La loi impose dorénavant qu’aucune naissance ne soit autorisée tant qu’un décès ne soit dûment constaté. Prenons cette hypothèse pour tenter d’en voir toutes les conséquences possibles… Un petit conte de fiction, qui conduit à de curieuses réflexions sociologiques.
Vu la surpopulation mondiale, il devenait évident qu’il fallait mettre un terme à l’envolée de la courbe démographique et stopper dans le monde entier cette croissance exponentielle que plus aucune terre arable n’arrivait à nourrir, ni aucun fleuve à désaltérer. Les continents se desséchaient à vue d’œil. Faute de forêts, 70% de l’eau vient de l’évaporation terrestre, les pluies devenaient rares. De plus en plus de fleuves n’arrivaient plus à la mer, augmentant ainsi la nécessité de pompages des nappes phréatiques toujours moins généreuses. Même les nappes accumulées géologiquement depuis des millénaires s’épuisaient à arroser de quoi nourrir une masse humaine envahissante. Les océans étaient vidés de leurs poissons, les cieux étaient silencieux car les oiseaux avaient quasiment disparus à coup d’insecticides. La masse biologique de l’espèce humaine entrait en concurrence avec toutes les autres formes de vie, finissait par absorber toutes les ressources de la planète au détriment de la diversité des espèces. Seuls survivent des charognards grâce à nos ordures. Une solution d’urgence pour une ère nouvelle ! Cette loi « un décès = une naissance » apparut enfin nécessaire aux instances internationales.
Les résistances furent grandes. Les religions natalistes firent un pacte sacré entre elles, mais que peuvent les forces de la foi face au forces de la logique terrestre ? Des naissances organisées en cachette, favorisées par des réseaux mafieux, ont aussi compliqué l’application de la loi. Mais les enfants illégaux une fois identifiés se voyaient obligés de se retourner juridiquement contre leurs parents pour avoir le droit de vivre normalement. Hors de l’existence légale, difficile en effet de vivre décemment dans une société super-contrôlée et totalitaire. Et la principale punition juridique appliquée pour beaucoup de délits est la stérilisation. La mesure qui provoqua le plus de colère fut l’avortement imposé aux gestations non autorisées. Les débats firent rage, mais finalement le dépistage des femmes enceintes devint permanent et systématique.
Le principe de la loi est simple mais la mise en œuvre a été complexe, la tentation aurait été grande de tuer l’ancêtre pour toucher à la fois l’héritage et s’offrir en prime le droit à un bébé. C’est pourquoi le droit à procréer est accordé par tirage au sort. A chaque décès enregistré, une naissance est accordée par choix aléatoire entre tous ceux qui en ont fait la demande. Une nouvelle tradition est même apparue chez les gagnants qui fêtent « l’anniversaire de l’an zéro » quand ils reçoivent leur droit au nouveau né. La volonté de procréer librement est maintenant perçue comme une attitude de l’ancien temps, la norme d’une stabilisation volontaire de la population mondiale est bien intégrée par la population. L’acharnement thérapeutique et les soins palliatifs disparaissent car le droit de mourir dans la dignité est devenu la norme. Laisser se transmettre une imperfection génétique est quasi-impossible, les tests avant la naissance sont obligatoires. L’idée de sélection naturelle est acceptée, les pratiques de vaccination deviennent obsolètes, le suicide est vu socialement comme un acte de générosité permettant à autrui d’enfanter.
La civilisation avait enfin fait un grand pas en avant, devenant adulte, responsable et malthusienne. L’expansion numérique d’une espèce se heurte forcément à la finitude du milieu qui la fait vivre, les envies personnelles d’enfanter ne sont que des attitudes d’individus immatures. C’est par humanisme, pour la survie de l’humanité, que cette loi est advenue.
Alain Persat
Conseil de lecture : « Arrêtons de faire des gosses (comment la surpopulation nous mène à notre ruine) » de Michel Sourrouille aux éditions Kiwi (collection lanceurs d’alerte)
Par simple curiosité j’ai cherché à en savoir un peu plus sur l’auteur de cette petite fiction. J’ai trouvé un Alain Persat, «animateur et conférencier en constante recherche d’idées nouvelles pour résoudre les problèmes qui se posent à notre monde, créés ou aggravés par la main mise d’une pensée unique économique. »
(Taper : «Alain Persat aux premières rencontres Deconnomiques d’Aix en Provence août 2012. »)
Cette vidéo (Youtube) dure 48 min. Je ne dirais pas que les idées qu’il présente là sont nouvelles, mais l’ensemble est toutefois intéressant. Pour lui on déconne de tous les côtés, et bien sûr je suis d’accord avec lui.
Maintenant je ne sais pas si c’est le même Alain Persat qui a écrit cette petite fiction. Dans ce cas mon scepticisme reste entier. Déconne t-il sérieusement, ou juste pour déconner ?
PS : « Les plus déconnants ne sont pas ceux que l’on croit, les plus déconneurs sont parfaitement connus. »
PS : Oh que oui ! Alors ça pour être connu, tu es connu !
Dis-moi BGA … as tu au moins écouté cet Alain Persat ?
Et qu’est-ce que t’en penses de ce petit conte de fiction, sensé nous conduire à de curieuses réflexions sociologiques ? Et de cette “LOI PARFAITE” ? Faut-il prendre tout ça au premier degré, ou faut-il mettre le nez rouge pour comprendre ?
Allez fais-moi plaisir BGA, sans déconner, joue avec moi, répond à mes questions. 🙂
Cette histoire illustre au mieux le risque que je dénonce depuis des années et dont l’association Démographie Responsable tente de faire prendre conscience la population et nos dirigeants.
Plus nous attendons pour prendre des mesures douces et incitatives pour limiter la fécondité, plus nous risquons demain de faire face à des mesures liberticides. Nous n’aurons plus le choix
Le droit à avoir des enfants sera d’autant plus menacé demain que nous ne faisons rien aujourd’hui. Ainsi, aussi curieux que cela paraisse ce sont les malthusiens qui sont sans doute les meilleurs garants de ce droit pour demain, l’humanisme est de leur côté.
Hélas, tant de gens préfèrent caricaturer les positions en faveur d’une certaine modestie démographique.
Les croissantistes ont toujours détesté le moment du relevé des pontes et ça depuis des siècles et des siècles d’histoire pour ne pas dire millénaires. Alors la croissance démographique et de consommation se sont toujours poursuivies jusqu’à aujourd’hui. Et si on regarde les seuls régulateurs historiques de la population et de la consommation, ça toujours été la trilogie guerre-épidémie-famine. Jamais la population n’a souhaité se réguler de manière organisée et volontaire, hormis un peu au 20 ème par les pilules/avortements en occident et l’imposition de l’enfant unique en Chine, et encore c’est vraiment récent ça ne concerne que la seconde moitié du 20 ème siècle et le début de ce 21ème. Mais ça ne reste que marginal sur l’ensemble de la population mondiale.
Si je vous comprends bien… Alain Persat nous peindrait là ce tableau juste pour nous laisser entrevoir ce qui nous pend au nez si nous ne faisons rien aujourd’hui. Il faudrait donc comprendre la conclusion de cette fiction au second voire au troisième degré (ce que je disais à 12:03) …
J’ai quand même du mal à le croire. Au contraire, j’ai tendance à croire que tout ça est bien du premier degré. Dans ce cas je maintiens que c’est grave.
Je ne vois pas en quoi ce point de vue (le mien) serait alors une caricature. («Hélas, tant de gens préfèrent caricaturer les positions en faveur d’une certaine modestie démographique. ») Je ne vois pas non plus ce que veux dire «une certaine modestie démographique. »
Les «mesures douces et incitatives pour limiter la fécondité » sont déjà utilisées depuis un moment. Nous en mesurons les effets, seulement nous en voyons aussi les limites. Je repose donc la question : que faire de plus et de mieux ?
Que faire de plus et de mieux ? Eh bien Michel C vous pouvez adhérer à Démographie Responsable pour participer à la réflexion sur ce que l’on pourrait faire et à la médiatisation de ces réflexions.
J’aime votre humour, mon cher Didier, j’espère que c’est réciproque. Prenons cette hypothèse pour tenter d’en voir toutes les conséquences possibles. Un petit conte de fiction, qui conduit à de curieuses réflexions comiques.
M’étant dit que de l’intérieur je pourrais enfin faire évoluer la Réflexion et par là même changer le monde (l’erreur est humaine), je me suis donc encarté chez Démographie Responsable. Imaginez moi à la tribune, en train de raconter que le «tabou» n’est qu’un mythe…. que le «surnombre» n’est pas LE mais UN problème parmi d’autres. Qu’il est par contre LE gros Problème des Malthusiens. Que le «combat» que mène cette assos a lui aussi ses limites. Qu’il permet surtout à ses membres de se conforter dans l’idée qu’ils agissent pour de vrai, dans le bon sens, par vrai humanisme et blablabla, qu’en fait ils ne peuvent accepter l’idée que la fête se termine, que les carottes sont cuites etc.
Et oui triste bilan de l’état de la planète Terre suite à la surpopulation conjuguée à une consommation de toute matière organique et inorganique ainsi que toute énergie de manière exponentielle. Les techno-scientistes ne sont pas en train de Terraformer la planète Mars comme ils le prétendent, ils sont en train de Marsaformer la planète Terre.
Non pas quand même, il ne faut pas non plus exagérer, il ne faut surtout pas croire que l’homme est capable de transformer la planète Terre en planète Mars. Cette idée est encore plus débile que tous les délires scientistes réunis.
Avec les avancées du désert sur tous les continents, en tout cas, ça y ressemble beaucoup à la Marsaformation de la planète Terre, alors qu’y a t il de débile là-dedans ? Surtout lorsqu’on nous annonce du réchauffement climatique qui risque d’accélérer les avancées des déserts ?
L’avancée des déserts, mais aussi la hausse du niveau de océans et le verdissement d’immenses zones aujourd’hui gelées et désertiques. Alors à moins que l’homme fasse disparaître toute cette eau de la surface de la Terre, je ne vois pas comment il pourrait la faire ressembler à Mars.
– « L’acharnement thérapeutique et les soins palliatifs disparaissent car le droit de mourir dans la dignité est devenu la norme.»
Dans ce monde là, le Ministère du Bonheur a bien sûr pris soin de redéfinir bon nombre de mots et d’arranger l’Histoire dans le sens qui va bien. La dignité a désormais une définition précise, simple et simpliste. Ainsi il n’est pas digne de discuter la Norme, encore moins les définitions officielles.
– « Laisser se transmettre une imperfection génétique est quasi-impossible, les tests avant la naissance sont obligatoires. »
Tests avant la naissance obligatoires, et aussi tout le long de sa vie, et dans tous les domaines. Il est quasiment impossible d’échapper à la Norme. L’eugénisme parfait ! Le Meilleur des Mondes !
(suite)
– « L’idée de sélection naturelle est acceptée, les pratiques de vaccination deviennent obsolètes, le suicide est vu socialement comme un acte de générosité permettant à autrui d’enfanter. »
La sélection naturelle a été elle aussi revisitée. Puisqu’elle cadre avec la Norme, elle ne peut être qu’acceptée. Une personne handicapée suite à un accident, un vieux de 60 ans, un chômeur et Jean Passe, font acte de générosité en permettant une nouvelle naissance.
Bref, du grand n’importe quoi ! En attendant, voilà où nous mène cette obsession si ce n’est cette hantise du «surnombre».
– « Prenons cette hypothèse pour tenter d’en voir toutes les conséquences possibles… Un petit conte de fiction, qui conduit à de curieuses réflexions sociologiques. »
Tout et n’importe quoi peut nous conduire à la réflexion, alors va pour ce petit conte de fiction. Dès les premières lignes certains mots maintes fois entendus («surpopulation ; envolée de la courbe ; exponentielle ; etc. »), ajoutés à la façon de préparer le terrain, m’obligent à m’interroger sur la finalité de l’exercice. À quoi bon jouer à ce petit jeu, à quoi bon tourner en rond, notamment quand on estime en avoir fait maintes fois le tour, qu’on n’est pas animé par ce curieux besoin de se faire peur, qu’on n’a besoin de ça pour maintenir son équilibre (avec ou sans «») etc. etc. Autrement dit, à quoi de bon pourraient me (et nous) conduire ces «curieuses réflexions sociologiques» ? Et là j’avoue que je suis très curieux de découvrir la suite.
(suite) : « La civilisation avait enfin fait un grand pas en avant, devenant adulte, responsable et malthusienne […] C’est par humanisme, pour la survie de l’humanité, que cette loi est advenue.»
Si le but de cette petite fiction et de ses «curieuses réflexions sociologiques» est de nous amener à penser cela, alors c’est grave. Cette conclusion est en effet curieuse, pour ne pas dire inquiétante, voire désespérante…
Maintenant je me demande s‘il faut lire ça au premier degré, ou alors au second si ce n’est au troisième. Dans ce monde imaginaire, l’avant n’est peut-être plus du même côté, le mot HUMANISME sert peut-être à désigner le contraire de ce qu’il est sensé désigner encore aujourd’hui… on peut en effet se poser des questions.
Ce que raconte ici Alain Persat fait de suite penser aux plus célèbres dystopies. Je préfèrerais toujours les originaux aux copies, simple affaire de goût, il n’y a donc pas à discuter.