Inhumation, incinération ou humusation ?

Francis Busigny : L’humusation consiste à reproduire avec le corps humains ce qui se passe dans la nature où les matières naturelles sont transformées en humus grâce à la microfaune du sol. Il suffit d’ensevelir le défunt vêtu d’un simple linceul biodégradable directement sur le sol au milieu d’une butte de trois mètres cubes de terreau végétal gorgé d’eau. Le tout devient en douze mois 1,5 mètres cubes d’humus environ. Ce compost humain pourra fertiliser les arbres et régénérer les sols pauvres.e qui n’est absolument pas le cas pour enterrement et l’incération qui s’avèrent extrêmement polluants et privent à jamais les couches superficielles des sols des restes de ce qu’lles ont créé! Une inhumation équivaut en moyenne à 11 % des émission de gaz à effet de serre d’un Français sur une année, soit 4000 kilomètres en voiture transportant une personne. La crémation représenti de son côté 3 % des émissions. Dans le contexte actuel du déréglement climatique, légaliser l’humusation devient une urgence écologique. (La fin d’un tabou ? in Kaizen p.65, mars-avril 2020)

Pascaline Thiollère : L’inhumation empoisonne les sols de nos cimetières. La conservation des cadavres produit énormément de polluants, entre autres ceux utilisés par la thanatopraxie comme le formol. L’ide de l’humusation renvoie un message fort. On y trouve l’idée du cycle de vie qui traverse toutes les croyances, une sorte d’animisme contemporain, comme un retour à la simplicité associée préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Elle règle également la question du manque d’espace dans les cimetières ainsi que celle du bilan énergétique en comparaison avec la crémation. L’humusation est légale dans l’État de Washington depuis mai 2019. En France la réflexion n’est spa aboutie et le lobbying de la marbrerie reste fort. (HUMUSATION in Kaizen p.64, mars-avril 2020)

Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere (extraits) :

11 novembre 2019, Transformer notre corps en humus, le pied

Je ne suis que poussière et j’y retournerai (la bible). En termes écolo, mieux vaut après notre mort se transformer en bon humus pour perpétuer le cycle de la vie. L’État de Washington a adopté un texte permettant de transformer le corps de défunts en compost. Sur le site Humusation.org, la fondation Métamorphose pour mourir… décrit ainsi le processus d’humusation… 

9 juillet 2019, écolo pour l’éternité… au cimetière

Dès septembre 2019 à Paris, un premier espace funéraire écologique sera créé dans le cimetière d’Ivry. Objectif officiel : mettre en place « un lieu de recueillement et d’inhumation respectueux de l’environnement », afin de répondre aux demandes de plus en plus nombreuses de « funérailles écologiques ». Sur 1 560 mètres carrés, on n’accueillera que des cercueils en carton, ou en bois local et les inhumations « auront lieu en pleine terre ». Pas de monument en surface, surtout pas de caveau en béton…

27 octobre 2014, Tout écologique, même au moment de notre enterrement

L’empreinte écologique de nos obsèques. La crémation génère 160 kg de CO2 contre 39 kg pour une inhumation. L’aquamation consiste à plonger la dépouille mortelle dans une eau alcaline pour dissoudre les tissus et ne conserver que les os a posteriori mis en poussière. Avec la promession, où on plonge le corps du défunt dans l’azote liquide pour le rendre friable, le tout sans émission de CO2 ni émanation de produit toxique…

26 décembre 2011, Mon testament écolo

Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances.  Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux mourir. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement. Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

2 novembre 2011, fête des morts ; où les enterrer ?

Aux USA, vogue des green burials (enterrements verts). L’augmentation fulgurante du chômage a généré le retour à une pratique ancienne : l’enterrement dans le jardin ou, au minimum, le traitement familial intégral des gestes et cérémonies consécutives à un décès. Dans le jardin ? Oui, aux Etats-Unis, c’est permis la plupart du temps en zone rurale ou semi-rurale. En France il est aussi possible de se faire enterrer dans une propriété privée, à condition qu’elle se trouve en dehors d’une zone urbaine et à plus de 35 mètres des autres habitations. Il faut au préalable une enquête hydrogéologique ainsi que l’autorisation du préfet de département…

7 novembre 2008, sépulture propre et verte

En France la loi de 1887 instituait la liberté de choix des funérailles, enterrement civil ou religieux, inhumation ou crémation. Depuis 1948 au Japon, la crémation est obligatoire en zone urbaine pour ne pas laisser l’espace de plus en plus rare envahi par les cimetières. De son côté le pouvoir chinois s’emploie à empêcher les sépultures en pleine terre dans les campagnes : dans un pays habité par le cinquième de la population mondiale, mais où 7 % seulement des terres sont arables, l’éparpillement des tombes pose en effet un problème d’occupation des sols…

6 réflexions sur “Inhumation, incinération ou humusation ?”

  1. Bricolo écolo

    Bonne idée sauf que vos feuilles de bananier vont venir de loin, en avion peut-être. Mieux vaut une matière première locale. Les créations à partir de palettes de récupération sont plus écologiques, elles sont également à la mode et de plus très économiques.

  2. Un rappel : En France, le choix de sépulture est limité à la crémation ou l’inhumation. Toutes les autres alternatives écologiques, en vigueur dans plusieurs pays étrangers, sont interdites. Telle que la promession, une technique inventée en Suède qui consiste à plonger le corps d’une personne dans de l’azote liquide. Le corps refroidi et devenu friable se transforme alors en poudre pouvant fertiliser les sols.
    Ou encore l’humusation, un procédé de transformation du cadavre en compost, à l’aide de micro-organismes. Un retour à la terre au sens littéral, autorisé dans l’Etat de Washington (Etats-Unis) et expérimenté en Belgique.

    1. Pour un enterrement écolo, il existe donc peu d’alternatives. Et le cercueil est obligatoire. Jusqu’en 2008, seuls ceux en bois étaient autorisés. Aujourd’hui, il est aussi possible d’en choisir un en carton « pour une crémation et, selon les cimetières, pour une inhumation », précise Philippe Meyralbe, de la start-up de pompes funèbres en ligne Advitam, qui propose des funérailles écologiques. Fabriqués à base de carton recyclé et de colle naturelle de maïs et de pomme de terre, ils ont l’avantage d’être non seulement moins polluants mais aussi moins chers et plus légers. Il en existe pour tous les goûts, du plus simple en Kraft, en passant par des imprimés floraux ou animaliers.
      Quelques bémols : depuis 2016, tous les crématoriums ont l’obligation d’accepter les cercueils en carton répondant à des normes strictes. Mais certains rechignent encore à le faire.

      1. C’est bien ce que je dis, de la naissance à la mort le Business s’est emparé de tout, c’est formidable. En attendant, c’est décidé, je me lance dans le Business des funérailles écolos, au moins on ne pourra plus me dire que je ne fais rien. C’est un marché porteur, c’est à la mode, il y a de la demande, hi-han ! Je vais donc moi aussi lancer ma petite entreprise, euh pardon ma start-up. Le carton ça fait pauvre, le bambou c’est plus chic. Le bambou est à la mode, c’est écolo, on en met partout etc. Je pensais donc faire dans le cercueil en bambou, hélas le créneau est déjà pris. Du coup mon projet c’est le cercueil en feuilles de bananiers. Bonne idée, non ?

  3. C’est vrai qu’il faut y penser à ça aussi, surtout aujourd’hui, jour de la Toussaint. Surtout aujourd’hui où nous n’avons jamais eu autant de morts en devenir. Après avoir vécu comme des porcs, à la fin faisons au moins un bon geste pour la planète, faisons nous tous humusuniser.
    Tous transformés en bon terreau ! Qui servira ensuite à faire pousser de bonnes tomates bio. Adieu la Toussaint, qui de toute façon n’est plus que la fête que des marchands de chrysanthèmes. Ainsi toute l’année, en mangeant des tomates on aura une petite pensée pour nos morts. Ou pas.
    Encore mieux, faisons comme les Parsis, offrons nos chers défunts aux vautours. Mais à de vrais vautours, de vrais charognards, pas à de vulgaires marchands de tomates et de salades. En attendant, je vais de ce pas rédiger mon testament. 🙂

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