Un milliard d’hectares, ça fait 10 millions de km2. Ça correspond à un carré d’un peu plus de 3000 kilomètres de côté. A l’occasion du lancement de la décennie pour la restauration des écosystèmes (2021-2030), les Nations unies appellent à restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées. Les écosystèmes, indispensables pour assurer la sécurité alimentaire, ont été massivement touchés par notre surexploitation des ressources. Une étude récente estime par exemple que seuls 3 % de la surface terrestre sont « écologiquement intacts ». Environ 80 % des terres arables sont affectées d’une façon ou d’une autre – par la sécheresse, le déclin de la végétation, la salinisation des sols… –, ce qui pourrait entraîner une baisse de la productivité du système alimentaire mondial de 12 % d’ici à 2040. Depuis 1990, plus de 65 % des zones humides ont disparu et aujourd’hui, 66 % des écosystèmes marins sont dégradés ou modifiés. Aucun des objectifs internationaux de protection de la nature adoptés en 2010 au Japon n’a été atteint dix ans plus tard. Pour le consommateur, l’agriculteur ou la grande multinationale, le coût de cet usage des écosystèmes n’apparaît encore nulle part. Comment agir ?
Jean Autard : Toute récolte extrait du sol les réserves des principaux éléments minéraux : azote (nitrates), phosphore (phosphates), potassium, mais aussi magnésium, fer, sodium… qu’il est nécessaire de fournir en retour au sol sous peine de l’épuiser en quelques années. L’épuisement des sols a eu lieu de nombreuses fois dans l’histoire. Parmi les formes les plus poussées, on peut citer la désertification produite par la salinisation liée à l’agriculture irriguée du « croissant fertile » aujourd’hui désert stérile, plus récemment la Dust Bowl des années 1930 aux États-Unis. Depuis le début du XXe siècle, l’usage d’engrais minéraux fossile ou de synthèse (azote produit par le procédé Haber-Bosch à partir de gaz) est devenu indispensable au maintien de la fertilité de sols. Or, les mines de phosphore et de potassium s’épuisent, de même que les hydrocarbures nécessaire à l’azote. De plus, dans un monde en effondrement, il deviendrait difficile de soutenir les vastes infrastructures qui permettent leur approvisionnement mondial. Le problème du renouvellement de la fertilité est encore aggravé par la « rupture métabolique » : alors que dans les systèmes agricoles traditionnels les nutriments consommés étaient pour une grande part rejetés (sous forme d’excréments, de déchets de culture…) sur place, aujourd’hui ils sont massivement exportés vers des villes lointaines où ils sont perdus définitivement vers la mer ou pollués dans des boues d’épuration mélangées de pathogènes, de métaux lourds et de produits chimiques divers. La valorisation des résidus de culture (biocarburant, isolation, plastiques biosourcés) aggrave encore ce problème, car c’est autant de matière retirée à des sols qui s’épuisent.
Il sera nécessaire de « boucler la boucle » de nouveau. Il nous faudra bientôt récupérer à nouveau le crottin des chevaux. On peut noter que l’agriculture « low tech » hautement productive développée dans l’Europe du XIXe siècle offrait des rendements élevés qui auraient pu nourrir une population aux deux tiers non agricole sans recourir ni aux engrais de synthèse, ni à la motorisation, ni à la chimie. En effet, l’association d’un système de culture sans jachère avec stabulation et d’une traction animale dotée de machines agricoles permettait des rendements élevés. Par exemple, la faucheuse à barre de coupe horizontale mues par les roues lorsque le cheval la tracte.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
Les illusions de la productivité agricole
Pour calculer un indice statistique globalisé du rendement, il faut faire le rapport production/intrants : combien de calories ont été utilisées pour produire, combien de calories délivrent les champs cultivés. L’agriculture est normalement une illustration parfaite de l’échange constant entre matière et énergie. Basée sur l’assimilation chlorophyllienne, elle devrait donner plus qu’elle ne coûte puisqu’elle transforme l’énergie du soleil et les éléments de la terre. C’est ce qui a été fait pendant plusieurs millénaires, ce n’est plus le cas aujourd’hui de l’agriculture productiviste qui doit investir sous forme d’hydrocarbures deux fois plus d’énergie que ce qu’on récolte. Plus globalement, on peut montrer que l’énergie consommée par l’ensemble de la chaîne alimentaire, compte tenu du processus de transformation et de la distance parcourue par les produits agricoles, représente 10 fois l’énergie restituée sous forme de calories utilisées pour l’alimentation humaine. Et encore, nous n’avons pas développé sur la détérioration par l’agriculture productiviste des sols et du climat !
Il y a vingt solutions alternatives aux néonicotinoïdes pour lutter contre la jaunisse dans les cultures de betteraves selon un rapport de l’ANSES. Cinq de ces familles de méthodes de lutte ne font pas appel à des produits de synthèse (lutte culturale, lutte biologique à l’aide de micro ou macroorganismes, extraits de plantes, sélection variétale).
Générations Futures demande donc que les solutions non chimiques listées dans ce nouveau rapport de l’ANSES soient mises en œuvre dès la prochaine campagne betteravière afin de mettre un point final à l’utilisation d’insecticides hyper toxiques comme les néonicotinoïdes sur cette culture. (communiqué de presse du 3 juin 2021)
Et je pense que nous avons tout autant d’autres solutions de ce genre pour bien d’autres problèmes que la jaunisse des betteraves. Le bon sens voudrait donc qu’on arrête de suite l’utilisation de tout un tas de saloperies. Surtout lorsqu’en plus, ces saloperies servent à booster la production d’autres saloperies.
Pourquoi, par exemple, avons-nous besoin d’autant de betteraves ?
« 7 millions d’hectares dans le monde, surtout en Europe du Nord et aux États-Unis […] La France est le premier producteur mondial de sucre de betteraves. [etc.]» (Wikipedia)
Et autant de sucre : 16 kg par habitant en 1960 au niveau mondial. 25,5 kg en 2016.
Là encore on sait qui sont ceux qui consomment le plus de sucre, comme par hasard ce sont les plus gros.
Et autant de maïs etc. etc.
On en revient toujours au même problème, Business as usual !
Voir la vidéo sur Youtub = « Agriculture industrielle : produire à mort »
C’est clair que dès lors qu’on n’aura plus assez de pétrole (notamment que les anglais veulent garder jalousement avec leur brexit ainsi que la Norvège qui n’est jamais entré dans l’UE) et plus assez de phosphore, et ben en France on va être dans un sacré caca ! Après toutes les terres qu’ils ont stérilisé en industrialisant le secteur, ça va être très dur de remettre de l’humus sur nos sols, et encore plus compliqué de nourrir 67 millions de bouches… On n’aura même plus assez d’industrie pour acheter de la nourriture en contrepartie ailleurs, puisque ce sont l’Allemagne et la Pologne qui ont les dernières réserves importantes de charbon en Europe. L’agriculture était le pilier de l’économie française mais avec des terres mortes ?
À des gamins qui rêvaient de devenir pilotes de lignes, il m’est arrivé de leur conseiller plutôt le métier de maréchal-ferrant. Et à ceux qui rêvent de bagnoles électriques, d’avions solaires et de Cosmogol, je leur dis souvent que l’avenir est à la traction animale. À la marine à voile et à la galère et en même temps. Et bien sûr ça les fait rire, quel que soit leur âge. Tout connement parce qu’ils n’y peuvent pas y croire, parce qu’il n’y a que des vieux cons comme moi qui peuvent penser ça.
Quand il n’y a aura plus de pétrole nous aurons des tonnes et des tonnes de bon crottin, nous pourrons enfin redonner vie aux champs. Quand les petits-bourgeois auront rempli de terre leur piscine individuelle, et que les cabanes au fond du jardin refleuriront, ils auront là de quoi faire pousser de beaux légumes pour pas cher.