Supprimer le quotient familial, une très bonne idée !

La proposition d’un député LRM, Guillaume Chiche, de supprimer le quotient familial avec en contrepartie le versement d’allocations à toutes les familles dès le premier enfant, a provoqué un tollé dans les rangs de l’opposition le 20 mars 2018*. L’idée, qui n’est pas nouvelle, figure dans un projet de rapport d’une mission d’information parlementaire sur la politique familiale, commandé par le gouvernement. La somme totale dédiée aux familles resterait inchangée, les 12 milliards d’euros consacrés au quotient familial s’additionnant aux 12 milliards actuels des allocations familiales pour le versement de la nouvelle aide. Les natalistes montent au créneau. Le chef de file des députés de droite, Christian Jacob : « La politique familiale a été mise à mal sous le précédent quinquennat, ça s’est traduit par une baisse de la natalité ». Une fin du quotient serait le « dernier acte de la politique d’abandon des familles », a tweeté la présidente du Front national, Marine Le Pen. Les députés communistes restent favorables au quotient qui serait « un des critères d’équité sociale ». Le candidat Emmanuel Macron s’était prononcé pour une augmentation du quotient familial car « raboter à la fois les allocations et le quotient a été un problème ».

Le débat n’est pas nouveau. François Hollande avait souhaité en 2012 remplacer le quotient familial – qui offre un avantage fiscal croissant en fonction du nombre d’enfants et du niveau de revenu – par un crédit d’impôt. Pourquoi un enfant de cadres imposés à 30 ou 40 % devrait-il faire économiser plus qu’un enfant de smicard dans les basses tranches de l’Impôt sur le Revenu ? « Abroger le quotient familial aurait des conséquences absolument dramatiques pour la politique familiale de la France », avait risqué Sarkozy. Christian Jacob, alors président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, défendait déjà un système « qui a permis à la France d’avoir le meilleur taux de natalité en Europe ». C’est faire preuve d’une méconnaissance totale des réalités biophysiques. L’empreinte écologique des français est telle que nous ne pouvons pas généraliser notre mode de vie et multiplier nos enfants. Que nos citoyens comprennent enfin que n’avons pas trois ou quatre planètes à notre disposition ! Il faut donc construire à la fois une décroissance économique par la limitation de nos besoins et une décroissance démographique. Une politique familiale idéale en démocratie serait… une absence totale de politique familiale. Neutralité absolue de l’État par rapport aux choix de vie des citoyens. Ce qui n’empêcherait pas que l’État se donne pour objectif de garantir un niveau de vie décent à tous les enfants. Mais ça, ça s’appelle « politique de lutte contre la pauvreté », pas « politique familiale ». On peut même aller plus loin.

Dans l’éducation nationale, il serait mis en place une éducation à être ou non futurs parents. L’éducation sexuelle ne serait pas limitée à la présentation des moyens de contraception, mais à la responsabilité des couples par rapport aux limites de la planète. Face à une crise systémique, écologique et financière, il nous faut une éducation  systémique. Un permis de procréer serait une bonne chose dans une société où on demande déjà des diplômes pour tout et n’importe quoi. Est-il un secteur de la vie humaine où il importe davantage d’avoir affaire à des personnes irréprochables que dans celui de la mise au monde d’un bébé supplémentaire ? Il ne semble pas acceptable que des individus deviennent parents sans posséder un bagage approchant celui d’un bon connaisseur de la psychologie infantile. Notons qu’il existe déjà pour les candidats à l’adoption une très officielle « Procédure d’Agrément ». Le législateur exige en France de « s’assurer que ceux et celles qui désirent adopter offrent les capacités familiales, éducatives et psychologiques nécessaires à l’accueil d’un enfant déjà né ». Pourquoi pas la même chose pour le désir d’enfanter ?

* Le Monde.fr avec AFP | 20 mars 2018

3 réflexions sur “Supprimer le quotient familial, une très bonne idée !”

  1. Puisque la «preuve d’une méconnaissance totale des réalités biophysiques» ne se trouve que sur la position vis à vis du problème démographique, et pas ailleurs, chaque fois qu’on aborde ce sacro-saint sujet on chausse sa plus belle paire de lunettes binaires et on commence par faire 2 familles, les POUR et les CONTRE. Les natalistes d’un côté et les antinatalistes de l’autre, ce qui simplifie toujours les choses. Oui mais… euh… et les ni-ni dans tout ça, et les abstentionnistes, et les agnostiques… ? On ne discute pas ! Choisis ton camp camarade !
    – « Une politique familiale idéale en démocratie serait… une absence totale de politique familiale.»
    Dans cette démocratie idéale, plus question que l’Etat mette de l’argent dans les garderies et les crèches, finies les déductions des frais de garde du bambin ou de la pension alimentaire en cas de divorce. Maintenant ceux qui voudront des enfants devront les assumer, ils devront payer !
    Dans cette démocratie idéale, pour faire des enfants ce sera comme pour conduire ou chasser, il faudra avoir son permis. Et tous ses points bien sûr. Nous verrons plus tard les détails, le contenu des programmes de ces écoles de procréation, le coût de ce nouveau permis, qui va payer, le nombre de points attribués au jeune procréateur pour débuter, etc. etc. Là aussi les débats à l’Assemblée promettent d’être longs et houleux, mais plus c’est long plus c’est bon ! Dans une démocratie idéale c’est forcément le Citoyen qui décide… alors bien sûr à la fin il faudra voter. Et là aussi notre citoyen devra avoir tous ses points sur son permis de voter.

  2. Pourquoi ne pas limiter le quotient familial et les allocations familiales voire tous les avantages (sociaux) liés à la taille de la famille , à 2 enfants maximum maximorum ? Objectif malthusien à atteindre , votre honneur !! De plus , pourquoi ne pas fixer dans la constitution le chiffre de population optimal pour le frankistan ( à mon avis , de 15 à 20 millions ) et l’ interdiction de trop procréer (avis aux lapinistes)?
    La forte réduction de l’ espace vital individuel dû aux pondeurs et pondeuses patentés est une des pire atteintes à la liberté qui soit !

  3. Rectification : pas un permis de procréer, un permis d’être parent légal.

    On ne peut pas interdire les gens le simple fait de copuler et d’être parents biologiques. Néanmoins, que les parents biologiques ne soient pas automatiquement les responsables légaux et donc que des tests soient requis ne me choque pas en soi.

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