Le problème de fond dans notre société de communication réside dans la difficulté pour le citoyen de se faire une opinion valide. Sur toute chose, il y a ceux qui disent noir et ceux qui disent blanc. Prenons un exemple parmi des milliers d’autres, la betterave. « Les néonicotinoïdes, le vrai-faux remède à la crise betteravière », titre LE MONDE. Approuvée par les députés début octobre 2020, la dérogation à l’interdiction de ces pesticides contestés doit être débattue par les sénateurs ce mardi 27 octobre. Le ping-pong verbal s’installe.
La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) s’est félicitée de l’adoption du projet de loi par les députés. Une victoire pour cet organisme, affilié au syndicat agricole FNSEA,
Le syndicat Confédération paysanne : « Réautoriser les néonicotinoïdes ne protégera pas les paysans, ce texte est au service d’une filière agro-industrielle qui va poursuivre la pression aux rendements et aux prix bas ».
Sophie Primas (Sénatrice Les Républicains) : L’épidémie de jaunisse qui touche les betteraves, principalement au sud de l’Ile-de-France, entraîne des pertes moyennes de rendement sur les parcelles touchées comprises entre 40 % et 50 %. Une telle diminution de l’offre aura aussi de dangereuses conséquences. Elle n’entraînera évidemment pas une baisse de la demande en sucre : par conséquent, il sera importé. Or non seulement le bilan carbone d’un tel transport n’est plus à démontrer, mais en outre le sucre importé proviendra de semences enrobées de néonicotinoïdes, autorisés à l’étranger.
Claude Henry (Professeur à l’Ecole polytechnique) : Il s’agit donc de sauver une filière qui produit, plutôt médiocrement, un aliment dont notre consommation excessive, celle des enfants en particulier, est un problème sérieux de santé publique.
Sophie Primas : L’unique traitement efficace pour contrer la propagation de ce virus est à base de néonicotinoïdes.
Claude Henry : Le recours aux néonicotinoïdes est une manifestation extrême de la dérive d’une forme d’agriculture qui a substitué la chimie à la fertilité des sols, à l’alliance avec la biodiversité et à la variété des compétences des agriculteurs.
Sophie Primas : Le temps des Tweets n’est ni le temps de la recherche ni celui des saisons que la nature ordonne : contre l’écologie de l’injonction, privilégions l’écologie de l’innovation.
Claude Henry : Les avancées scientifiques et techniques ont été prodigieuses depuis Galilée (1564-1642). Cela a radicalement changé les conditions de vie, au moins dans les pays riches. Cependant, c’est aussi le facteur principal dans la destruction du capital naturel que la planète nous offre et sans lequel nous ne pouvons pas survivre.
Sophie Primas : Le débat oppose au contraire deux visions de l’écologie. D’un côté, celle de la défiance, manichéenne et simpliste, proposant interdiction sur interdiction. D’un autre côté, une écologie de la confiance, consciente de l’urgence et s’appuyant sur le terrain et le progrès pour trouver des alternatives vertes et efficaces .
Claude Lévi-Strauss : Une civilisation proliférante et surexcitée trouble à jamais le silence des mers. Cette civilisation occidentale n’a pas réussi à créer des merveilles sans contre-parties négatives. Ce que d’abord vous nous montrez, voyages, c’est notre ordure lancée au visage de l’humanité. L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.(Tristes Tropiques, 1955)
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
4 septembre 2018, Néonicotinoïdes, une victoire posthume de Nicolas Hulot
6 juin 2018, Le biocontrôle, une alternatives aux pesticides ?
4 mars 2018, Néocotinoïdes, le gourdin d’une agriculture chimique
7 juillet 2017, Les dégâts prouvés des néonicotinoïdes sur les abeilles
– « Sur toute chose, il y a ceux qui disent noir et ceux qui disent blanc. Prenons un exemple parmi des milliers d’autres, la betterave.»
Oui la betterave, pourquoi pas. On aurait pu prendre le glyphosate, les ondes électromagnétiques, la chloroquine etc. etc. Je l’ai dit mille fois nous vivons une époque formidable, en ce sens qu’aujourd’hui chacun peut croire ce qu’il veut, tout et n’importe quoi. Pour ça nous avons les me(r)dias, l’internet, des tonnes de bouquins, d’articles etc. etc. et toujours plus, c’est formidable !
– «Le problème de fond dans notre société de communication réside dans la difficulté pour le citoyen de se faire une opinion valide».
Le problème ici c’est que le citoyen est une espèce en voie d’extinction, qu’il a été détrôné par le con sot mateur. Le problème c’est qu’aujourd’hui l’opinion d’un expert vaut celle d’un andouille, que toutes les opinions se valent, comme se valent les voix à la farce électorale. Le problème c’est que l’esprit critique n’est pas véritablement enseigné et que de toute façon réfléchir fait mal à la tête. Le problème c’est que nous sommes devenus particulièrement fainéants et que nous sommes très très fatigués.