Aucune conférence internationale n’arrivera à solutionner quelque problème que ce soit. A Nagoya, la dixième conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB, 193 pays) ne fera pas exception à la règle. Que LeMonde (19 octobre 2010) consacre une page à la disparition des espèces n’y changera rien ! Une conférence internationale est par définition une rencontre entre nations : chacun défend les intérêts de son pays, pas l’intérêt commun. En 2002, on s’était engagé à freiner la disparition accélérée des espèces d’ici à 2010, aucun pays n’a respecté cet objectif. Les scientifiques démontrent qu’il n’y aura pas de planète de rechange, pourtant rien ne change. Le Parti socialiste français souhaite dans un communiqué de presse que « ces débats aboutissent à l’adoption d’objectifs internationaux ambitieux en faveur de la diversité biologique pour les horizons 2020 et 2050 ». Pas difficile de s’exprimer ainsi pour que rien ne change. Le WWF est présent à Nagoya pour suivre l’évolution du sommet au quotidien. La biodiversité continuera de se dégrader à un rythme inquiétant. La superficie et la qualité des habitats naturels continu à se dégrader presque partout. Le rythme auquel disparaissent les espèces est de 100 à 1000 fois plus rapide que ce qui s’est passé au cours des 500 derniers millions d’année.
Que la vie dans les forêts, les océans et les écosystèmes de notre planète constituent les fondements de notre société et de notre économie, au fond tout le monde s’en fout. La perte de biodiversité est encore une abstraction aux yeux des travailleurs. Il faudrait arrêter la déforestation, arrêter la destruction des écosystèmes, supprimer les subventions à la pêche industrielle, porter la superficie des espaces naturels protégés à 25 % (contre 13 % à l’heure actuelle), etc. Mais la perte de biodiversité est un avantage pour les industriels et les consommateurs. Tout le monde est donc complice, personne ne manifestera dans les rues pour protéger la richesse de la biodiversité.
la taxinomie ou art de la classification ne fait pas tout. Il faut aimer les différentes formes du vivant, leur nom viendra après…
Si les expressions « verdure », « biodiversité », « érosion de la biodiversité » n’étaient que les caches misère de notre inculture taxonomique ? Si des espèces ou communautés vivantes sont menacées de disparition, la première chose à faire pour les protéger est de les nommer. Encore faut-il que ce nom ait un sens commun.
Autre exemple de l’impuissance des conférences internationales :
Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, a estimé « improbable » que la communauté internationale parvienne à un accord global et contraignant lors du sommet sur le climat qui doit s’ouvrir le 29 novembre à Cancun.
(Le Monde du 21 octobre 2010)
« Les botanistes organisent (en 1955) au Muséum national d’histoire naturelle une exposition intitulée : L’homme contre la nature. Au moment même où certains songent à fertiliser le Sahara, il est important de constater que les humains transforment de plus en plus rapidement en désert le reste de la terre, ivre qu’ils sont de construire des villes, des routes et des aérodromes. L’ensemble des superficies ainsi couvertes et rendues improductives dépasse déjà 1 500 000 kilomètre carrés. Que n’avait pas supprimé l’homme ? Il avait déjà éliminé en cinquante ans (1905-1955) quarante espèces de mammifères et d’oiseaux de la surface de la Terre. Demandons-nous si, dans cette lutte de l’homme contre la Nature, destruction ne signifie pas en définitive autodestruction ».
Cet article est paru dans le journal « Le Monde » du 7 mai 1955. La situation de la biodiversité nous apparaît d’autant plus grave 55 ans plus tard.
Comme l’exprime de façon presque désespérée Hervé Kempf : « En fait, la résistance citoyenne est le meilleur moyen d’empêcher la destruction de l’environnement. En Aquitaine, l’autoroute Pau-Langon se construit faute d’opposition assez forte. En Inde, le projet minier Vedanta est rejeté grâce à la lutte des paysans et des indigènes.
La destruction de la nature n’est pas un problème économique, mais politique. »
(LeMonde du 20 octobre, Business & destruction)