où placer une dignité humaine indéfinissable ? Une maladie incurable ne peut-t-elle donner le droit au suicide assisté ? Enfin, si on se place du point de vue de la Biosphère, toute mort consentie n’est-elle pas une délivrance partielle sur une planète ravagée par le poids des humains ? Quand le fait de se donner la mort paraît la seule issue possible, pourquoi ne pas l’accepter socialement… en toute liberté individuelle…

Rappelons les propos de Ludwig A. Minelli, fondateur de Dignitas, association suisse d’aide au suicide (LeMonde du 25-26.05.2008) : « En Suisse, on peut aider quelqu’un à se suicider tant que l’on n’est pas mû par un « mobile égoïste ». Or j’ai toujours estimé que la mort volontaire assistée était un droit universel. Dans nos sociétés, une personne suicidaire ne peut pas s’adresser à quelqu’un d’autre sans craindre d’être mise dans un hôpital psychiatrique. Nous, nous discutons, d’abord en cherchant des solutions en faveur de la vie. Si l’on arrive à la conclusion que le suicide est la seule possibilité, il se produit alors un phénomène étrange. Sur cent personnes qui reçoivent notre feu vert provisoire, à savoir qu’un médecin suisse s’est dit prêt à leur prescrire du Pentothal après consultation de leur dossier, seulement 12 % réalisent leur souhait de mourir. Quand ils savent que la porte de secours existe, les individus se sentent plus tranquilles, ils ont moins peur. Il y a une grande différence entre un suicide ordinaire et une mort volontaire assistée. Dans le premier cas, le suicidaire ne parle à personne, et sa mort, brutale, est très dure pour son entourage. A Dignitas, nous conseillons à nos adhérents de discuter avec leur famille. Ils peuvent ainsi se dire adieu, et la phase de deuil se passe en général mieux. Pourtant beaucoup de personnes condamnent le suicide assisté. Ce n’est qu’une question de pouvoir. Certains milieux ne peuvent pas accepter qu’un individu ait la faculté de décider de sa propre mort. Les médecins ne l’acceptent pas, car cela va contre leur pouvoir sur les patients. Le suicide assisté va aussi contre les intérêts de l’industrie pharmaceutique, des Eglises et des responsables politiques. »

5 réflexions sur “Suicide mode d’emploi, voici les nouvelles recettes”

  1. Bonjour,
    Je vous remercie pour l’adresse du site. Je les appelle. J’espère qu’ils pourront comprendre et m’aider;
    encore merci

  2. Bonjour,
    j’envisage de mettre fin à ma vie. C’est un choix longuement réfléchi. Je ne trouve aucun intérêt à continuer cette vie médiocre, sans perspective d’avenir. J’ai trop attendu ce « demain » où tout aurait dû s’arranger. Je décroche.
    J’ai des somnifères, Imovane, stilnox, et quelques autres médicaments que je peux y mélanger. En broyant le tout, le résultat est il sûr ?
    Je précise que je peux rester seule pendant 3 jours, en étant sûre de ne pas être dérangée. Pour une fois que la solitude peut m’être bénéfique…
    Ai-je des chances de réussir ? Je ne veux pas me réveiller handicapée moralement ou physiquement.
    Merci aux créateurs de ce site où l’on peut parler du suicide en toute liberté. C’est sujet tabou et je n’ai encore trouvé personne à qui en parler vraiment. Ce mot fait peur. J’ai bien essayé d’en parler, mais à part me répondre que je suis lâche, que ça va s’arranger, je n’ai trouvé aucune aide, aucune écoute.
    Merci de votre aide.

  3. « Vous savez que c’est vers votre mort que vous allez aujourd’hui ?
    – Oui.
    – Réfléchissez bien. Encore quelques minutes et je vous donnerai la potion.
    – La potion magique…
    – Buvez maintenant. Je vous dis bon voyage, Micheline. Adieu, Micheline. »
    Ce dialogue clôt le documentaire Exit, le droit de mourir qui est diffusé sur les écrans suisses. Tantôt brûlant d’humanité, tantôt glaçant, ce film de 75 minutes plonge dans le quotidien des accompagnateurs de la section romande de l’association Exit : des bénévoles aident des malades incurables à se donner la mort. La Suisse est en effet devenue le seul pays au monde où des non-médecins peuvent pratiquer l’assistance au suicide. L’article 115 du code pénal stipule en effet qu’aider quelqu’un à mourir n’est punissable que si cette démarche obéit à des motifs égoïstes.
    (notre carnet de notes au 1er décembre 2005)

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